Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Atlantique (océan) (suite)

Sur les immenses plates-formes bordant les détroits (bancs de Campeche, des Bahamas), le brassage des eaux offre des conditions propices au développement des organismes calcaires, comme les coraux, dont les débris jouent un rôle essentiel dans la morphosédimentologie des fonds marins. C’est dans ces parages que se développe une très active pêche des crustacés. Plus au large et particulièrement dans les secteurs d’upwelling (par exemple, devant le Venezuela), la pêche de la sardine et le chalutage de la crevette sont pratiqués. L’exploitation des ressources de la mer est très récente, car celles-ci furent ignorées des Espagnols, qui dominèrent ces eaux pendant plusieurs siècles. Les côtes basses, semées de lagunes au régime hydrologique calqué sur celui des pluies ou de marais originellement infestés de fièvres, étaient des milieux d’autant plus hostiles à l’occupation humaine que leurs abords étaient rendus instables par l’intensité de l’accumulation deltaïque et dangereux par les ravages périodiques des cyclones. Seuls d’actifs travaux de drainage et d’assainissement et l’instauration d’une grande politique d’accès portuaires ont permis le développement de l’économie. Les trois grands ports de pêche de Cameron, d’Empire (Louisiane) et de Pascagoula (Mississippi) sont alors devenus les tout premiers des États-Unis : depuis la Seconde Guerre mondiale, la valeur de leurs prises (surtout dans le golfe du Mexique) a décuplé, le total représentant plus du quart de la pêche aux États-Unis. Cet essor se manifeste dans la rivalité opposant Américains et Japonais, ces derniers ayant établi des bases de congélation à Porto Rico, à Haïti et à Cuba. Le pétrole, en partie puisé sur la plate-forme texane, raffiné en des usines géantes et exporté par des ports ultra-modernes (Mexique, Texas), demeure l’élément essentiel du commerce maritime régional.

• D. La région équatoriale. Elle correspond à la partie centrale de l’Atlantique, où se réalise la jonction des alizés, dont la convergence entraîne l’ascendance des masses d’air équatorial. Ces vents s’affrontent le long d’un front sinueux, parfois parcouru par des ondes venant de l’est ; mais, le plus souvent, ils aboutissent à des cellules de basses pressions (doldrums) où soufflent des vents d’ouest. Partout, les vents sont faibles, et, jadis, les voiliers pouvaient y rester immobilisés pendant des semaines.

L’originalité hydrologique de la région équatoriale est l’existence d’un contre-courant portant vers l’est et appelé dans sa partie terminale, près des côtes africaines, courant de Guinée. Parmi les interprétations couramment invoquées (en plus de l’existence des vents d’ouest), signalons la réflexion des courants équatoriaux contre les côtes américaines, la formation d’une surface isobarique en pente vers l’est par suite de l’accumulation de l’eau poussée par les alizés, la différence d’apport entre les deux hémisphères, engendrant un vide relatif sous l’effet du détournement des eaux australes vers le courant des Guyanes.

Ce courant zonal est encastré entre deux divergences situées sous les marges des courants nord- et sud-équatoriaux, et qui se signalent sur les coupes par la remontée de la thermocline et un abaissement de la température de surface. Sous la divergence sud-équatoriale, on a pu mettre en évidence l’existence d’un sous-courant dit « de Lomonossov », coulant vers l’est jusqu’à des profondeurs qui n’excèdent pas 150 m. Ce sous-courant est lent (entre 0,70 et 1,10 m/s) et sinueux (grands méandres au voisinage de l’équateur). Le contre-courant équatorial a donc l’aspect d’un front où se rencontrent les eaux montées dans les deux divergences. Sa vitesse varie entre 1 et 2 km/h, mais c’est au cours de l’été boréal qu’il est le plus rapide et le mieux individualisé ; il se situe alors entre 15° et 5° N., et principalement à l’est de 50° O. En hiver, déporté vers le sud (entre 7° et 3° N.), il est plus lent et surtout développé à l’est de 25° O.

La faiblesse de la salinité résulte de l’abondance des pluies et de la médiocrité de l’évaporation dans un air saturé et peu agité. Il est normal que les eaux dessalées connaissent leur plus grande extension au cours de la saison des pluies et des crues : c’est ce que l’on constate notamment devant les côtes africaines, où l’on peut suivre en mer le parcours des eaux sortant des grands fleuves comme le Congo (la salinité tombe alors à 20 p. 1 000 devant les côtes gabonaises). Pendant les saisons intermédiaires, plus fraîches, le léger accroissement de la salinité est partiellement en relation avec des remontées d’eau profonde au large du Gabon, de la Côte-d’Ivoire et du Ghāna.

Les produits nutritifs apportés par les divergences se rassemblent dans l’axe du contre-courant, porteur d’un abondant plancton. La richesse en poissons est traditionnellement exploitée par de petites collectivités de pêcheurs travaillant à bord de pirogues, comme les Fantis du Ghāna, qui vont pêcher la sardinelle en effectuant des campagnes lointaines, qui les amènent jusqu’au nord de la Sierra Leone ou au large de l’Angola. Plus récemment sont apparus dans le golfe de Guinée de grands navires-usines qui se livrent à la pêche du thon à partir des bases frigorifiques établies à Dakar, à Freetown, à Abidjan et à Pointe-Noire. De même, de grandes flottilles soviétiques viennent pour y pratiquer un actif chalutage. Chaque État riverain s’efforce, avec des fortunes diverses, de moderniser la pêche artisanale et de lancer de grands thoniers et chalutiers.


L’Atlantique tempéré

• A. Les régions subtropicales. Situées entre les latitudes 30° et 40° N. et S., elles assurent la transition entre les milieux tropicaux et tempérés, comme l’exprime l’alternance des masses d’air et des saisons. En été (boréal), dans la partie orientale, protégée par le centre de l’anticyclone des Açores, ne parviennent que des vents tièdes et peu humides, tandis que dans l’ouest pénètrent les influences pluvieuses tropicales. En hiver, les hautes pressions de l’est se retirent, se morcellent ou même disparaissent pour laisser le champ libre à une circulation atmosphérique méridienne accompagnée d’un renforcement des vents et d’un accroissement de la pluviosité, comme au large des côtes portugaises ; dans l’ouest se produit une reconstitution des hautes pressions dans le prolongement de celles de l’Amérique du Nord, par arrivée d’air polaire : les vents venant du nord apportent un air tiède et instable (passage sur le Gulf Stream) ainsi que des pluies abondantes, comme aux Bermudes. Dans l’hémisphère Sud, on constate une oscillation similaire de la dorsale de hautes pressions.