Préparation en général à base de composés métalliques ou organométalliques, soluble dans le liant, douée de propriétés catalytiques et qui, ajoutée en faible proportion aux huiles, vernis, peintures, enduits gras, etc., en accroît la siccativité propre.
Constitution chimique
Les siccatifs ont comme constituant actif un métal dont le support permet aux sels de ce métal d’être solubles dans les glycérides et solvants.
Les principaux métaux utilisés sont le plomb, le cobalt et le manganèse ; viennent ensuite le fer, le zinc et le calcium, beaucoup moins employés ; certains siccatifs spéciaux contiennent également du cérium, du chrome, du vanadium, du zirconium, du baryum, du magnésium, du nickel, etc.
Le support du métal est en général un acide organique salifié par le métal. Les acides les plus courants sont :
— les acides gras des huiles siccatives, acides linéaires à 18 atomes de carbone, comme les acides linoléique, stéarique, oléique et linolénique ;
— les acides résiniques dérivés de la colophane et formant les abiétates des métaux considérés ;
— les acides naphténiques, acides cycliques, principalement les acides dérivés du cyclopentane qui se rencontrent naturellement dans les pétroles bruts ;
— l’acide octoïque, d’emploi plus récent dans la préparation des siccatifs, les octoates étant obtenus par combinaison des métaux et de l’acide éthyl-2-hexanoïque, appelé couramment acide octoïque.
Fabrication
Les siccatifs sont préparés par deux méthodes principales, soit par voie sèche (siccatifs fondus), soit par voie humide (siccatifs précipités).
Préparation par voie sèche
Elle consiste à faire réagir les acides sur un composé approprié du métal : oxydes, hydroxydes, carbonates, acétates, en opérant dans un récipient pouvant être chauffé. Il se produit une réaction de salification ou de double décomposition, mais il est souvent impossible d’introduire la quantité théorique de métal du fait de l’infusibilité du corps préparé. Les siccatifs fondus se conservent mieux que les produits précipités.
Préparation par voie humide
Les siccatifs précipités sont obtenus par double décomposition, en milieu aqueux, d’un sel soluble de l’acide et d’un sel soluble du métal. Les acides sont utilisés sous forme de sels de sodium, qui sont ajoutés à un sel du métal dans une cuve munie d’un agitateur. Par suite de son oxydabilité, le siccatif précipité est mis immédiatement en solution, après lavage à l’eau, dans un solvant lourd. On peut également opérer dans un solvant pour aboutir directement à la solution du siccatif. On obtient des produits beaucoup plus purs qu’en opérant par fusion, avec des teneurs en métal plus élevées.
Mécanisme d’action
Les siccatifs sont classés en deux groupes suivant le mode de séchage auquel ils conduisent :
— les siccatifs de surface (Co, Mn), qui provoquent le séchage du feuil de la surface vers le fond, essentiellement par des réactions d’oxydation ;
— les siccatifs qui agissent dans la masse du feuil (Pb, Ce, Fe), lesquels provoquent le durcissement de celui-ci dans toute son épaisseur en opérant surtout par polymérisation.
Oxydation
L’oxydation des huiles siccatives sous l’action des siccatifs se fait par une suite de phases qui comportent d’abord la réduction de la période d’induction, c’est-à-dire la réduction du temps à partir duquel l’huile se combine avec une quantité mesurable d’oxygène, puis l’accélération de la combinaison avec l’oxygène, soit que les siccatifs agissent comme de véritables catalyseurs d’oxydation, soit qu’ils interviennent dans la réaction d’oxydation même comme porteurs d’oxygène, ou bien enfin qu’ils se combinent avec les doubles liaisons des huiles siccatives pour former de nouveaux composés plus sensibles à l’oxydation.
Polymérisation
Il est préférable, dans le séchage d’une huile siccative, d’obtenir des produits polymérisés plutôt que des composés oxydés dégradables par vieillissement. Les siccatifs interviennent dans la polymérisation des huiles en permettant la solidification du feuil pour une oxydation moins poussée, en réduisant la proportion maximale d’oxygène combiné ou encore en favorisant la formation de composés ayant un plus haut degré de polymérisation.
Les siccatifs risquent d’être inactivés par la présence de composés sulfurés dans les solvants, par l’action des composés antioxygène présents dans certaines huiles non raffinées ou par adsorption par les pigments.
G. G.
➙ Huiles siccatives / Peinture / Pigment industriel / Vernis.
Paint Technology Manuals, t. II : Solvents, Oils, Resins and Driers (Londres, 1934). / G. Champetier et H. Rabaté (sous la dir. de), Chimie des peintures, vernis et pigments (Dunod, 1956 ; 2 vol.). / P. Grandou et P. Pastour, Peintures et vernis, les constituants (Hermann, 1966).