Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Séville (suite)

Cependant, dans cette cité qui contrôle depuis le début du xvie s. le commerce des Indes occidentales, se développe un important marché de peinture. Alejo Fernández (v. 1475 - v. 1545) préside à l’éveil de cette activité. D’autres artistes, comme lui d’origine étrangère, tels le Bruxellois Pieter Kempeneer (Pedro de Campaña, 1503-1580) et le Hollandais Hernando Sturm, y cultivent ensuite le maniérisme.

Dans la seconde moitié du xvie s. se développe un classicisme sévère. Juan de Herrera (v. 1530-1597), l’architecte de l’Escorial, dessine la Lonja, ou Bourse de commerce, dont il confie la réalisation à son disciple Juan de Minjares (ou Mijares, † 1599).

Pendant le Siècle d’or, la peinture sévillane brille d’un exceptionnel éclat, qu’annonce l’œuvre de Roelas*. Entre 1620 et 1630 se manifestent quatre génies : Francisco Herrera* le Vieux, Vélasquez*, Zurbarán* et Alonso Cano*. Vers le même moment, Juan Martínez Montañés* fait naître une grande école sévillane de sculpture baroque. Alors que la décadence économique s’esquisse dès 1640, la ville demeure un important foyer d’art durant tout le xviie s., grâce à Murillo* et à Valdés* Leal.

Mieux, avec un décalage surprenant, c’est seulement à la fin du xviie s. et au début du xviiie que s’épanouit en architecture le baroque sévillan. Leonardo Figueroa (v. 1650-1730), qui lui donna son visage particulier, dirige la construction de l’hôpital des Venerables Sacerdotes (1687-1697). Il élève la grande église dominicaine de San Pablo (1691-1709), la majestueuse collégiale de San Salvador (1696-1711), l’église San Luis du noviciat des jésuites (1699-1731). Son chef-d’œuvre est le Colegio seminario de San Telmo (1724-1734), mais il est aussi l’auteur du couvent de La Merced, aujourd’hui musée des Beaux-Arts. Un accent viril est apporté par le dernier monument du xviiie s., l’ancienne Manufacture des tabacs (1725-1757), aujourd’hui affectée à l’université, qui fut l’œuvre de plusieurs architectes.

M. D.

➙ Andalousie / Espagne.

 E. Levi-Provençal, Séville musulmane au début du xiie s. (Maisonneuve, 1947). / C. Fernández-Chicarro, El museo arqueológico provincial de Sevilla (Madrid, 1951). / J. Guerrero, Sevilla (Barcelone, 1952). / Séville, ville d’art (Art et style, 1959). / Séville (Hachette, 1964).

Sèvres (Deux-). 79

Départ. de la Région Poitou*-Charentes ; 6 004 km2 ; 335 829 hab. Ch.-l. Niort*. S.-préf. Bressuire, Parthenay.


Aux confins sud-est du Massif armoricain et appartenant au Poitou, le département est moins peuplé qu’au siècle dernier. En effet, après s’être élevée de 329 000 habitants en 1861 à 354 000 en 1891, la population est tombée à 308 000 habitants en 1931. On a observé après 1946 une légère remontée. Si la moitié des habitants sont encore des ruraux, le nombre des agriculteurs, qui s’était élevé de 97 500 en 1901 à 118 500 en 1921, n’était plus que de 46 500 en 1968 : c’est montrer la vigueur de l’exode rural et agricole. De 1901 à 1968, le nombre des travailleurs de l’industrie est passé de 34 400 à 38 000 et celui des personnes exerçant une activité tertiaire de 26 800 à 45 500. Au total, le nombre des actifs a été ramené à 130 000. Un croît naturel relativement fort (0,6 p. 100), lié à une natalité et à une fécondité soutenues, font des Deux-Sèvres un réservoir d’hommes.

L’agriculture emploie donc encore une part importante des travailleurs (36 p. 100 contre 29,5 p. 100 pour l’industrie et 35 p. 100 dans le tertiaire en 1968). La vie rurale marque profondément ce département, où l’emprise humaine est très forte ; sur 605 400 ha, les bois ne couvrent que 43 000 ha. Mais la densité du bocage dans la majeure partie fait que ce pays de labours (315 000 ha) et de prairies permanentes (188 000 ha) apparaît très couvert. L’élevage est la vocation essentielle. Les cultures fourragères couvrent 128 500 ha, contre 123 800 pour les céréales (surtout du blé [1,6 Mq] et de l’orge [0,9 Mq]). On compte 413 000 bovins, fournissant plus de 4 Mhl de lait et 36 000 t de viande, ainsi que 104 000 caprins.

Le département s’étire sur 120 km environ du nord au sud, et sur une cinquantaine d’est en ouest, des confins angevins dans la région de Thouars à la frange forestière qui jalonne le contact avec les pays charentais (forêt de Chizé, forêt de Boutonne). Par la place qu’y tient le bocage, il s’apparente nettement à l’Ouest français ; à l’image des façades sud-bretonnes et vendéennes, il reçoit des précipitations assez modestes, de 700 à 800 mm, exception faite de la Gâtine de Parthenay, et les étés y sont relativement peu arrosés.

L’ordonnancement général du relief, de direction armoricaine, c’est-à-dire N.-O. - S.-E., permet d’introduire quelques nuances dans ce pays apparemment uniforme. Au nord sont des plateaux de moins de 200 m, drainés par le Thouet en direction de la Loire. Au nord-est, le pays de Thouars (12 631 hab.) est d’affinités ligériennes ; sous un ciel plus lumineux (moins de 600, voire 500 mm de pluies), le bocage fait place à des pays découverts, au milieu desquels les cultures occupent plus de place (avec quelques îlots de viticulture). Rares sont les industries, encore qu’une puissante cimenterie ait été équipée près d’Airvault. À l’ouest de Thouars, le bocage règne sur les plateaux du massif ancien autour d’Argenton-Château : cette extrémité méridionale des Mauges est déjà d’aspect vendéen par le nombre des métairies dispersées, les gentilhommières et la place de l’élevage bovin, qui est à l’origine de la fortune des foires, toutes proches, de Cholet et de Mortagne-sur-Sèvre.

Ligne de partage des eaux entre le bassin de la Loire et les bassins des rivières charentaises, la Gâtine de Parthenay prend en écharpe le département, de l’ouest de Bressuire à l’est de Saint-Maixent-l’École. Le cours supérieur de la Sèvre Nantaise s’est installé entre deux lignes de hauteur parallèles qui se soudent entre Parthenay et Saint-Maixent pour disparaître sous les plateaux calcaires de la région de Lusignan. Battue par les vents d’ouest, recevant plus de 1 000 mm de pluies, la Gâtine est d’autant plus pauvre que les sols y sont en majorité froids et siliceux. Aussi ce haut bocage, terre traditionnelle de petit métayage, a-t-il connu un intense exode, avant que l’élevage n’y connaisse un regain d’activité lié à l’adoption des prairies temporaires dans le cadre d’exploitations regroupées, en partie tournées vers la production de lait. Les foires et l’abattage des bovins animent les villes de Bressuire (18 090 hab.) et de Parthenay (13 039 hab.), où ont aussi été implantées de petites industries mécaniques.