Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sémantique (suite)

L’apport positif de la sémantique générative est double.
1. Elle définit les règles de la grammaire comme des contraintes de dérivation sur les indicateurs syntagmatiques successifs. Ces contraintes de dérivation indiquent, pour toute étape de la génération d’une phrase, les conditions de bonne formation. Les dérivations (c’est-à-dire le passage d’une structure « plus profonde » à une structure « plus superficielle ») sont régies par des contraintes dérivationnelles locales, concernant la relation entre deux indicateurs syntagmatiques successifs, et par des contraintes dérivationnelles globales, telles que, par exemple, l’ordre d’application des règles.
2. Elle est soucieuse de relier forme grammaticale et forme logique des phrases. Pour G. Lakoff, « les règles de grammaire qui génèrent les phrases grammaticales de l’anglais, éliminant les phrases agrammaticales, ne sont pas distinctes des règles qui relient les formes de surface des phrases anglaises à leurs formes logiques correspondantes ». La logique naturelle sur laquelle veut s’appuyer la sémantique générative devra donc exprimer sans ambiguïté tous les concepts exprimables dans le langage naturel.

La sémantique générative est ainsi amenée à rechercher des postulats de sens antérieurs à l’apparition des unités lexicales. Par exemple, persuader (de) sera traité en sémantique générative comme une unité complexe comportant au moins les prédicats faire (= causer), arriver (= se produire), avoir l’intention (de), prédicats ayant pour arguments, éventuellement, un actant (dans la figure 5, x, y, z) et toujours un Σ représentant la partie droite de la décomposition logique. Ainsi, x a persuadé y de frapper z sera représenté par le schéma donné en fig. 5.

On pourrait lire comme suit la figure 5 :
Σ1 = x fait Σ2
Σ2 = il arrive Σ3
Σ3 = y a l’intention de Σ4
Σ4 = y frappe z
et donc : x fait qu’il arrive que y a l’intention que y frappe z.


La sémantique soviétique

Bien qu’ils travaillent à partir de bases théoriques différentes, les sémanticiens soviétiques arrivent à des projets assez proches de ceux de la sémantique générative. Leur objectif est de décomposer la relation entre expression et contenu en relations partielles relativement simples, la langue étant considérée comme une série de codes superposés.

À partir du distributionnalisme, Iouri D. Apresjan développe une théorie des fonctions lexicales : une fonction lexicale est la relation de sens entre un mot clé Co et d’autres mots Ci. Pour qu’il y ait fonction lexicale, il faut que cette relation sémantique intervienne entre de nombreux mots clés et de nombreux mots Ci de la langue considérée. Par exemple, il y aura fonction lexicale Centr. (relation marquant le point culminant) entre gloire et comble, entre crise et nœud, entre ville et centre, etc. La considération de ces fonctions lexicales est essentielle au compte rendu de la génération des phrases comme succession intégrale de degrés.

I. Meltchouk et A. Jolkovski élaborent un modèle sens → texte intégrant la problématique des fonctions lexicales. Ils définissent la langue comme « un mécanisme traduisant le sens en texte ». La question fondamentale n’est plus celle de la grammaticalité d’un énoncé (« est-ce que cela se dit ? »), mais celle de l’expression d’un sens. Le niveau de représentation initial est dit « inscription de sens » : c’est la représentation en pensée d’une situation extralinguistique. L’objectif de la sémantique soviétique est de faire correspondre à une inscription de sens donnée tous les énoncés qui peuvent la réaliser en texte. Le mécanisme générateur est appelé synthèse sémantique.

L. G.

➙ Générative (grammaire) / Langue / Lexique / Linguistique / Phonologie / Sémiotique / Structuralisme / Traduction.

 M. Bréal, Essai de sémantique (Hachette, 1897 ; 4e éd., 1908). / F. de Saussure, Cours de linguistique générale (Payot, Lausanne, 1916 ; nouv. éd., 1970). / I. I. Revzin, les Modèles linguistiques (en russe, Moscou, 1962 ; trad. fr., Dunod, 1968). / J. H. Greenberg (sous la dir. de), Universals of Language (Cambridge, Mass., 1963). / B. Pottier, Recherches sur l’analyse sémantique en linguistique et en traduction mécanique (Fac. des Lettres, Nancy, 1963) ; la Linguistique générale, théorie et description (Klincksieck, 1974). / J. A. Fodor et J. J. Katz (sous la dir. de), The Structure of Language. Readings in the Philosophy of Language (Englewood Cliffs, N. J., 1964). / J. J. Katz et P. M. Postal, An Integrated Theory of Linguistic Description (Cambridge, Mass., 1964). / I. A. Meltchouk, Analyse syntaxique automatique (en russe, Novossibirsk, 1964). / A. J. Greimas, Sémantique structurale (Larousse, 1966) ; Du sens (Éd. du Seuil, 1970). / J. J. Katz, The Philosophy of Language (New York, 1966 ; trad. fr. la Philosophie du langage, Payot, 1971) ; Semantic Theory (New York, 1972). / T. Todorov (sous la dir. de), Recherches sémantiques, numéro spécial de Langages (Larousse, 1966). / J. D. Apresjan, Recherche expérimentale sur la sémantique du verbe russe (en russe, Moscou, 1967). / G. Lakoff, Irregularity in Syntax (New York, 1970). / D. D. Steinberg et L. A. Jakobovits (sous la dir. de), Semantics. An Interdisciplinary Reader in Philosophy, Linguistics and Psychology (Cambridge, 1971). / F. Dubois-Charlier et M. Galmiche (sous la dir. de), la Sémantique générative, numéro spécial de Langages (Larousse, 1972). / M. Galmiche, la Sémantique générative (Larousse, 1975).

semence

Graine, fruit ou toute partie de plante qui, séparée du pied qui l’a engendrée, renferme des graines, permettant d’obtenir une nouvelle génération. Par extension, tout autre fragment végétal capable de reproduire l’espèce.