Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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semence (suite)

Nature des semences

Le plus souvent, ce sont des graines qui sont ainsi dispersées par la nature ou l’Homme : le Pois, le Haricot, la Moutarde, les Lentilles... Elles sont pourvues d’un tégument imperméable, de réserves et d’un embryon à l’état de vie ralentie et permettent au végétal de se reproduire en germant lorsque les conditions lui sont devenues favorables.

Parfois, cette fonction est assurée par un fruit sec monosperme dont la graine est adhérente au fruit (caryopose des Graminacées) : c’est le péricarpe jaune qui donne son aspect doré au grain de Blé mûr. Ailleurs, c’est à la fois plusieurs graines ou fruits qui sont séparés de la plante. Chez la Betterave, par exemple, on trouve des groupes d’akènes enveloppés de pièces périanthaires desséchées.

Souvent, la dissémination naturelle peut se faire à partir de portions d’organes ou d’organes entiers, voire de plantes qui sont capables de propager le végétal ; on parlera alors de diaspores ; chez certaines Crucifères (le Radis par exemple), le fruit se casse en articles contenant une graine entourée d’une partie de la silique. La Luzerne (Légumineuses) possède des gousses spiralées qui se détachent à maturité ; les graines contenues à l’intérieur germent sans que le fruit se soit préalablement ouvert, et plusieurs embryons peuvent s’y développer en même temps. Chez le Tilleul, c’est une inflorescence pauciflore qui est dispersée avec un petit rameau muni d’une aile qui ralentit sa chute. On observe chez la Bardane la séparation d’inflorescences denses pourvues de bractées crochues ; ces dernières s’agrippent aux animaux, qui assurent ainsi leur transport assez loin de la plante mère. Enfin, la Rose de Jéricho est arrachée entière par le vent sec du désert et se resserre sur elle-même ; lorsque le degré hygrométrique de l’air est élevé, elle s’ouvre, libérant les graines qui y sont enfermées.

Communément, on étend même le terme de semence à des organes végétatifs, tels les tubercules de Pomme de terre, qui sont plantés pour redonner de nouveaux pieds : on parle alors, pour désigner ces tubercules, de « semences de Pomme de terre ».


Procédés de dissémination

Les graines, les fruits et les diaspores sont dispersés à partir de la plante mère par différents procédés, qui sont très proches de ceux que l’on observe lors de la pollinisation ; outre la gravitation, qui fait tomber les graines lourdes au pied du végétal qui les a produites (glands du Chêne, faines du Hêtre...), on peut citer le vent, l’eau, les animaux et l’Homme comme agents de dispersion.

De nombreux végétaux possèdent des mécanismes autonomes de dissémination. Plusieurs Papilionacées (Genêt par exemple) ont des gousses qui s’ouvrent et se tordent en libérant les graines (suivant l’état hygrométrique de l’air). La capsule de la Balsamine, gonflée par la turgescence, éclate en projetant les graines au moindre choc. Chez Ecballium, c’est le fruit qui se détache brusquement, mû par réaction grâce au jet des graines qui sont lancées à plusieurs mètres. Hura crepitans (Euphorbiacées) porte un fruit explosif de même type, capable, dit-on, de briser une vitre.


Le vent

Le vent a d’autant plus d’efficacité dans la dispersion que les semences et diaspores sont munies d’un dispositif augmentant leur surface : appendices ailés ou plumeux. C’est une aile pour la graine de Paulownia et celle de Pin ; chez l’Orme, c’est le fruit qui est ailé (samare), et, chez l’Érable, on remarque des disamares là où les fruits sont groupés par deux. L’aile de la diaspore du Tilleul offre une prise au vent suffisante pour écarter les semences du pied de l’arbre.

De nombreux végétaux produisent des graines plumeuses entièrement recouvertes de poils : Laurier rose (Apocynacées), Vincetoxicum (Asclépiadacées), Épilobes, Saules, Peupliers, Tamaris... Certains de ces poils sont de deux à trois fois plus longs que la graine ; ceux du Coton (Malvacées) constituent une part importante de la matière première des industries textiles. Parfois, les fruits ne portent qu’une aigrette : Bleuet, Chardons (Carduus, dont les poils sont simples ; Cirsium, dont les poils sont plumeux), Pissenlit, où l’aigrette est portée par un pédoncule, Benoîtes, Clématites, où l’aigrette est remplacée par un long fouet plumeux ; celui-ci atteint plus de 20 cm de long chez Stipa pennata (Graminacées).

Enfin, des espèces d’Orchidées, par exemple, possèdent des graines nombreuses dépourvues de réserves et réduites à un embryon très peu développé ; cette structure rend ces graines très légères, très ténues, et, telles de fines poussières, elles restent longtemps en suspension dans l’atmosphère avant de retomber au sol, favorisant ainsi leur dissémination aérienne.

Le vent joue donc un rôle important dans la dispersion de toutes les semences en les poussant loin de leur lieu d’origine. Il semble que certaines îles aient été peuplées en partie par le vent ; sur 439 espèces recensées aux Açores et communes avec le continent, 45 possèdent des semences pourvues de dispositifs permettant le vol, 84 portent des glumes qui offrent également une prise importante au vent, enfin 64 ont des graines très ténues.


L’eau

L’eau est le moyen naturel de dispersion chez les végétaux aquatiques : les capsules de Nymphéacées flottent longtemps grâce à leurs lacunes aérifères. Mais des végétaux terrestres peuvent aussi bénéficier de ce mode de dispersion. Des îles du Pacifique ont dû recevoir ainsi des fruits de Palmier ; le peuplement se fait alors à partir de la côte.


Les animaux

Les animaux sont, pour certaines espèces végétales (zoochores), des agents de transport très efficaces. Ce sont surtout les Mammifères et les Oiseaux qui retiennent les fruits ou les graines munis de crochets (Composées, Ombellifères). C’est parfois tout un capitule qui est fixé par ses bractées crochues : Harpagophyton (Scrofulariacées). Des fruits charnus, baies de Genévrier ou de Gui par exemple, sont consommés par des Oiseaux, et les graines sont rejetées après transit intestinal. Si l’animal est un bon voilier, le transport peut être de plusieurs centaines de kilomètres. Les Oiseaux de mer sont ainsi rendus responsables d’une partie du peuplement végétal des îles Juan Fernández. Les pattes des Oiseaux qui ont piétiné dans la terre et la boue peuvent aussi emporter de nombreuses semences, de plantes aquatiques en particulier.

Enfin, même les Insectes peuvent effectuer des disséminations : les Fourmis, par exemple, sont attirées par les graines huileuses de Violette ou de Muscari, qu’elles amassent comme réserves alimentaires.