Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sélaciens

Sous-classe de Poissons* cartilagineux, ou Chondrichthyens, qui, à l’inverse des Holocéphales, ou Chimères*, ont les fentes branchiales aisément visibles dans la région postérieure de la tête. D’après remplacement de ces fentes branchiales, on subdivise les Sélaciens en Pleurotrèmes, ou Requins*, à fentes branchiales latérales, et en Hypotrèmes, ou Raies*, à fentes branchiales ventrales.


Le squelette des Sélaciens reste cartilagineux à l’état adulte, ce qu’on peut interpréter comme le résultat d’une évolution néoténique, puisque les ancêtres fossiles de l’ère primaire, Protosélaciens ou Placodermes, possédaient un squelette ossifié. Toutefois, ce cartilage est souvent renforcé par un processus de calcification, qui est notamment bien développé au niveau vertébral. Dans la suspension de la mâchoire inférieure intervient toujours l’hyomandibulaire (suspension hyostylique ou amphistylique). Les vertèbres sont le plus souvent amphicœliques (en sablier), et la notocorde est pincée ou interrompue au niveau de chaque vertèbre. Les côtes sont rudimentaires. La nageoire caudale est dissymétrique (hétérocerque) ou absente. Le squelette externe est constitué par des denticules cutanés, ou écailles placoïdes, d’origine à la fois dermique (ivoire) et épidermique (émail), homologues des dents des autres Vertébrés. Ces denticules peuvent se modifier en écussons, ou boucles, ou en aiguillons liés à des glandes venimeuses. Les dents, triangulaires et tranchantes ou en pavé et broyeuses, ne se soudent jamais ; elles se renouvellent périodiquement au cours de la vie du Poisson (on compte jusqu’à 100 générations dentaires).

Il existe de cinq à sept paires de fentes branchiales, verticales ou obliques, en arrière d’un orifice antérieur dorsal, le spiracle, ou évent, reste de l’oblitération de la fente hyoïdienne par le mode de suspension de la mâchoire. Le long de ces lentes, les branchies sont disposées en lames ; d’où le nom fréquent d’Élasmobranches qu’on donne aux Sélaciens. La cloison interbranchiale se poursuit extérieurement par un clapet qui permet à l’animal d’obturer la fente branchiale postérieure et d’inspirer ainsi l’eau par la bouche, en augmentant le volume buccal. La partie antérieure de la tête est prolongée par un rostre à squelette cartilagineux qui reporte la bouche ventralement ; d’où le nom de Plagiostomes qu’on donne aussi aux Sélaciens. La ceinture pelvienne, formée de deux moitiés soudées dans le plan de symétrie, porte des nageoires pelviennes dont la partie antérieure se transforme chez les mâles en organe copulateur (ptérygopodes).

Le tube digestif comporte un estomac bien développé et un intestin court, dans lequel un repli de la muqueuse, auquel participe la musculeuse, forme la valvule spirale, qui ralentit la progression des aliments ; un cloaque reçoit les déchets digestifs et rénaux ainsi que les produits génitaux, et il s’ouvre à l’extérieur par un orifice unique. Il n’existe jamais ni poumon, ni vessie natatoire. L’appareil circulatoire comporte cinq paires d’arcs aortiques, dont les racines dorsales forment l’aorte. Le système veineux présente deux systèmes portes : hépatique sur le trajet de la veine intestinale et rénal sur celui des veines cardinales postérieures. Les reins sont des « opisthonéphros » ; les canaux de Wolff en conduisent les produits jusqu’au cloaque. Le milieu intérieur des Sélaciens renferme une quantité de sels dissous voisine de celle qu’on trouve chez les autres Poissons, mais il s’y ajoute des quantités importantes d’urée, qui font que le sang de ces Poissons devient isotonique à l’eau de mer, si bien que les mécanismes osmotiques complexes, nécessaires chez les autres Poissons, n’existent pas ici. Les organes des sens comprennent des formations intéressantes : les ampoules de Lorenzini et les vésicules de Savi, qui sont des électrorécepteurs sensibles à la composante électrique des mouvements musculaires des animaux voisins. Ils peuvent exister en l’absence même d’organes électriques (présents chez les Raies du genre Raja et chez les Torpilles).

La reproduction des Sélaciens comporte toujours une fécondation interne, que le mâle réalise grâce à des ptérygopodes. Certaines espèces sont ovipares et pondent un petit nombre de gros œufs, que protège une enveloppe cornée ; les autres sont vivipares incubantes ou gestantes : on trouve des Sélaciens placentaires aussi bien parmi les Requins que parmi les Raies. Les œufs sont riches en vitellus, et la segmentation est de type méroblastique, comme pour les œufs des Reptiles et des Oiseaux.

R. B.

 C. Arambourg et L. Bertin, « Sous-classe des Sélaciens », dans Traité de zoologie, sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIII, fasc. 3 (Masson, 1958).

Seldjoukides

En turc Selçuklular, famille turque qui, du xie au xiiie s., a régné sur divers vastes domaines de l’Asie centrale et antérieure.


À côté des Grands Seldjoukides, dits encore Seldjoukides d’Iran, on distingue habituellement quatre groupes principaux : les Seldjoukides d’Iraq, de Kermān, de Syrie, de Rūm ou d’Anatolie (connus aussi comme Seldjoukides de Konya [d’Iconium] ou d’Asie Mineure). Le rôle de cette famille a été si considérable que son nom est souvent employé par extension pour désigner tous les Turcs occidentaux du Moyen Âge, y compris ceux qu’elle n’avait pas vassalisés ou qui étaient ses compétiteurs.


Les origines

Selçuk (ou Saldjūq), fils de Dokak, était membre de la tribu des Qiniq (Kınık), l’une des vingt-quatre tribus de la confédération des Oghouz. Les Qiniq avaient pour ongun (« totem ») le tiercelet d’autour mâle et, comme emblème et marque de propriété, un signe abstrait (tamga). On sait peu de choses de Selçuk, dont la légende s’est emparée, lui attribuant une longévité de cent sept années. Il est douteux qu’il ait été musulman, et les noms de ses fils Arslan Isrā‘īl, Mīkhā‘īl, Mūsā, ont incité certains chercheurs à faire de lui un Juif. L’hypothèse est hasardeuse, bien que des Turcs aient été judaïsés, car ces noms sont aussi musulmans et sont accolés à des noms turcs traditionnels, qui demeureront d’un emploi courant plus tard (Arslan : « lion » ; Tuğrul ou Toghrul : « faucon » ; Çağrı [Tchagri] : « épervier » ; Kılıç [Kilidj] : « sabre » ; etc.) : ils dévouent sans doute la fidélité des Seldjoukides aux mythes turcs d’origine et aux représentations attachées aux rapaces. Il est remarquable que, malgré l’islamisme adopté au moins par les descendants de Selçuk, les Turcs médiévaux aient conservé aux xie et xiie s. et aient remis en vigueur dans la seconde moitié du xiiie s. de nombreux faits de leurs antiques croyances.