Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Saxe (suite)

Son déclin est presque parallèle à celui de la France. Comme au temps de la guerre de Trente* Ans, quand les Suédois parcouraient le pays, la guerre de Silésie et la guerre de Sept* Ans touchent directement le pays. Au cours de la seconde moitié du xviiie s., les ambitions du prince se réduisent à bien administrer, à restaurer les finances publiques, à maintenir la balance égale entre la Prusse et les Habsbourg. La liaison dynastique avec la Pologne prend fin, mais la Saxe sait rester à l’écart des partages. C’est une période assez « bourgeoise » de l’histoire de Saxe, mais la paix sociale permet de traverser sans dommage la période révolutionnaire, malgré quelques mouvements paysans en 1790.

Au cours du xixe s., la Saxe subit des revers dans son conflit avec la Prusse. En 1806, elle devient royaume et passe dans le camp français en renouant avec la Pologne (grand-duché de Varsovie). Restée fidèle à la France, elle est vaincue avec elle à Leipzig*. En 1815, elle doit céder la Lusace à la Prusse, qui crée une Provinz Sachsen allant de l’Elbe à l’Oder.

Bien que politiquement affaiblie, elle reste une grande puissance économique. Le développement de la navigation à vapeur, la construction des voies ferrées, les nouvelles techniques industrielles sont en grande partie une œuvre saxonne. Ce développement est favorisé bien sûr par l’accession à l’union douanière (Zollverein) en 1834, mais aussi par des mesures visant à maintenir la paix sociale (Constitution modérée de 1831). La vie intellectuelle est très active, mais elle est caractérisée essentiellement par l’aspect technique, la littérature et les arts restant en seconde position, bien que leur importance ne soit pas négligeable. La Saxe est un État monarchique sans doute, mais dont le caractère bourgeois est à rapprocher de la France de Louis-Philippe. Les mouvements de 1848 restent limités. C’est en mai 1849 que date le très violent soulèvement de Dresde. Les troupes prussiennes rétablissent l’ordre, et il semble que la Saxe soit désormais destinée à n’être qu’un protectorat prussien (en 1867, elle fait partie de la Confédération de l’Allemagne du Nord [Norddeutscher Bund]).

Toutefois, même après 1871, le souverain parvient à garder une certaine autonomie grâce à la paix sociale qui accompagne une industrialisation et une urbanisation très poussées. Le mouvement socialiste se développe sans s’opposer au roi, et la population s’intéresse de près aux entreprises lointaines (une partie notable des équipages de la marine, en plein développement, vient de Saxe). Effacé sur le plan politique, le rôle de la Saxe reste très important sur le plan social et culturel ; une partie importante des mouvements qui, vers la fin du xixe s. et au début du xxe, se développent en Allemagne est saxonne ; il faut signaler le développement de l’édition à Leipzig, qui est parallèle au développement dans cette ville des industries lourdes et du nœud ferroviaire.

Les défaites provoquent vers 1916 une radicalisation du mouvement socialiste ; sans troubles graves, la république est proclamée le 10 novembre 1918. Ce n’est qu’au cours des années suivantes que la situation s’aggrave : des conflits armés éclatent ; les crises économiques touchent durement une population essentiellement industrielle ; ensuite, ce sont les incessants conflits armés entre les « rouges » et les nazis qui entretiennent une profonde inquiétude. L’année 1933 est marquée par la liquidation des tendances de gauche ; la Saxe reste une unité administrative et n’est pas touchée pour le moment par la Gleichschaltung (mise au pas) hitlérienne.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, après les nombreux bombardements de Leipzig, de Leuna et surtout de Dresde (13 fév. 1945), elle est tout d’abord occupée conjointement par les Américains (Halle, Leipzig) et les Russes (Dresde). Toute la Saxe fait partie de la zone d’occupation soviétique en juillet 1945 et de la R. D. A. après 1949.

Sa place dans ce dernier État est très importante, tant par l’étendue et la population que par le poids de l’économie et celui des très anciennes traditions socialistes. Dans une certaine mesure, la disparition de la Prusse et le rôle prépondérant de la Saxe en R. D. A. font apparaître 1945 et 1949 comme la revanche de 1815 et de 1680. Toutefois, depuis juillet 1952 (date de son partage en districts), la Saxe en tant que telle a disparu, et les derniers vestiges d’une autonomie ont été effacés.

La Saxe en tant qu’État a été l’une des principales puissances de l’Europe centrale grâce à sa population, à ses richesses naturelles ainsi qu’à l’administration sage et à la politique habile de ses souverains. Ses relations avec la Bohême, la France, la Pologne et la Russie lui ont toujours conféré un rôle véritablement européen, tout autant que, sur un autre plan, le caractère compact de son luthéranisme lui permettait d’agir sur un plan mondial. Les Saxons abondent dans l’histoire de la civilisation — Luther et Leibniz, Wagner et Liebknecht — et dans celle des sciences et des techniques. Parmi les entreprises qui ont marqué dans l’histoire économique de l’Europe et du monde, nombreuses sont celles qui appartiennent au domaine saxon (métallurgie, industrie chimique, optique, constructions automobiles et aéronautiques).

Bien qu’il soit encore aujourd’hui fréquent d’entendre les Allemands se moquer des Saxons, la Saxe est depuis le Moyen Âge un des pays qui ont le plus fait honneur au monde germanique.

J.-B. N.

➙ Allemagne / Dresde / Leipzig.

 R. Kötzschke et H. Kretzschmar, Sächsische Geschichte (Dresde, 1935 ; 2 vol.). / W. Schlesinger, Sachsen, t. VIII de Handbuch der historischen Stätten Deutschlands (Stuttgart, 1965).

Saxe (Basse-)

En allem. Niedersachsen, État d’Allemagne fédérale, sur la mer du Nord.


Couvrant 44 408 km2 et abritant 7,1 millions d’habitants, le Land est issu de la fusion, en 1946, des Länder de Hanovre, de Brunswick, d’Oldenburg et de Schaumburg-Lippe.