Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Saxe (Basse-) (suite)

La Basse-Saxe regroupe des éléments de plusieurs régions naturelles. Dans sa partie sud-est, les derniers Mittelgebirge (Harz, Solling) et, un peu plus à l’ouest, les chaînons plissés du Wesergebirge marquent la transition avec l’Allemagne moyenne. Le Land est avant tout le pays de plaine où tourbières (Moore), étendues sableuses (Geest), plaines limoneuses (Börden) et, sur le littoral, polders (Marschen) constituent l’essentiel des paysages. À défaut de grandes différences d’altitude, ce sont les sols qui introduisent les distinctions régionales. Bien qu’ouverte sur la mer, la Basse-Saxe est habitée par une population ayant des activités surtout terriennes. Les îles de la Frise orientale, habitées exclusivement par des Frisons, constituent un milieu tout à fait particulier, où agriculture (économie laitière des polders), activités marines et surtout tourisme se combinent pour en faire des foyers extrêmement vivants.

Le sous-sol est riche en sel et en potasse. L’extraction du sel est ancienne à Salzgitter et dans sa région. Elle s’est déplacée vers le nord entre l’Elbe et l’Aller, où les Salzstöcke (diapirs) sont nombreux dans les couches primaires (Zechstein). La potasse s’extrait dans le voisinage du sel, autour de Brunswick (10,3 Mt). Le plomb et le zinc sont exploités aux alentours de Goslar. Les couches crétacées de l’avant-pays du Harz renferment un minerai de fer dont la teneur en métal est de 30 p. 100. Aussi l’extraction est-elle en recul devant la concurrence étrangère (5,5 Mt en 1970 contre 12 Mt en 1960). L’arrêt est envisagé. La plaine contient d’importantes ressources de gaz et de pétrole dans les roches primaires de son sous-sol. Les réserves de gaz dépassent 300 milliards de mètres cubes. Les champs les plus productifs se situent près de l’estuaire de l’Ems. Les grandes villes du voisinage ainsi que la Ruhr sont alimentées en gaz de Basse-Saxe. La désulfuration permet de récupérer 100 000 t de soufre, utilisé dans l’industrie. Les champs de pétrole situés entre la Weser et l’Ems fournissent plus de 6 Mt.

Deux tiers de la surface de l’État sont exploités par l’agriculture ; un cinquième est occupé par les forêts. Les labours intéressent plus de 50 p. 100 de la surface agricole utile. L’utilisation du sol, toutefois, diffère d’une région à l’autre. Dans les Börden, les labours couvrent le plus souvent 75 p. 100 des finages. Céréales et betteraves sucrières constituent les assolements dominants. Dans les vallées et les zones côtières (Marschen), les herbages l’emportent fréquemment. Mais bien des Marschen sont des terres de labours. La Geest produit surtout céréales et pommes de terre (Landes de Lüneburg). Autour des grandes villes se sont développées des ceintures laitières, légumières et fruitières. La Basse-Saxe est un des rares Länder à connaître encore une intense colonisation intérieure. C’est le cas de la vallée de l’Ems (Emslandplan), où, jusqu’en 1971, le Land et le Bund ont dépensé plus de 1 milliard de deutsche Mark pour la mise en culture de terres, notamment de tourbières. L’élevage bovin sous ses différentes formes (plein air dans les zones côtières ; stabulation dans les Börden) atteint un niveau proche de celui des Pays-Bas (rendement laitier : 4 310 litres par vache en 1970). On compte 2,8 millions de bovins, dont 1 million de vaches laitières. Le troupeau porcin s’élève à 6 millions de têtes. L’élevage de la volaille produit 84 000 t de viande par an (valeur : 600 millions de deutsche Mark). La taille moyenne des exploitations approche 40 ha dans la plupart des régions.

Avec un peu plus de 800 000 salariés, l’industrie a doublé ses effectifs par rapport à 1950. La concentration industrielle est le fait de la localisation des gisements et des réseaux de voies de communication (Mittellandkanal). Les industries de transformation prennent le pas sur les industries de base. La sidérurgie a été créée à l’époque nationale-socialiste (Hermann Göring Werke, aujourd’hui Salzgitter AG., qui appartient à l’État fédéral). L’industrie automobile, grâce à Volkswagen (également créé à l’époque nationale-socialiste), marque toute l’économie de la région, qui, par ailleurs, souffre de la proximité de la frontière avec la R. D. A. (VW commande à plus de 180 000 salariés en R. F. A.). Ses principales usines se trouvent à Wolfsburg, à Hanovre, à Brunswick, à Kassel (Hesse). Le Regierungsbezirk de Hanovre est le plus industrialisé (215 000). La construction automobile arrive en tête avec 33 p. 100 des salariés. Hildesheim est le second district industriel (26 p. 100 des salariés dans l’électrotechnique ; 23,3 p. 100 dans l’industrie du caoutchouc). Le district de Brunswick vient au troisième rang. L’industrie y est plus diversifiée : électrotechnique, 16 p. 100 des salariés ; automobile, 13 p. 100 ; caoutchouc, 12,8 p. 100 ; etc. Les autres Regierungsbezirke (Lüneburg, Osnabrück, Oldenburg, Stade) sont moins bien dotés, mais connaissent une industrialisation rapide. Hanovre* est la capitale politique, mais le territoire est fortement influencé par les États urbains de Brême et de Hambourg.

F. R.

➙ Hanovre.

saxophoniste de jazz

Alors que l’instrument inventé par Adolphe Sax* semble avoir été quelque peu négligé — ou utilisé bien en deçà de ses possibilités — par les compositeurs de tradition européenne, il est devenu une voix décisive dans l’univers musical négro-américain.


C’est là un des nombreux « paradoxes » de l’histoire du jazz. Aujourd’hui encore, ce parent pauvre de la musique occidentale « sérieuse », relégué du côté des musiques « populaires » et des fanfares, est victime — tout comme la musique noire qui s’en est emparée — d’une série de malentendus indissociables des traditions et des codes esthétiques dominants en Occident. Livré, donc, à la seule imagination des jazzmen, le saxophone a été le lieu d’un travail que, peut-être, Sax lui-même n’avait pas prévu. « L’instrument idéal du jazz, dit le critique allemand Joachim Ernst Berendt, serait celui qui unirait à la mobilité de la clarinette la vigueur expressive de la trompette — deux qualités qui s’excluent toujours l’une l’autre, sauf dans le cas du saxophone, qui les concilie dans une large mesure. »