Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

astronomie géodésique de position (suite)

 G. Gougenheim, Emploi de l’astrolabe à prisme (Impr. nat., 1936). / P. Tardi et G. Laclavère, Traité de géodésie (Gauthier-Villars, 1951-1954 ; 3 vol.). / B. Decaux, la Mesure précise du temps en fonction des exigences de la science (Masson, 1959). / E. Guyot, Histoire de la détermination de l’heure (Chambre suisse de l’horlogerie, La Chaux-de-Fonds, 1969).

Asturias (Miguel Ángel)

Écrivain et diplomate guatémaltèque (Guatemala 1899 - Madrid 1974).


Vers les années 30, on pouvait rencontrer à Paris, dans le Quartier latin qu’il habitait ou à Montparnasse avec ses amis surréalistes, un jeune avocat guatémaltèque au visage de dieu maya, Miguel Ángel Asturias, fils d’un descendant d’Espagnol et d’une Indienne. À cette époque, il a déjà soutenu au Guatemala une thèse de doctorat sur le Problème social de l’Indien. Envoyé en Europe en 1923 par son père, magistrat, pour y étudier le droit international, il s’arrête à Londres d’abord, puis s’installe à Paris, où il va suivre en Sorbonne des cours sur les civilisations d’Amérique centrale. Mis en éveil par ces études et se souvenant des légendes indiennes que lui contait sa mère dans sa petite enfance, il entreprend d’écrire son premier livre, où il recrée avec un luxe d’images éblouissantes les mythes de son pays : Légendes du Guatemala. Publié à Madrid en 1930, le livre est traduit en français et communiqué à Paul Valéry, qui, vivement impressionné par ces « histoires-songes-poèmes », accepte de préfacer l’édition française. Puis, recevant le jeune écrivain, il réussit à le convaincre de retourner dans sa patrie : « Vous risquez de devenir ici, à Paris, un simple imitateur... » C’est dans ce même Paris que, trente-cinq ans plus tard, devenu ambassadeur du Guatemala en France, Asturias apprendra que l’Académie suédoise lui a décerné le prix Nobel de littérature pour 1967. Entre ces deux dates se placent une carrière bien remplie de diplomate, de longues années d’exil, d’innombrables conférences et, parallèlement, une œuvre d’une singulière intensité.

S’il a abordé, non sans bonheur, la poésie (Messages indiens, 1958 ; Claire Veillée de printemps, 1965) et le théâtre, Asturias est avant tout connu pour ses romans. Le premier, Monsieur le Président, publié en 1946, lui donna la notoriété, mais la peinture qu’il y fait des horreurs d’un régime autoritaire de type latino-américain lui valut bien des déboires, et notamment une incarcération en Argentine en 1962. Marqué durant toute sa jeunesse par la dictature invisible mais implacable de Manuel Estrada Cabrera, qui régna par la terreur au Guatemala de 1898 à 1920, Asturias laisse dans ce livre parler ses souvenirs avec un accent pathétique de vérité, mais que transpose son exubérante imagination poétique, car chez lui réalisme et magie se côtoient et interfèrent sans cesse. Ce même « réalisme magique » se retrouve dans Homme de maïs (1949), où les paysans indiens, pour qui le maïs est la céréale sacrée, se trouvent aux prises avec leurs maîtres avides de profit, et dans la trilogie l’Ouragan (1950), le Pape vert (1954), les Yeux des enterrés (1960), cri de protestation contre l’exploitation abusive des travailleurs dans les immenses bananeraies des basses terres du Guatemala, propriété des grandes compagnies fruitières yankees. Ici la clameur justicière se double d’une tentative désespérée pour sauver l’âme indigène des agressions de la civilisation moderne.

Nettement politique dans ses nouvelles de Week-end au Guatemala (1956), relatant d’une manière saisissante le coup de force de juin 1954 et la chute du président J. Arbenz, victime de ses tentatives réformistes, l’inspiration d’Asturias redevient plus essentiellement lyrique et se teinte parfois même d’un humour un peu rabelaisien dans ses œuvres récentes (la Flaque du mendiant, 1961 ; Une certaine mulâtresse, 1963 ; Torotumbo, 1966 ; le Miroir de Lida Sal, 1967 ; le Larron qui ne croyait pas au ciel, 1969 ; Trois des quatre soleils, 1971), qui entraînent le lecteur, au milieu d’une explosion volcanique d’images incandescentes, vers un monde peuplé de présences magiques sorties, semble-t-il, des vieilles légendes précolombiennes ou des bas-reliefs des temples mayas. Et dans cet univers délirant, aux couleurs violentes et aux senteurs capiteuses comme celles de la nature tropicale dont il est la transposition poétique, l’irrationnel fait sans cesse irruption : les plantes parlent, les squelettes marchent, et les plus insolites transmutations s’opèrent, comme cette jeune fille qui devient cerf-volant, cette femme termitière et cet homme qui se métamorphose en tamanoir.

Si, par sa lutte constante contre la dictature et contre l’impérialisme nord-américain, par ses généreuses plaidoiries en faveur de ses frères de race, les Indiens, ces éternels humiliés, Asturias doit être considéré comme un écrivain engagé, ou, selon une nuance du romancier, « responsable » — et c’est à ce titre qu’il reçut en 1966 le prix Lénine de la paix —, par la puissance de son souffle et la fertilité de son imagination il hausse le témoignage au niveau de l’œuvre d’art, et se situe ainsi parmi les grands noms de cette littérature hispano-américaine d’aujourd’hui, dont Asturias lui-même nous donne la meilleure définition : « une littérature sociale poétisée ».

J.-P. V.

 A. J. Castelpoggi, Miguel Angel Asturias (Buenos Aires, 1961). / G. Bellini, La Narrativa di Miguel Angel Asturias (Milan, 1965). / E. Dethorey, Miguel Angel Asturias, premio Nobel de literatura 1967 (Stockholm, 1967). / C. Couffon, Miguel Angel Asturias (Seghers, 1970).

Asturies

En esp. Asturias, région du nord-ouest de l’Espagne, correspondant à la province d’Oviedo ; 10 565 km2 ; 1 046 000 hab. (Asturiens).



La géographie

C’est une région montagneuse, enclavée dans la cordillère Cantabrique, vigoureux bourrelet allongé de l’ouest à l’est, entre la Meseta et la mer. Il s’agit d’une masse compacte, plissée au Primaire et soulevée en un jeu de blocs faillés au Tertiaire, d’où la remarquable continuité de son axe, que l’on ne franchit aisément qu’au Puerto de Pajares (1 364 m), et qui culmine à l’est à 2 665 m dans le pittoresque massif des Picos de Europa, fortement karstifié et ciselé par des glaciers quaternaires. Au pied de ces hauts reliefs, profondément ravinés, s’allonge la dépression d’Oviedo, bloc effondré que séparent de la mer des sierras littorales entaillées sur leur flanc nord par des plates-formes d’abrasion marine, les rasas, étagées entre 5 et 300 m et incisées par d’étroites rias.