Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

astronomie géodésique de position (suite)

• La longitude d’un lieu, par rapport à un méridien origine qui, par convention, est très proche de celui de la lunette méridienne de l’observatoire de Greenwich, se détermine au moyen de deux opérations distinctes :
1o la détermination de l’heure sidérale locale du lieu à l’instant de l’observation. Au moment du passage au méridien d’une étoile d’ascension droite α, l’horloge sidérale locale doit marquer l’heure Hs = α. Si elle donne une indication différente T′, la correction de la pendule locale Cpl, aura pour valeur
Cpl = α – T′ ;
2o la détermination de l’heure sidérale, au même instant, au méridien de Greenwich. La correction Cpg de cette même pendule par rapport au méridien de Greenwich est connue grâce à des réceptions de signaux horaires radiotélégraphiques, et la différence de longitudes Δλ a pour valeur
Δλ = Cpl – Cpg.

Ces deux quantités doivent être rapportées, par des corrections appropriées (marche de la pendule), au même instant physique. Les observations sont faites soit au théodolite, soit à l’instrument des passages, dont le plan d’observation doit être mis dans le méridien. Elles comportent toujours une correction résiduelle de réduction au méridien. Une fois cette correction effectuée, on dispose de tous les éléments nécessaires pour déterminer l’azimut A d’une direction terrestre, en passant généralement par l’intermédiaire d’une mire méridienne et d’observations horizontales faites ultérieurement au théodolite. On peut aussi déterminer simultanément l’heure locale et la latitude, en notant l’heure sidérale Hs marquée par la pendule locale à laquelle une étoile de coordonnées connues atteint une distance zénithale ζ, que l’on mesure. L’azimut A de cette observation est supposé approximativement connu, par exemple à l’aide d’une boussole. On arrête une valeur approchée φ0 de la latitude cherchée φ [φ = φ0 + ] et une valeur approchée de la correction de pendule qui permet de définir l’heure lue approchée
Hs0[Hs = Hs0 + dHs].
On calcule ensuite la valeur ζ0 qui correspondrait aux éléments approchés adoptés, et l’on constate un léger écart , entre la valeur calculée ζ0 et celle observée ζ. Une formule classique de trigonométrie sphérique permet d’écrire
 = cos A  + 15 cos φ0 sin A dHs,
équation qui comporte deux inconnues et dHs. Cette relation est l’équation mise sous forme normale d’une droite d’azimut passant à la distance , du centre d’un système de coordonnées rectangulaires planes, graduées en et en 15 cos φ0 dH. Si l’on observe une seconde étoile dans des conditions analogues, on aura une deuxième droite, les deux droites se coupant en un point I ayant pour coordonnées rectangulaires graphiques et 15 cos φ0 dHs, ce qui résout le problème.

En navigation, on fait couramment des observations de hauteur réalisées au sextant. À terre, on préfère avoir un instrument calé pour observer des hauteurs égales. Le plus utilisé de ces instruments est l’astrolabe à prisme, qui permet d’observer à une distance zénithale constante approximativement connue, laquelle reste erronée d’une erreur constante. Les droites de hauteur sont alors toutes décalées, par rapport au point d’intersection idéal, d’une quantité constante . Comme on peut observer autant d’étoiles qu’on le veut, l’interprétation sur graphique revient à déterminer par tâtonnements le centre d’un cercle de rayon non exactement connu, mais qui tangente au mieux toutes les droites de hauteur. La méthode est susceptible d’une très grande précision et d’une très grande souplesse d’emploi.

Les déviations relatives de la verticale

Déterminer par des observations astronomiques la latitude et la longitude d’un lieu revient à repérer dans l’espace la position de la verticale de ce lieu, fournie par le niveau de l’instrument de mesure par rapport aux éléments fixes (ou quasi fixes) de l’univers, notamment la ligne des pôles. L’angle formé par la verticale et la ligne des pôles est la colatitude du lieu, soit 90 – φ. Le plan de ces deux droites constitue le plan méridien du lieu. L’angle dans l’espace entre ce plan et un plan similaire pris pour origine (Greenwich) définit la différence de longitude des deux lieux. Tous ces éléments dépendent de la direction de la verticale fournie par le niveau. Or, cette verticale elle-même est directement influencée par le relief (externe et interne) de la région où se trouve le point considéré. Par le procédé des triangulations, la géodésie détermine de proche en proche des latitudes φ et des longitudes λ, calculées sur une surface de référence constituée par un ellipsoïde de révolution faiblement aplati dit « ellipsoïde de référence », à partir des valeurs de ces coordonnées adoptées pour l’un des points de cette triangulation, ou point fondamental. Ces deux sortes de coordonnées ne peuvent pas être identiques, même si l’on a adopté pour coordonnées du point fondamental les résultats directement fournis par l’astronomie. Il faudrait pour cela qu’en tout point la normale à l’ellipsoïde de référence conventionnel soit confondue avec la verticale physique du lieu. L’écart entre ces deux sortes de coordonnées correspond à l’angle de ces deux droites. Il est appelé déviation relative de la verticale θ. La composante nord-sud de ce petit angle est égale à la différence ξ entre les deux valeurs de la latitude astronomique et géodésique. La composante est-ouest η est égale à la différence entre les deux valeurs de la longitude multipliée par cos φ. Les relations fondamentales sont donc :
φgéod. – φastr. = ξ ;
cos (λastr. – λgéod. = η.

Les déviations relatives de la verticale peuvent être assez importantes. La plus grande discordance constatée l’a été en 1948 à l’île de la Réunion : elle atteint 3 minutes centésimales pour deux points situés à 70 km l’un de l’autre sur les rivages nord et sud de l’île (soit une discordance de 3 km sur les positions géographiques relatives). En France métropolitaine, cette discordance ne dépasse pas 20 secondes centésimales (soit 200 m).

P. T.