Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sardaigne (suite)

Avec ces artistes, on arrive au xviie s., qui, après une première période où persistent les formes Renaissance ou même aragonaises, évolue vers un baroque de goût hispanique (façade de la cathédrale de Sassari, élevée à partir de 1660 environ) ou italien et plus spécialement génois (église San Michele à Cagliari, cathédrale de Ales, etc.). La crypte de la cathédrale de Cagliari, revêtue de stucs, est une œuvre rare d’artistes siciliens. On retrouve un goût plus proprement sarde, rustique et simple, caractérisé par des façades à couronnement curviligne et de petites coupoles dans de nombreuses églises du pays : Bari Sardo, Senorbi, Orosei... La sculpture et la peinture sont presque partout l’apanage d’artistes étrangers, avec des résultats relativement modestes.

Au xviiie s. apparaît l’influence du baroque piémontais, par exemple à l’église de Sanluri et surtout à Santa Maria del Carmine d’Oristano. Les églises d’Ozieri et de Tempio Pausania, ainsi que la façade et les nefs de la cathédrale d’Alghero, se rattachent au style néo-classique. Le Palais communal de Cagliari est une curieuse interprétation moderne (1897) de formes gothiques.

F. V.

➙ Gênes / Mezzogiorno / Pise.

 R. di Tucci, Istituzioni pubbliche della Sardegna nel periodo aragonese (Cagliari, 1920). / M. Le Lannou, Pâtres et paysans de la Sardaigne (Arnault, Tours, 1941). / M. Pallottino, La Sardegna nuragica (Rome, 1950). / C. Zervos, la Civilisation de la Sardaigne. De l’énéolithique à la fin de la période nouragique (Cahiers d’Art, 1954). / A. Borio, Sardaigne (trad. de l’ital., Arthaud, 1957). / G. Stacul, Arte della Sardegna nuragica (Milan, 1961). / G. Lilliu, I Nuraghi (Cagliari, 1962) ; La Civilta dei Sardi, del neolitico all’età dei nuraghi (Turin, 1963) ; Sculture della Sardegna nuragica (Cagliari, 1966). / A. Mori, Sardegna (Turin, 1966). / G. Lilliu et H. Schubart, Civilisations anciennes du bassin méditerranéen, t. I : Corse, Sardaigne, Baléares, les Ibères (trad. de l’all. et de l’ital., A. Michel, 1970). / M. Brigaglia, La Sardegna (Novare, 1973 ; trad. fr. la Sardaigne, Grange-Batelière, 1974).

Sardine

Poisson Téléostéen marin d’eau tempérée chaude, qui se nourrit de plancton animal et se rapproche des côtes pour frayer.


Il fait l’objet, comme tous les Clupes pélagiques, d’une pêche commerciale intensive en relation avec un certain nombre d’industries de transformation.


Écologie

La Sardine (Sardina pilchardus) appartient au grand ordre primitif des Clupéiformes et à la famille des Clupéidés, dont le type est le Hareng*. Alors que ce dernier est un hôte des eaux tempérées froides, des côtes de la Norvège à la Manche, la Sardine se rencontre dans les eaux plus chaudes, notamment dans le golfe de Gascogne et en Méditerranée. L’adulte comme la larve sont pélagiques et microphages, si bien que la métamorphose entre les stades larvaires et juvéniles est peu marquée, sinon par un ralentissement de la croissance. Dans l’Atlantique, la Sardine se reproduit dès la troisième année (taille moyenne : 18 cm) et peut vivre une dizaine d’années, atteignant alors 25 cm. La croissance a lieu pendant la saison chaude : elle commence en mars, est maximale en mai, puis diminue. Parallèlement, les réserves lipidiques s’accumulent dans les tissus de mai à octobre. L’adulte de grande taille est le pilchard. En Méditerranée, la Sardine est mature plus tôt (2 ans ; taille : 12 cm) et meurt plus jeune, dépassant rarement 5 ans et 16 cm.

Dans chacune de ses aires de dispersion, on observe chez la Sardine, comme chez le Hareng, une augmentation du nombre de vertèbres quand la latitude croît. Ainsi, les Sardines des côtes africaines de la Méditerranée ont en moyenne 51,3 vertèbres, et celles de la Manche 52,3.

La Sardine est relativement sténotherme, et sa distribution se limite aux isothermes de surface 12° et 20°. Toutefois, les individus plus âgés ont tendance à remonter plus loin vers le nord, et c’est ainsi que les individus de grande taille, ou pilchards, se rencontrent près des côtes anglaises. La Sardine est également sténohaline et recherche les eaux salées.


Importance économique des Clupéiformes

Les Clupéidés représentent, avec les Engraulidés (Anchois) voisins, près de la moitié du tonnage annuel des pêches marines. On pêche sur les côtes de l’Atlantique, outre la Sardine et le Hareng (Clupea harengus), le Sprat (C. sprattus), l’Allache (Sardinella aurita), l’Alose (Alosa alosa) et la Finte (A. ficta). Le Pacifique Nord héberge une sous-espèce de notre Hareng (Clupea harengus Pallasi), une Sardine (Sardinops cærulea) et la grande Alose (A. sapidissima). Les eaux tropicales africaines sont peuplées de Sardinelles (S. eba et S. aurita) et l’hémisphère Sud de Sardines (Sardinops sagax en Afrique et S. neopilchardus en Australie).

En 1969 (statistiques de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture), on a pêché 8 200 000 t de Clupes, dont 4 p. 100 dans l’océan Indien, 41 p. 100 dans l’Atlantique et 55 p. 100 dans le Pacifique. Ces Poissons sont pêchés soit au filet maillant, soit au filet tournant, éventuellement au chalut. Les statistiques pour la France, en 1971, sont les suivantes (revue France-Pêche), en tonnes :

11 100 t de Harengs sont utilisées fraîches, 20 000 t sont salées et 3 000 mises en boîtes de conserve. Pour la Sardine, 27 700 t sont utilisées à l’état frais, 11 000 t sont mises en conserve et 11 900 t sont congelées.

Le Poisson frais, salé ou congelé n’est pas forcément consommé tel quel, et la transformation ne se limite pas à la boîte de conserve — inventée en 1824 par le Nantais Joseph Colin. Les modes de conservation de Clupes ont été — et sont encore parfois — très variés : séchage (après salage) ; saumure (à 16-25 p. 100) — il faut 4 mois pour la Sardine ; fumage (suivi actuellement de surgélation ou de mise en boîte hermétique) ; marinage (dans le vinaigre salé) ; autolysat (par exemple, le nuoc mam vietnamien). La mise en boîte hermétique se faisait à l’origine à partir de Sardines frites à l’huile ; actuellement, on les cuit à la vapeur. En 1960, les conserves en boîte hermétique comprenaient 20 p. 100 de Sardines, 10 p. 100 de Harengs, 5 p. 100 d’Anchois, 20 p. 100 de Thons, 5 p. 100 de Maquereaux, 14 p. 100 de Saumons, le reste étant représenté par les autres Poissons et par les coquillages.