Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sacerdoce (suite)

 G. Dumézil, Jupiter, Mars, Quirinus (Gallimard, 1941). / S. Wikander, Feuerpriester in Kleinasien und Iran (Lund, 1946). / M. Éliade, Traité d’histoire des religions (Payot, 1949 ; nouv. éd., 1964) ; le Chamanisme et les techniques archaïques de l’extase (Payot, 1951). / J. Colson, l’Évêque dans les communautés primitives (Éd. du Cerf, 1951) ; l’Épiscopat catholique (Éd. du Cerf, 1963). / G. Bardy, A. M. Henry et coll., Prêtres d’hier et d’aujourd’hui (Éd. du Cerf, 1954). / P. Broutin, la Réforme pastorale en France au xviie siècle (Desclée et Cie, 1956 ; 2 vol.). / E. O. James, The Nature and Function of Priesthood (Londres, 1956). / J. Cazeneuve, les Rites et la condition humaine (P. U. F., 1958). / La Tradition sacerdotale (Mappus, Le Puy, 1959). / X. de Chalendar, les Prêtres (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1963). / J. Duquesne, les Prêtres (Grasset, 1965). / R. Coste, l’Homme-prêtre (Desclée et Cie, 1966). / P. Pierrard, le Prêtre français (Bloud et Gay, 1969). / J. Jullian, les Prêtres dans le combat politique (Éd. ouvrières, 1972).

Sacerdoce et de l’Empire (lutte du)

Conflit qui opposa en Allemagne et en Italie l’autorité ecclésiastique (Sacerdoce) à l’autorité laïque (Empire) de 1154 à 1250.


Après le concordat de Worms (1122), qui met fin à la querelle des Investitures*, la rivalité des guelfes* et des gibelins affaiblit la puissance des empereurs au profit de la papauté. Mais, en 1152, la couronne impériale échoit à Frédéric Ier* de Hohenstaufen, dit Barberousse, qui, tout en assurant son autorité en Allemagne, prétend être le maître effectif de Rome et des riches cités de l’Italie du Nord. Héritier de Charlemagne, qu’il fera canoniser en 1165 par « son » pape Pascal III, Frédéric aspire au dominium mundi.

Dès l’abord, il est l’allié du pape anglais Adrien IV (1156-1159), qu’il débarrasse d’Arnaud de Brescia et qui le couronne en 1155. Mais, très vite, les « deux glaives » se dressent l’un contre l’autre avec d’autant plus de résolution qu’en 1159 accède au trône pontifical l’énergique Rolando Bandinelli, qui, sous le nom d’Alexandre III*, va être pour Barberousse un adversaire de taille.

À Alexandre III, que reconnaissent les royaumes d’Occident, Frédéric — qui a soumis les villes lombardes — oppose Victor IV et l’installe à Rome, obligeant Alexandre à se réfugier à Sens jusqu’en 1165.

Entré alors dans la Ville éternelle, le pape légitime y dirige la guerre contre l’empereur excommunié, qui, après la mort de Victor IV (1164), lui oppose Pascal III († 1168), puis Calixte III († 1178). Favorisant les ligues urbaines et s’alliant à Venise et à la Sicile, Alexandre triomphe de l’empereur quand celui-ci est écrasé par l’armée de la Ligue lombarde à Legnano (1176). L’entrevue et la paix de Venise (1177) mettent fin au schisme en ramenant Frédéric dans l’obédience d’Alexandre, qui, lors du troisième concile du Latran (1179), fait assurer pour l’avenir l’élection des papes (avec une majorité des deux tiers des voix) par les seuls cardinaux. Désormais, l’empereur ne peut plus disposer de la tiare.

Cependant, Frédéric va essayer d’obtenir par la diplomatie ce qu’il n’a pu atteindre par la force : il reconnaît l’autonomie des villes lombardes (1183) et marie son fils Henri à Constance, héritière de Sicile, s’assurant ainsi une véritable mainmise sur l’Italie. Aussi, après la disparition de Frédéric en Orient (1190), Henri VI, son successeur, apparaît comme le maître de l’Allemagne et de la péninsule. Mais il meurt dès 1197.

Cette disparition livre l’Empire à l’anarchie ; Innocent III*, élu pape en 1198, devient naturellement l’arbitre de la situation, favorisant d’abord Otton de Brunswick, couronné par lui en 1209 (Otton IV), puis lui opposant le jeune Frédéric II*, qui, en 1213, promulgue à Eger une Constitution assurant à la papauté un pouvoir absolu en Allemagne et confirmant les droits de l’Église en Italie. Il redevient maître de l’Italie du Nord et du Centre, puis reçoit de la veuve d’Henri VI la tutelle de Frédéric ainsi que le gouvernement du royaume de Sicile.

Après sa mort (1216), ses successeurs sont affrontés à l’ambition de Frédéric II, qui, couronné empereur en 1220, prétend rétablir à son profit l’union des deux couronnes, la germanique et l’italienne, puis restaurer l’Empire romain.

Une première fois excommunié par Grégoire IX (1227-1241), l’empereur est contraint de partir pour la croisade. Rentré en Italie, il est relevé des peines spirituelles qu’il a encourues (San Germano, 1230), puis travaille à fortifier son pouvoir en Sicile et en Italie du Nord, où la Ligue lombarde est écrasée (Cortenuova, 1237). Il convoite ensuite le Patrimoine de Saint-Pierre.

Excommunié une seconde fois (1239), Frédéric envahit les États du pape et adresse à tous les princes d’Occident un manifeste où il est question de réunir un concile général pour juger Grégoire IX. Celui-ci étant mort (1241), son successeur, Innocent IV, installé à Gênes, puis à Lyon, lance les convocations à un concile œcuménique qui se réunit en juin-juillet 1245 à Lyon. En fait, ce concile est un tribunal chargé de juger l’empereur. Solennellement déposé par les Pères conciliaires, Frédéric résiste cinq ans, mais bientôt l’Italie et l’Allemagne, livrées à l’anarchie, lui échappent. La victoire de la papauté est complète quand, le 13 décembre 1250, l’empereur est emporté par la dysenterie. Une bulle triomphante annonce l’événement à la chrétienté. Innocent IV rentre à Rome, où jamais plus un Allemand ne s’installera en maître.

Ainsi se termine une lutte d’où l’Empire sort affaibli pour toujours, mais qui, aux yeux du monde, a désacralisé la papauté, l’exposant aux délections des siècles suivants.

P. P.

➙ Alexandre III / Église catholique / Frédéric Ier Barberousse / Frédéric II de Hohenstaufen / Investitures (querelle des).

 R. Foreville et J. Rousset de Pina, Du premier concile du Latran à l’avènement d’Innocent IV (Bloud et Gay, 1953).