Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

route (suite)

Étude des terrains traversés

Il y a deux catégories de terrains : les roches et les sols, ou terres.

• Les roches ignées ou cristallophylliennes donnent en général satisfaction avec des routes solidement assises, mais les excavations sont coûteuses ; d’autre part, il faut compter avec certaines roches feldspathiques (variétés de porphyres ou de basaltes), qui se kaolinisent à l’air humide ou se décomposent ; de même, on doit se méfier de certaines roches sédimentaires ou même métamorphiques, qui subissent une altération, en particulier les roches schisteuses, marneuses et argileuses.

• Les sols, qu’ils soient pulvérulents ou cohérents, posent des problèmes concernant notamment la stabilité des talus de déblais ou de remblais, la résistance de la plate-forme aux efforts transmis par le revêtement du lait de la circulation ainsi que l’altérabilité des propriétés mécaniques sous l’effet du trafic ou de l’humidité ambiante. L’étude de la stabilité des terres est faite en laboratoire ; elle a pour objet d’examiner la résistance à la compression, aux contraintes tangentielles ou à celles de cisaillement ; les variables essentielles sont la cohésion, l’angle de frottement interne et l’hydrophilie des sols, sur lesquels il faut pratiquer les essais Proctor et C. B. R. (indice portant californien).


Étude générale de la structure

• La plate-forme fait l’objet d’une étude spéciale, car il faut prévoir les moyens appropriés et l’organisation nécessaire à sa réalisation. Pour réaliser l’excavation lors de la fouille, les moyens varient suivant la nature des terrains : roches tendres, dures ou très dures ; sols meubles, très cohérents ou durs. En général, on exécute l’excavation mécaniquement, par pelle mécanique, dragline ou excavateur ; en outre, il faut déterminer le type et le nombre des équipements motorisés (tracteurs, bulldozers, scrapers, niveleuses, motorgraders, piocheuses). L’abattage des roches dures nécessite l’emploi d’explosifs disposés dans des trous de mine ou des fourneaux.

• Les accotements, ou zones aménagées de part et d’autre de la route, sont plus larges dans les remblais que dans les déblais ; ils servent à la circulation des piétons et à l’établissement de pistes cyclables ou permettent aux véhicules de déborder de la chaussée en cas de manœuvres forcées.

• Les bordures servent à limiter l’accotement et à éviter l’écaillage des bords extrêmes de la chaussée en les épaulant. Droites ou inclinées, elles sont constituées par des blocs de pierre ou de béton implantés en légère surélévation (10 cm) pour faire obstacle aux débordements trop fréquents et intempestifs des véhicules.

• Les fossés, creusés longitudinalement, à la limite extérieure de chaque accotement, recueillent les eaux de pluie, à partir des caniveaux, par des saignées obliques, traversant les accotements surélevés.

• Les croisements se situent à l’intersection de deux courants de circulation ; ce sont des points dangereux quand il s’agit de croisements à niveau, qui doivent être aménagés afin de procurer avant tout une visibilité suffisante pour permettre l’arrêt si la voie traversée est protégée ou le ralentissement s’il s’agit de routes de même importance.

• Les ouvrages d’art servent de franchissement quand il s’agit de passages supérieurs ou inférieurs. Ils comprennent les ponts, les viaducs et les tunnels ; ces derniers évitent les tranchées larges et profondes dans les régions accidentées.


Étude de la structure en profondeur

Cette structure, dont les différentes couches sont définies avec le choix et la nature des matériaux constitutifs, peut se présenter sous la forme soit d’un type rigide à revêtement en dalles de béton de ciment, soit d’un type souple (revêtement en enrobés bitumeux, enduits superficiels au goudron ou au bitume fluide), ou bien enfin d’un pavage à certains carrefours, dans des virages à angle droit ou aux entrées de fabriques fréquentées par des camions, telles que sucreries, distilleries, laiteries.


Construction


Travaux de terrassement

On détermine la surface à occuper, le volume des terrassements en remblais et en déblais, les lieux d’emprunt éventuel de bons sols et ceux de dépôt.


Préparation du terrain de fondation

On décape, on compacte au cylindre lourd (de 50 à 100 t) s’il y a des inégalités de portance, on nivelle et, au besoin, on place une couche de forme que l’on densifie.


Construction du corps de chaussée et du revêtement de surface

Dans les diverses couches prévues, la compacité, la cohésion et la résistance à l’infiltration des eaux de pluie doivent aller en croissant, depuis la fondation jusqu’à la surface. L’épaisseur des diverses couches de fondation, de base et de surface est déterminée successivement par la méthode C. B. R. (indice portant californien), corrigée au besoin pour tenir compte du degré de qualité des matériaux utilisés, car cette dernière est l’élément essentiel de la longévité de la route. Pour les routes modernes, notamment pour celles qui sont à chaussée souple, on utilise de plus en plus en France les graves, mélanges, naturels ou concassés, de cailloux, de graviers et de sables, avec parfois présence de parties plus fines. Une grave-ciment est un béton très maigre, traité avec 3,5 p. 100 de ciment (contre 7 p. 100 pour béton maigre classique). On emploie les graves non traitées pour les couches de fondation et les graves traitées au ciment, au laitier, au bitume ou à l’émulsion pour les couches de base.

Le revêtement de surface est mis en place une fois la construction du corps de chaussée terminée.


Travaux annexes

Ceux-ci comprennent le drainage sous accotement, la pose des bordures et l’aménagement des fossés. Quant aux ponts, aux tunnels et aux viaducs, ils sont généralement construits en premier lieu.

M. D.

➙ Autoroute / Circulation / Granulat / Mécanique des sols / Mortiers et bétons / Revêtement routier.