Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rome (suite)

Le pape se refuse à reconnaître cette nouvelle situation, et la ville tend, dès lors, à se couper en deux. À l’occasion, l’anticléricalisme latent se déchaîne. L’État bâtit un palais de justice, des casernes, des ponts. On érige le monument à Victor-Emmanuel II. Les parcs de grandes villas deviennent publics ou parfois sont lotis. De nouveaux quartiers sont créés. La croissance est très rapide : 210 000 habitants en 1870, 450 000 en 1900. Rome demeure une capitale administrative : une ville sans industrie, comme elle l’a toujours été, sans banlieue agricole, sans port.

La « marche sur Rome » de 1922 inaugure l’ère fasciste (v. fascisme). Mussolini* relie Ostie à Rome par une autoroute, perce la large voie qui traverse les ruines fraîchement mises au jour des forums impériaux. Près du monte Mario, les gradins du forum Mussolini (auj. foro Italico) réunissent les enthousiastes du régime. Les accords du Latran (1929) règlent enfin la « Question romaine » en constituant une Cité du Vatican*, État indépendant. La prolifération administrative marche de pair avec la croissance de la population : un million de Romains vers 1930, ce qui ramène à peu près au chiffre antique. Ces nouveaux Romains viennent pour moitié ou presque de l’Italie du Sud et des îles. La Seconde Guerre mondiale amène une période de misère (l’hiver 1943-44 est très dur), mais les destructions sont limitées. Les premières bombes américaines tombent en juillet 1943. La reddition de l’Italie provoque la venue des troupes allemandes dans Rome, qui est de nouveau visée par les bombardements et en même temps livrée à la Gestapo (massacre de la cave Ardéatine, 24 mars 1944). La libération a lieu le 4 juin 1944 par l’armée américaine qui suit la voie Appienne. Rome émerge ensuite lentement de son chômage, de sa pénurie, de sa misère. L’afflux des provinciaux reprend. Le palais du Quirinal abrite à partir de 1946 les présidents de la République italienne, la monarchie ayant été renversée par référendum. La vitalité du Vatican se manifeste par le concile œcuménique de 1962-1965.

R. H.

➙ Italie / Latium / Vatican.

 L. Homo, Rome médiévale (Payot, 1934) ; Rome impériale et l’urbanisme dans l’Antiquité (A. Michel, 1951). / D. Van Berchem, les Distributions de blé et d’argent à la plèbe romaine sous l’Empire (Georg, Genève, 1939). / R. Vielliard, Recherches sur les origines de la Rome chrétienne (Impr. Protat, Mâcon, 1941). / J. Delumeau, la Vie économique et sociale à Rome dans la seconde moitié du xvie siècle (De Boccard, 1959 ; 2 vol.) ; Rome au xvie siècle (Hachette, 1975). / N. Denis-Boulet, Rome souterraine (Fayard, 1965). / P. Frederix, Rome. Histoire de la ville éternelle (A. Michel, 1969). / L. Aubrac, Rome (la Documentation fr., « Notes et études documentaires », 1970).


Rome ville d’art


La Rome antique

Celle-ci étant largement évoquée dans l’article chronologique consacré à l’art romain (v. Rome [État]), on donnera ici un aperçu de topographie monumentale.


Le Palatin

La tradition qui plaçait sur cette colline la Rome primitive, fondée vers le milieu du viiie s. av. J.-C., est largement confirmée par l’archéologie ; on peut voir sur place les fonds de cabane des « compagnons de Romulus », exhumés au début de notre siècle, ainsi que des silos et des restes de fortifications, ceux-ci du ive s. av. J.-C. Le premier monument important qui ait survécu est le temple de la Magna Mater (Cybèle), installé dans les toutes dernières années du iiie s. av. J.-C. et réduit à un podium arasé. À la fin de la République, le Palatin est le quartier aristocratique : Cicéron et la plupart de ses amis ou rivaux y habitent. Plusieurs maisons de cette époque sont conservées sous les constructions impériales ; la plus importante est la « maison des Griffons » (v. 80 av. J.-C.). Octave s’établit sur le Palatin en 36 av. J.-C. et ne le quittera plus ; sa résidence était en fait un complexe composé de plusieurs domus, dont deux sont conservées : la prétendue « maison de Livie » et celle qui fut découverte plus bas, sur la pente sud, par les fouilles, encore en cours, de G. Carettoni. Le temple d’Apollon, annexe de la demeure du prince, est également identifié avec certitude. Progressivement, le Palatin sera envahi par les résidences impériales, qui forment deux groupes principaux : le palais de Tibère, caché par les jardins Farnèse, dont on voit seulement les accès et les annexes (d’ailleurs postérieures), et le palais de Domitien, complètement fouillé ; on y distingue deux parties, l’une publique, avec en façade, du côté nord, une salle du trône et une basilique, et l’autre privée.


Le Capitole

Son occupation est moins ancienne. En 509 av. J.-C., les consuls inaugurent le temple de Jupiter, Junon et Minerve, construit par le roi étrusque Tarquin, qui vient d’être chassé. L’autre sommet de la colline sert de citadelle (arx), avec un temple de Junon Moneta (« qui avertit ») et ses oies sacrées. Là s’installe au iiie s. la « monnaie ».


Le Forum primitif

La dépression marécageuse au nord du Palatin sert de cimetière avant son drainage par les Tarquins au moyen de la « Cloaca maxima » ; de 600 av. J.-C. environ à la fin de l’Antiquité, ce lieu va être le centre politique de Rome. Pendant la République, deux places l’occupent : le Forum, allongé d’est en ouest, et le Comitium, d’orientation générale nord-sud. Le plus ancien ensemble monumental est établi au pied du Palatin, avec le temple de Vesta (qui, dans son état actuel, date du début du iiie s. apr. J.-C.), la Regia, résidence du roi, puis du grand pontife, et la maison des vestales. Deux temples du côté sud, dédiés aux Dioscures et à Saturne, sont fondés au ve s. av. J.-C. et reconstruits sous Auguste ; ils encadrent la basilique Julia, fondée par César et réalisée par Auguste. Le côté nord de la place a été profondément transformé par la suppression du Comitium, décidée par César ; on peut voir là cependant le plus ancien vestige archéologique du secteur, un monument funéraire du ive s. av. J.-C., qui contenait la plus vieille et la plus énigmatique des inscriptions latines. Les « rostres » (tribune) et la Curie ont remplacé, par la volonté de César, des édifices situés plus au nord sur le Comitium. La basilique Aemilia, qui occupe la plus grande partie du côté septentrional, est fondée dès 179 av. J.-C. ; son état actuel est augustéen. Les deux petits côtés de la place sont fermés, celui de l’est par le temple de Jules César, celui de l’ouest par le Capitole, portant le tabularium sullanien, avec à son pied le temple de la Concorde, fondé au ive s. av. J.-C., et l’arc de Septime Sévère.