Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

assurance (suite)

Le Lloyd’s

L’histoire du Lloyd’s est indissolublement liée à l’assurance maritime. C’est dans la taverne d’Edward Lloyd que se constitua de façon informelle une Bourse d’assurance en 1688. Des courtiers de l’assurance maritime proposaient des risques qui étaient souscrits par des négociants et des banquiers. Par la suite, les assureurs ainsi réunis formèrent un conseil, dont le président le plus connu fut John Julius Angerstein. Sous sa présidence, le Lloyd’s émigra au Royal Exchange, qui était une Bourse d’assurance constituée en 1571. Le premier « Lloyd’s Act », constatant l’existence officielle du Lloyd’s, date de 1871. Un autre « Lloyd’s Act » (1911) leur reconnaît la possibilité de faire d’autres assurances que de l’assurance maritime.

Le Lloyd’s est donc une Bourse d’assurance dont les membres sont répartis en quatre associations : Lloyd’s Aviation Underwriters’ Association, Lloyd’s Motor Underwriters’ Ass., Lloyd’s Underwriters’ Ass., Lloyd’s Underwriters’ Non-Marine Ass.

Le Lloyd’s comprend des brokers (courtiers) réunis au sein d’une association (Lloyd’s Brokers’ Ass.) et des underwriters (souscripteurs). Brokers et underwriters ne sont acceptés qu’après de nombreuses formalités.

Le Lloyd’s est actuellement le groupe le plus puissant d’assurance. On lui doit la création de nombreuses couvertures de risques, comme l’assurance contre les pertes de bénéfices, les assurances de bijoux et de nouvelles formes de traités de réassurance.


Rôle économique de l’assurance

L’assurance française représentait vers 1970 3,7 p. 100 du revenu national et 2,9 p. 100 du produit national brut (60 p. 100 étaient redistribués aux agents économiques sous forme de règlements de sinistres). Son taux de développement était 2,5 fois celui du produit national. Le haut niveau d’activité de cette industrie est le fait des pays fortement industrialisés (États-Unis : 3,2 p. 100 du revenu national et 2,9 p. 100 du produit national ; R. F. A. : 4,2 et 3,2, à la même époque).


Assurance et développement économique

Du fait de la mutualisation des risques, l’assurance permet de transformer l’aléa en coût et en coût relativement réduit. Elle constitue ainsi un encouragement à l’investissement. Par ailleurs, activité tertiaire, elle est créatrice d’emplois, et ce malgré l’essor de l’électronique dans cette branche de l’activité économique. En outre, elle est créatrice d’épargne ; en effet, les primes payées (considérées comme de la consommation par l’assuré, sauf en assurance sur la vie) sont mises en réserve par les compagnies. Les placements sont ensuite effectués sur les différents marchés de capitaux.

L’assurance crédit

L’assurance crédit garantit l’assuré contre l’insolvabilité de ses débiteurs à terme. Elle ne concerne que des dettes résultant d’opérations commerciales. Le partage du risque entre l’assureur et l’assuré est à la base même de l’assurance crédit, et il est pratiquement consacré par toutes les polices (pourcentages de couverture variant entre 70 et 95 p. 100 selon les débiteurs et la durée du contrat). L’assurance crédit, de création récente, n’est pas régie par la loi du 13 juillet 1930.

Elle est utilisée quelquefois pour le commerce intérieur, mais son domaine d’élection est surtout le commerce extérieur.

Elle est accordée, en France, par la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (C. O. F. A. C. E.), qui a le monopole de l’assurance crédit à l’importation et à l’exportation. Cet organisme a été créé, en même temps que la « Banque française pour le commerce extérieur », par la loi du 2 décembre 1945 et le décret du 1er juin 1946, leur institution paraissant nécessaire du fait de la situation économique après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

La C. O. F. A. C. E. agit pour le compte de l’État quand elle assure contre les risques politiques, catastrophiques ou monétaires des opérations commerciales à long terme d’importation ou d’exportation. Elle agit comme une compagnie ordinaire d’assurance en ce qui concerne les risques commerciaux provenant d’opérations à court terme.

Les opérations à moyen et à long terme sont garanties par une police contre les risques politiques et catastrophiques, contre les risques de transfert, les risques de pertes consécutives à l’interruption d’un marché, les risques de changes. Toutes ces garanties peuvent être accordées à la fois ou seulement certaines d’entre elles.

Pour les opérations à court terme, la C. O. F. A. C. E. accorde des polices globales (polices revolving), qui sont conclues non pas opération par opération, comme pour le long et le moyen terme, mais pour une durée indéterminée et sur tout le chiffre d’affaires à l’exportation d’une entreprise donnée.

Pour favoriser le commerce extérieur, la C. O. F. A. C. E. accorde des polices d’assurance foire et d’assurance prospection : dans ce cas, il y a sinistre lorsque le chiffre d’affaires réalisé lors de ces opérations n’est pas suffisant pour amortir les frais engagés pour la foire ou lors de la prospection.


Assurance et activité financière

Le montant total des actifs des sociétés d’assurance se montait en France à 59,5 milliards de francs en 1970. Leur influence sur les marchés financiers se fait sentir, quand on sait que 68 p. 100 de ces actifs sont placés en valeurs mobilières ; 17,5 p. 100 sont placés en immeubles, le reste étant représenté par des prêts et des liquidités. On comprend par là l’énorme importance que présentent les « clients institutionnels » pour les marchés boursiers français.

Cette structure n’est pas la même dans les pays étrangers : aux États-Unis, par exemple, les valeurs mobilières (actions et obligations, ainsi que rentes d’État) représentent 53 p. 100, les hypothèques 35 p. 100, les immeubles 3 p. 100 et les autres placements 9 p. 100.

Cette structure peut être expliquée à la fois par les fortes fluctuations des bourses américaines, par la bonne organisation du marché des créances hypothécaires et par la faible rentabilité des immeubles.