Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rio de Janeiro (suite)

On a souvent voulu comparer Rio de Janeiro à Naples et ramener cette cité laborieuse à son carnaval ; il est vrai qu’on ne connaît pas Rio si l’on n’a pas assisté au carnaval et qu’on ne la connaît pas davantage si l’on n’a suivi un match de football dans l’immense stade de Maracanã (200 000 places). Mais la ville des écoles de « samba » et des terrains de football sur les plages, la Copacabana chère aux touristes, est aussi un grand port et une grande métropole industrielle.

J. M.

M. R.

 A. Jouffroy, le Brésil (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1958). / L. M. C. Bernardes, Evoluçao da paisagem urbana do Rio de Janeiro (Rio de Janeiro, 1959). / M. Niedergang, les Vingt Amériques latines, t. I (Plon, 1962 ; nouv. éd., Éd. du Seuil, 1969). / Conselho Nacional de Geografia, Grande Região Leste (Rio de Janeiro, 1965).

Rio Grande do Sul

État du Brésil.


Le Rio Grande do Sul est l’État le plus méridional du Brésil. Sa superficie (282 184 km2), égale à environ la moitié de la superficie de la France, n’est occupée que par une population relativement peu dense, qui a, cependant, considérablement augmenté depuis la fin du xixe s. En effet, pendant longtemps, cette partie du Brésil représenta une zone frontière très peu peuplée et très peu mise en valeur. C’est à la fin du xixe s. que la seconde vague d’immigration européenne y provoqua la formation des premières zones de colonisation agricole dense et l’implantation d’un groupe humain assez spécifique au Brésil, tant par les caractères de son agriculture que par ses activités industrielles.


Le milieu naturel

Le Rio Grande do Sul possède un relief assez contrasté : au nord, il est formé par la partie méridionale du grand plateau brésilien ; au sud, il est occupé par une grande dépression, une zone de collines et une zone de petites montagnes. À ces contrastes nord-sud s’oppose un littoral qui est uniformément constitué d’une longue plaine littorale marécageuse, faite de lagunes tantôt petites, tantôt immenses, telle la lagune dos Patos, qui s’étend sur une distance de près de 150 km entre les villes de Pôrto Alegre et de Rio Grande. Le plateau est essentiellement formé de basalte ; il s’incline d’est en ouest, de 1 200 m dans la partie orientale jusqu’à 300 m à l’ouest ; peu disséqué dans la zone centrale, il est extrêmement morcelé dans son rebord méridional, drainé par l’ensemble des bassins du Jacuí et du Taquari, dont les vallées encaissées peuvent subir des crues parfois catastrophiques. À l’est, il se termine par un escarpement vigoureux, dû à la ligne de faille de la serra Geral. La dépression centrale, qui borde au sud cette partie disséquée du plateau, est une zone de basses collines, entre 100 et 200 m. Au sud-ouest, cette plaine s’étend jusqu’à la frontière uruguayenne ; vers le sud-est, elle est interrompue, au sud de la vallée du Jacuí, par une zone de petites montagnes appelées les serras du Sud-Est ; celles-ci représentent les parties soulevées du vieux socle cristallin, qui constitue le soubassement de la dépression centrale ; ce paysage est dominé par de longs dos de terrains aux formes lourdes dont l’altitude ne dépasse pas 500 m.

Le climat est, dans l’ensemble, subtropical humide ; l’hiver est déjà nettement marqué, avec des moyennes n’excédant pas 10-12 °C et des minimums parfois au-dessous de 0 °C ; l’été reste chaud, avec des moyennes de 23-24 °C. Les pluies, assez bien réparties, dépassent en général 1 m par an et tombent en toute saison, avec une légère prédominance de printemps et d’automne. Pourtant, en dépit de cette pluviosité, la végétation naturelle est rarement la forêt, sauf sur le plateau septentrional, où domine la grande forêt subtropicale avec la présence caractéristique de l’araucaria. La partie plus basse du plateau, l’ensemble de la dépression centrale et de la zone méridionale sont essentiellement couverts de prairies naturelles qui annoncent déjà la pampa de l’Uruguay et d’une partie de l’Argentine.


La population et l’économie

En marge des foyers de l’époque coloniale portugaise, pendant laquelle les colons cherchaient les plaines tropicales pour la culture de la canne à sucre ou les zones de socle renfermant des minerais rares, le Rio Grande do Sul n’a été peuplé, jusqu’au milieu du xixe s., que de rares habitants ; ceux-ci vinrent d’abord en expédition pour la conquête de l’espace et la recherche d’esclaves, puis s’installèrent comme grands propriétaires pratiquant l’élevage extensif dans les zones de prairies naturelles de la dépression ou de la partie occidentale du plateau.

À partir du xixe s., la grande vague d’immigration européenne envahit non seulement l’Argentine et l’Uruguay, mais également cette partie méridionale du Brésil, où se retrouvent des conditions de vie relativement semblables, grâce à un climat assez proche de l’atmosphère tempérée. D’abord, ce furent des immigrants allemands, puis italiens qui s’installèrent dans cette région, au nombre d’environ un million ; ensuite vinrent des colons d’origines plus variées : de l’Europe de l’Est, du Portugal, de l’Espagne. L’État dépassait déjà le million d’habitants en 1900, les 2 millions en 1920 et les 3 millions en 1940 : actuellement, il en compte certainement plus de 7 millions. Depuis 1940, l’immigration s’est beaucoup ralentie, et la croissance résulte surtout d’un très grand excédent naturel. Les immigrants se sont d’abord intéressés à la partie forestière du plateau, où les sols étaient meilleurs et où, après défrichement, ils ont pu pratiquer la polyculture à l’européenne. Par la suite, l’essor urbain, et particulièrement celui de la capitale, Pôrto Alegre, en a fixé une partie, qui a fourni la main-d’œuvre indispensable à l’industrialisation croissante de la ville.

Cette histoire du peuplement se traduit nettement, de nos jours, dans les formes de la mise en valeur et la répartition de la population. Les densités rurales varient selon les zones : souvent supérieures à 40 habitants au kilomètre carré dans la partie orientale du plateau, elles se situent autour de 25 dans le Nord et le Nord-Ouest, et elles tombent à moins de 4 dans toute la partie occidentale et méridionale de la dépression. Ces différences correspondent à la fois aux types de propriétés et aux formes de mise en valeur. Sur le plateau, la moyenne des propriétés se situe souvent au-dessous de 25 ha, jamais au-dessus de 100 ha, tandis que, dans la partie occidentale et méridionale de la dépression, elle est toujours au-dessus de 400 ha. En fait, cela traduit l’opposition entre une polyculture variée, reposant sur les céréales (blé, riz, maïs), le tabac et le vignoble dans les zones de colonisation européenne, et un élevage extensif dans la partie méridionale des prairies, peu touchée par l’immigration européenne ; le cheptel bovin de l’État dépasse 22 millions de têtes et représente encore l’une des premières richesses de cette zone grâce à l’exportation de la viande et à la fourniture de matières premières aux nombreuses industries de produits laitiers et de cuir. La polyculture à l’européenne comme l’élevage extensif font l’objet d’une économie très commercialisée, si bien que l’ensemble du Rio Grande do Sul s’organise autour d’un véritable réseau de villes, petites et moyennes, qui assurent l’encadrement tertiaire de la campagne. Toutes ces cités sont bien reliées à Pôrto Alegre par un réseau dense de routes, tandis que le bassin fluvial du Jacuí a été aménagé par une série de barrages pour permettre la navigation fluviale jusqu’à Pôrto Alegre. Malgré un début d’industrialisation dans quelques villes de l’intérieur, comme Caxias do Sul, capitale régionale du haut plateau, ou comme Santa Maria, l’essentiel de l’industrie se trouve à Pôrto Alegre ; la ville compte plus de 1 000 000 d’habitants, tandis que la deuxième cité de l’État n’en atteint pas 200 000 et que trois autres villes seulement dépassent 100 000 habitants. Bien qu’il comporte plusieurs régions par suite des contrastes naturels, des différences de mise en valeur agricole et de l’influence des quelques capitales régionales, l’État se caractérise par une forte cohésion de son espace, grâce au rayonnement de Pôrto Alegre ; la ville et ses alentours immédiats forment la partie qui connaît la plus forte croissance démographique depuis une quinzaine d’années.

M. R.

➙ Pôrto Alegre.