Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rio de Janeiro (suite)

Cette extension des quartiers riches au sud du centre des affaires a rapidement posé un problème de circulation routière. Il a fallu vaincre le site eu perçant les zones rocheuses qui séparent les plages par des tunnels, comme celui qui relie Botafogo à Copacabana, ou en aménageant devant les quartiers, par remblaiement d’abord de la baie, puis de la haute mer, un système de voies express qui relient directement les zones résidentielles au centre des affaires. Actuellement, un anneau continu permet de longer l’ensemble des plages depuis le centre des affaires jusqu’à la haute mer, puis l’ensemble de la plage de Copacabana, sur plus de 4 km, jusqu’à la plage d’Ipanema. Ces zones remblayées, aménagées non seulement pour la circulation routière, mais également pour la distraction, avec des plages plantées de palmiers et pourvues de diverses installations, présentent un aspect très caractéristique et particulièrement attrayant.


La zone nord

À l’opposé, l’espace situé au nord de la ville, sur la rive occidentale de la baie de Guanabara, a été utilisé pour l’extension des quartiers de résidence modeste et pauvre le long des voies de chemin de fer qui assurent l’acheminement des employés et des ouvriers vers le centre des affaires ou la zone portuaire qui le borde le long de la baie. Partout où le site le permettait, là où les pentes n’étaient pas trop escarpées, cette zone nord s’est organisée en quartiers de petites maisons ou d’immeubles modestes, avec un plan en damier dans les zones plus vastes et un plan on arêtes de poisson le long de l’axe principal lorsque la vallée est plus étroite. C’est le long de ces axes ferroviaires ou routiers du bord ouest de la baie que se sont également installées la plupart des usines au début de l’essor industriel de Rio de Janeiro. Actuellement, la croissance de la ville s’effectue d’une façon plus systématique, par l’organisation de zones industrielles au-delà de l’espace urbain ou de banlieues de résidence à partir des anciens noyaux ruraux et de petits centres situés dans la plaine en bordure de la baie. Le très grand escarpement de la serra do Mar domine, à des altitudes de plus de 1 000 m, l’ensemble de cette région urbaine. À son pied, vers le fond de la baie ou dans la vallée intérieure de Jacarepaguá, se multiplient les zones d’habitations à bon marché construites par la Banque nationale d’habitation : ces quartiers sont faits de petits immeubles ou, la plupart du temps, de toutes petites maisons serrées les unes contre les autres. Ils correspondent aux efforts de relogement en faveur des habitants des favelas. L’urbanisme tente, ainsi, d’éliminer progressivement les bidonvilles situés au cœur même de l’agglomération.

La très grande agglomération de Rio de Janeiro peut être considérée comme une véritable région urbaine, qui comprend non seulement l’agglomération proprement dite, telle qu’elle vient d’être décrite, mais aussi un certain nombre d’annexes : satellites industriels situés dans la plaine littorale le long des voies ferrées ; zones de résidences secondaires dans la montagne de la serra do Mar ; anciennes villes de résidences secondaires devenues de véritables centres urbains annexés comme Petrópolis. Enfin, la grande ville de Niterói, de l’autre côté de la baie de Guanabara, à l’est, s’intègre également dans cette région urbaine, étant reliée, depuis 1974, par un pont routier (long au total de plus de 13 km) à Rio. Certes, elle a eu ses fonctions propres en tant que capitale de l’ancien État de Rio de Janeiro ; celui-ci fut, jusqu’en 1975, séparé de la ville même de Rio, qui, en tant que capitale fédérale, ne pouvait faire office de capitale d’État. Après la perte de sa fonction de capitale fédérale, Rio de Janeiro était devenue capitale du petit État de Guanabara, dont le territoire formait auparavant le district fédéral. Cependant, Niterói vit de plus en plus fortement en symbiose avec la grande agglomération de Rio.

L’histoire de Rio de Janeiro et les « Cariocas »

Une volonté politique

La fortune de la ville est historique plus que géographique : elle tient à la politique. Rio de Janeiro, reconnue le 1er janvier 1502 (« Rivière de Janvier »), est d’abord un poste de défense portugais contre la menace de pénétration française (Villegaignon [v. 1510-1571] y installe une colonie française de 1555 à 1560) ; dans une seconde étape, elle se trouve au centre de la façade brésilienne, qu’une prodigieuse croissance étire sur plusieurs milliers de kilomètres. Le transfert des autorités de Bahia à Rio de Janeiro en 1763 consacre cet état de choses. Le Brésil est longtemps resté une façade côtière, et la fonction de capitale s’est exercée par l’intermédiaire de la mer. Si le site urbain est difficile, le site portuaire est remarquable, ce qui explique l’acharnement mis par les Portugais à défendre la possession de la baie et le développement rapide de la ville : lorsque Duguay-Trouin et ses Malouins pillent la ville en 1711, celle-ci commande une région peuplée et déjà riche.

La vie des « Cariocas »

Les habitants de Rio de Janeiro, les « Cariocas », n’ont rien perdu de leur fierté lorsque São Paulo a dépassé le chiffre de population de leur « cité merveilleuse » ; ils se sont consolés du départ des autorités fédérales pour Brasília (21 avr. 1960).

Pierre Monbeig a dit de Rio de Janeiro qu’elle était « la plus brésilienne des villes du Brésil ». Riches et pauvres, séduits par le voisinage du gouvernement et les occasions que cela signifie, sont venus de tous les coins du pays représenter tous les types ethniques et culturels. Cette population s’entasse sur un territoire restreint par le relief, se faufile dans les espaces-plans et ne tardera pas à se lancer à l’assaut des pitons, suivant l’exemple donné depuis longtemps par les favelas. Le morcellement et l’étroitesse des sites expliquent l’étirement de la ville et les difficultés de la circulation automobile.