Rifbjerg (Klaus) (suite)
En 1958, Rifbjerg publie un roman, l’Innocence chronique, qui affirme sa virtuosité dans le maniement de sa langue. Le recueil de nouvelles Et d’autres histoires (1964) retrouve les problèmes de l’adolescence ; ce sera l’unique contribution de Rifbjerg à la prose « expérimentale ». En 1966, Amateur d’opéra, roman psychologique qui ne manque pas d’humour, fait la preuve de son sens aigu des rapports et des situations, tandis que les Archives (1967) brossent un tableau des années 1953-1955, vides d’événements et de personnages marquants. Alors que dans Lonnie et Karl (1968) surgissent, derrière le comique et la fantaisie, chaleur et franchise, le recueil Voyageurs (1969) compose des variations sur le thème des relations conflictuelles : l’une des nouvelles de ce recueil, Correspondance, esquisse même le thème du roman publié la même année, Anna (moi) Anna, d’abord conçu comme feuilleton radiophonique. Changeant encore de direction, Rifbjerg publie en 1972 Lena Jørgensen, Klintevej 4, 2650 Hvidovre, roman dont l’action se situe dans le milieu ouvrier danois actuel.
Auteur dramatique, il lest devenu par le biais du music-hall : en collaboration surtout avec Jesper Jensen, il travaille à renouveler la revue traditionnelle au début des années 60, se donnant pour but d’exposer notre comportement social et moral face à l’existence. Il donne ainsi, entre autres, deux comédies musicales : Qu’est-ce qu’on va faire ? (1963) et Séjour discret (1964). Sa première pièce, l’année suivante, Évolutions, est avant tout un jeu avec les accessoires et les conventions du théâtre. Après une comédie, Ce dont un homme a besoin (1966), Voks (1968) unit l’impératif du verbe grandir en danois et le mot latin vox (la voix), deux concepts essentiels pour le thème de l’identité qui y est étudié. En 1970, le drame Des années peint une famille danoise au temps de l’occupation allemande. En 1971 suivent deux pièces en trois actes : les Fous et La réponse est écrite dans le vent.
En marge de sa production littéraire, Rifbjerg a écrit les dialogues de plusieurs films, dont les Folles Années (1959), Week-End (1962), Deux (1964), Il y avait une fois une guerre (1966). Journaliste polémique, critique littéraire, poète d’avant-garde, romancier et dramaturge de premier plan, son nom est devenu le symbole de tout ce qui fait sensation en littérature aujourd’hui au Danemark.
J. R.
C. Clausen, Questions aux poètes (en danois, Copenhague, 1966). / T. Brostrøm, Klaus Rifbjerg, un poète dans le temps (en danois, Copenhague, 1970).