Riemenschneider (Tilman) (suite)
La maturité de la carrière de Tilman Riemenschneider est marquée par l’exécution de retables importants : celui du Précieux Sang à Sankt Jakob de Rothenburg (1501-1505) représente la Cène sur le panneau central et, en bas relief sur les volets latéraux, l’Entrée à Jérusalem et le Mont des Oliviers ; celui de la Vierge à Creglingen (1505-1510) est une œuvre ample et complexe illustrant le thème marial, de l’Annonciation à l’Assomption. Tous deux se caractérisent par un souci d’unité et de cohésion qui conduit le sculpteur à faire évoluer ses personnages devant un arrière-plan percé de baies flamboyantes ; celui-ci fournit un élément d’espace et de profondeur, et intègre les formes dans la composition générale au lieu de les juxtaposer sur un fond nu. L’influence des gravures hollandaises est nette dans ce parti.
Dans la dernière période de la vie de l’artiste, les œuvres prennent un caractère moins personnel. La part de l’atelier dans la réalisation des commandes nombreuses doit être plus importante, mais la production de Riemenschneider se poursuit dans des genres variés, où dominent les statues isolées (Vierge du musée municipal de Sculpture [Liebieghaus] de Francfort ; Crucifix de l’église de Steinach ; Vierge du Rosaire de l’église de Volkach).
Tilman Riemenschneider n’a, sans doute, pas ignoré les recherches de la Renaissance italienne, mais il n’en a pas marqué ses figures, dernières floraisons du gothique, lyriques et mesurées, où les mains, les chevelures, les vêtements servent de support à l’expression de ce réalisme sans excès qui domine toujours son sentiment plastique.
M. L.
K. Gerstenberg, Tilman Riemenschneider (Vienne, 1941 ; 4e éd., Munich, 1955).