Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

rhumatisme (suite)

Tantôt, il s’agit de crises articulaires inflammatoires, fluxionnaires aiguës (pseudo-goutte), atteignant les grosses articulations (genoux, chevilles, épaules, poignets), qui sont rouges, chaudes, douloureuses et gonflées ; ces crises sont accompagnées de fièvre et de fatigue. Spontanément ou sous traitement, on assiste à la guérison sans séquelles en 2 à 4 semaines. De nouvelles crises peuvent survenir ultérieurement.

Tantôt, il s’agit d’arthropathies chroniques atteignant les genoux, les hanches et la colonne vertébrale. Les articulations sont douloureuses et enraidies. La marche est difficile. Les signes radiologiques sont caractérisés par des calcifications des cartilages articulaires et des fibrocartilages (symphyse pubienne, ménisques du genou, disques intervertébraux). Biologiquement, il existe un syndrome inflammatoire non spécifique (vitesse de sédimentation accélérée, augmentation des α-2-globulines, mais recherche du facteur rhumatoïde négatif). Le bilan phospho-calcique est normal. L’étude du liquide de ponction articulaire, indispensable, montre la présence de cristaux de pyrophosphate de calcium, ce qui ne se voit que dans cette maladie. Le pronostic de la maladie est relativement favorable. Le traitement est symptomatique (repos, ponction articulaire, antalgiques).


Rhumatisme alcaptonurique

L’alcaptonurie (également dénommée ochronose) est une maladie métabolique génétiquement transmise. Normalement, la dégradation de la tyrosine et de la phénylalanine (acides aminés) passe par un corps intermédiaire, l’acide homogentisique. Celui-ci est dégradé grâce à une enzyme présente dans le foie et les reins, l’homogentisicase. Cette enzyme manque dans la maladie, et l’acide homogentisique s’accumule dans l’organisme et s’élimine dans les urines. Dans celles-ci, laissées à l’air, il subit une oxydation qui aboutit à l’alcaptone, corps brunâtre, ce qui explique le brunissement des urines des malades. Le rhumatisme survient vers la trentaine et atteint la colonne vertébrale, les genoux, les épaules et les hanches, qui sont douloureux et enraidis. Les épanchements articulaires sont fréquents. Ce rhumatisme évolue d’une façon chronique vers l’impotence et l’ankylose. Radiologiquement, il existe des calcifications des disques intervertébraux, avec pincement articulaire expliquant les fréquentes sciatiques rencontrées au cours de la maladie. Le traitement du rhumatisme alcaptonurique est celui d’un rhumatisme dégénératif.


Arthropathies nerveuses


Tabès

Dans le tabès, atteinte nerveuse de la syphilis*, des troubles ostéo-articulaires se rencontrent dans 10 p. 100 des cas. Ils siègent essentiellement au niveau des membres inférieurs, au genou le plus souvent, mais on peut les observer au pied, à l’épaule, au coude, au rachis. Le début est brusque. La déformation de l’articulation est considérable, mais le malade ne ressent aucune douleur. Il existe des troubles vaso-moteurs importants. L’évolution se fait par poussées et aboutit à la constitution de graves lésions articulaires et osseuses définitives, telles celles qui sont rencontrées dans le « pied cubique » de Charcot. Tout ces troubles seraient d’origine neurologique.


Syringomyélie

Dans cette maladie de la moelle épinière, les lésions ostéo-articulaires reproduisent celles du tabès, mais sont de siège différent : épaule, coude, poignet, main.


Diabète

Des lésions ostéo-articulaires accompagnent les troubles de dégénérescence nerveuse de la maladie et siègent le plus souvent au pied, où elles accompagnent un mal perforant plantaire. Ces lésions rappellent, elles aussi, celles du tabès (destruction, remaniement et reconstruction osseuse anarchique).


Lèpre

Accompagnant les névrites rencontrées dans cette maladie, il existe des lésions d’ostéolyse des doigts, des mains et des pieds, aboutissant à des mutilations.


Arthropathies infectieuses

Il s’agit de manifestations douloureuses articulaires contemporaines ou succédant à des infections comme la gonococcie (v. Gonocoque), les brucelloses*, la syphilis* ou la tuberculose*.


Arthropathies virales

Beaucoup de maladies virales s’accompagnent de signes articulaires : rubéole, oreillons, hépatite épidémique, variole, vaccine, grippe, mononucléose infectieuse, poliomyélite antérieure aiguë.


Traitement des arthrites rhumatismales chroniques

La quasi-totalité de celles-ci restant de cause inconnue, aucun traitement étiologique précis ne peut leur être opposé. On cherche à réduire au minimum la douleur et l’impotence et à retarder l’apparition des déformations. La maladie évoluant en général sur des années, le médecin doit apporter un soutien psychologique au malade. Les moyens thérapeutiques dont nous disposons tendent à deux buts : le traitement de fond et le traitement symptomatique, auxquels s’ajoutent des traitements adjuvants et des traitements chirurgicaux.


Traitement de fond

Il fait appel aux sels d’or, aux antipaludéens de synthèse, aux immunodépresseurs. Longtemps décriés, les sels d’or connaissent un regain d’intérêt, grâce à de nouvelles posologies. Ils sont efficaces, mais ne doivent pas être employés en cas de maladie hématologique ou rénale. Les antipaludéens de synthèse sont surtout efficaces dans la P. C. E. Leur danger est la survenue d’une rétinite. Quant aux immunodépresseurs, incontestablement efficaces, ils sont d’un maniement délicat et doivent être réservés aux cas sévères de P. C. E. ou de collagénoses.


Traitements symptomatiques

L’acide acétylsalicylique, ou aspirine, reste le traitement de base. C’est par lui qu’on doit commencer le traitement. La corticothérapie (traitement par la cortisone et ses dérivés) a changé la vie de bien des rhumatisants. Mais il faut la manier avec prudence. Les accidents ne sont pas rares (ulcères de l’estomac, diabète, ostéoporose, troubles psychiques, atrophies musculaires). D’autres anti-inflammatoires existent, dont on use largement : phénylbutazone et ses dérivés, indométhacine, etc.