Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

rhumatisme (suite)

Traitements adjuvants

Il s’agit du repos, de la correction de l’anémie par les transfusions (fer et vitamine B 12 sont ici inactifs). Les cures thermales sont souvent utiles (v. thermalisme).


Traitements chirurgicaux

La synovectomie (ablation de la synoviale) est efficace, retardant l’apparition de dégâts irrémédiables. Cependant, elle doit être réservée à des cas sélectionnés. On peut en rapprocher la synoviorthèse, qui est une destruction des tissus malades de l’articulation par injection d’agents caustiques ou radioactifs et est employée aussi bien dans les arthrites rhumatoïdes que dans les rhumatismes dégénératifs.

La mise au repos des articulations enflammées par les plâtres de posture, la lutte contre l’engourdissement par la mobilisation active assistée, la lutte contre le développement des attitudes vicieuses par des plâtres de redressement en des postures convenables sont également fondamentales. Enfin, on doit parfois faire appel à la chirurgie orthopédique pour réparer des dégâts qui se sont produits malgré les diverses thérapeutiques.

J.-C. D.

➙ Articulation.

 S. de Sèze, Connaissance élémentaire du rhumatisme (Expansion scientif. fr., 1957). / F. Coste, le Rhumatisme (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1958 ; 4e éd., 1971). / P. Monnet, l’Enfant rhumatisant. Le rhumatisme articulaire aigu chez l’enfant. Traitement. Problèmes médico-sociaux (E. S. F., 1969). / J. Arlet, J. Mole et M. Petit, Traitement physique des rhumatismes (Masson, 1971). / R. Merle d’Aubigné (sous la dir. de). Chirurgie du rhumatisme (Masson, 1971).

Ribalta (Francisco)

Peintre espagnol (Solsona 1564 - Valence 1628).


Toujours considéré — à juste titre — comme une des grandes figures de la peinture espagnole, mais plus célèbre que connu, Ribalta se présentait surtout comme le fondateur de l’école valencienne du xviie s., maître de Ribera*, introducteur précoce du ténébrisme caravagesque. Aujourd’hui, à la lumière de recherches récentes, il apparaît dans une perspective plus nuancée.

D’abord, il n’est pas Valencien d’origine, mais Catalan de la province de Lérida, baptisé en 1564 à Solsona ; ensuite, c’est en Castille qu’il s’est formé, auprès des peintres de l’Escorial (comme un autre « fondateur », celui de l’école sévillane, Roelas*) ; sa première œuvre connue, le Christ cloué sur la croix (Ermitage, Leningrad), signée à Madrid en 1582, relève pleinement du maniérisme, et c’est à Madrid encore que naît son fils Juan en 1597. Enfin, le séjour précoce en Italie que lui prêtent les biographes du xviiie s. semble purement légendaire, et, si les sources italiennes de son art sont certaines, elles ne sont pas caravagesques, au moins pour sa jeunesse et sa maturité.

Installé avant 1599 dans une Valence où la peinture est plutôt sclérosée, il conquiert la renommée par deux grands ensembles : celui de l’église d’Algemesi (1603-04), en partie incendié en 1936, et celui du collège du Patriarche (1604-1606), commandé par son fondateur, l’archevêque saint Juan de Ribera (dont Ribalta a laissé plus d’un beau portrait). Ils attestent un talent de premier ordre, qui allie l’ampleur des formes et le mouvement (Saint Jacques « matamore » d’Algemesi) à la douceur grave du sentiment (Apparition du Christ à saint Vincent Ferrier, au Patriarche). Mais la Cène avec les apôtres agenouillés (grand autel du Patriarche) reste dans la ligne raphaélesque de Juan de Juanes (v. 1523-1579) et du maniérisme valencien, rénové par le contact avec les maniéristes plus récents de l’Escorial (les Italiens Pellegrino Tibaldi, Federico Zuccaro...) et surtout par le luminisme réaliste et chatoyant issu des Vénitiens (Sebastiano del Piombo, le Tintoret*, Bassano*) et de leur disciple espagnol Juan Fernández de Navarrete (v. 1526-1579), dont Ribalta transpose pour Algemesi le Martyre de Saint Jacques de l’Escorial.

Seule la dernière phase de sa carrière, après la cinquantaine, marque une évolution notable vers le caravagisme. Est-ce l’effet d’un voyage tardif en Italie, possible autour de 1616, où il n’y a pas trace de la présence de l’artiste à Valence, ou bien l’influence d’un séjour italien de son fils, Juan de Ribalta (peintre au talent précoce qui signe dès 1613 la Crucifixion, nettement ténébriste, du musée de Valence) ? Et qui, du père et du fils, a peint la Crucifixion de saint Pierre, copie du Caravage* conservée au Patriarche ? À coup sûr, en tout cas, les deux ensembles religieux qui constituent les chefs-d’œuvre de Francisco, peints pour les Capucins de Valence et les Chartreux de Porta Coeli entre 1620 et 1626 (on pourrait en rapprocher le magnifique Raymond Lulle du musée de Barcelone), offrent des contrastes lumineux plus dramatiques, une forme plus sculpturale dont la nouveauté est saisissante. Un rude « populisme » dévot imprègne les célèbres tableaux des Capucins, Saint François malade réconforté par la musique de l’ange (Prado, Madrid) et Saint François devant le Christ crucifié, qui détache son bras de la croix pour l’accueillir (musée de Valence), thème que reprendra plus tard Murillo*, dans une note adoucie, et dont Ribalta lui-même donne, avec le Saint Bernard de Porta Coeli (Prado), une autre version d’un élan plus lyrique, en « blanc majeur » éclatant. D’autres tableaux de Porta Coeli (musée de Valence), figures solennelles d’apôtres et d’évangélistes (notamment le Saint Pierre et le Saint Paul), ont une vigueur tendue, un tracé anguleux quasi durérien, tandis que le Saint Bruno blanc, un doigt sur la bouche, est une des plus belles évocations du silence cartusien.

Ribalta mourut de la peste en 1628, et son fils ne lui survécut que quelques semaines. Outre ce fils qui fut sûrement son collaborateur et qui a laissé d’autres œuvres ténébristes importantes (Saint Jérôme écrivant au musée de Barcelone, Saint Jean l’Évangéliste au Prado), Ribalta eut de nombreux disciples (parmi lesquels put figurer Ribera). Mais, surtout, il marqua d’une emprunte indélébile le xviie s. valencien, dont les meilleurs représentants, Jerónimo Jacintho de Espinosa (1600-1667), Esteban March (1610-1668), etc., conservent son accent viril et grave.

P. G.

 D. F. Darby, Francisco Ribalta and his School (Cambridge, Mass., 1938). / C. G. Espresati, Ribalta (Barcelone, 1948 ; 2e éd., 1954). / J. Camon-Aznar, Los Ribaltos (Madrid, 1958).