Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rhodésie (suite)

En novembre 1964, Ian Smith (né en 1919) fait approuver par un référendum une résolution en faveur de l’indépendance immédiate, avec la constitution telle qu’elle a été révisée en 1961. Les élections de mai 1965, boycottées par les Africains, assurent au Rhodesian Front de Smith les trois quarts des sièges au Parlement. Londres continuant à refuser un statut qui permettrait aux Blancs de dominer les Noirs, Ian Smith décide le 11 novembre 1965 de proclamer unilatéralement l’indépendance de la Rhodésie. Cette déclaration, même assortie de la reconnaissance de la reine comme chef du Commonwealth (dont il veut continuer à faire partie), n’est pas juridiquement valable, et le gouvernement britannique constate la rébellion de son ancienne colonie. Les négociations, reprises, échouent, et la rupture est consommée par la proclamation de la République rhodésienne le 2 mars 1970. Cependant, aucun État ne reconnaît la Rhodésie. Aux Nations unies, le Conseil de sécurité recommande dès 1966 d’appliquer le blocus économique au pays. Mais ces sanctions sont incomplètement observées. La Grande-Bretagne posant comme condition au règlement du conflit l’accord de la majorité noire, plusieurs conférences constitutionnelles sont réunies, sans succès. La plus importante, celle de Genève (oct.-déc. 1976), ouverte sur la base d’un plan anglo-américain prévoyant l’institution d’un système majoritaire dans un délai de deux ans, est ajournée sine die, Ian Smith refusant tout compromis avec les plus radicaux des nationalistes regroupés au sein du Front patriotique.

En avril 1976, le Mozambique décide de fermer sa frontière avec la Rhodésie. Les opérations de guérilla se multiplient, obligeant le gouvernement rhodésien à augmenter le budget de la défense et de la police dans des proportions considérables, alors que la situation de la minorité blanche est de plus en plus précaire : au début de 1977, si la situation reste calme autour de Salisbury, elle devient de plus en plus incertaine dans la plupart des régions frontalières.

H. B.


La population

En 1972, la population était de 5 785 000 habitants dont 267 000 Européens, 27 400 Eurafricains et Asiatiques et 5 390 000 Bantous. La densité moyenne pour l’ensemble du pays est de 15 habitants au kilomètre carré, les plus fortes densités (au-dessus de 20 hab. au km2) se trouvant dans le haut Veld autour de Bulawayo, Gwelo et Salisbury ; le cinquième de la population vit dans des villes de plus de 10 000 habitants.

En 1972, la population des quatre principales villes de Rhodésie était la suivante : Salisbury, 490 000 habitants ; Bulawayo, 296 000 ; Umtali, 52 000 ; Gwelo, 40 000.

Ancienne colonie britannique de peuplement, la Rhodésie a une population blanche importante, primitivement constituée surtout de colons, mais qui tend actuellement à se concentrer dans les villes. En 1965, sur une population blanche totale de 228 580 individus, 86 000 vivaient à Salisbury, et 50 000 à Bulawayo. L’augmentation rapide du nombre des Blancs (11 070 en 1901, 50 070 en 1931, 157 000 en 1953) tient d’une part à un taux de natalité élevé (entre 28 à 30 p. 1 000), d’autre part à une importante immigration (47 185 immigrants entre 1946 et 1951 ; 24 000 entre 1951 et 1956), en provenance surtout des îles Britanniques et d’Afrique du Sud.

L’accroissement de la population bantoue est d’environ 30 p. 1 000 par an. En plus des Bantous originaires de Rhodésie, il existe beaucoup d’étrangers venant du Mozambique, de Zambie, du Malawi, travaillant dans les mines, l’industrie ou sur les plantations.

Salisbury

Située au centre d’une région aurifère, Salisbury, fondée en 1890, devint municipalité en 1897 et cité en 1935.

Bénéficiant d’un climat tropical d’altitude (1 470 m) et d’une pluviosité moyenne annuelle de 800 mm (une seule saison des pluies de novembre à mars), la ville est située au centre de la plus importante région agricole (crop farming) de la Rhodésie.

Centre commercial majeur et grand marché agricole régional, Salisbury est aussi et surtout le principal centre administratif du pays. C’est encore un nœud important de communications (voies ferrées vers Umtali et Beira à l’est, vers Gatooma, Que Que et Gwelo au sud dans l’axe des hautes terres, vers Shamva en direction du nord et Zawi en direction du nord-ouest). L’activité industrielle comprend surtout des branches alimentaires variées (huileries, conditionnement du bacon, raffinerie de sucre, conserverie, brasserie, etc.), mais aussi des manufactures de cigarettes, des usines d’engrais, de plastiques, etc. Enfin, Salisbury est la première ville universitaire de la Rhodésie.


L’économie

Un système de ségrégation territoriale divise le pays, au point de vue agricole, en trois zones : l’une qui est réservée à l’agriculture européenne (153 800 km2), une deuxième réservée aux Bantous (168 960 km2), enfin une dernière constituant des terres non réservées (23 520 km2). L’agriculture traditionnelle africaine est une agriculture de subsistance fondée sur le maïs et le mil, procurant peu d’excédents commercialisables. La principale région d’agriculture européenne est le haut Veld, autour de Salisbury, jusqu’à Bulawayo vers le sud et Shamva vers le nord. Cette région est par endroits intensément mise en valeur par environ 5 000 grandes fermes exploitées en courbes de niveau. Les deux premières cultures sont celles du maïs (comme plante fourragère associée à l’élevage porcin et bovin) et du tabac. Le thé est cultivé dans l’est de la Rhodésie près du Grand Escarpement (région d’Umtali), le coton et la canne à sucre dans le bas Veld. Les chiffres de production ont été les suivants en 1971 : tabac, 62 300 t ; maïs, 900 000 t ; canne à sucre, 1 250 000 t ; coton, 43 000 t.

Le cheptel était estimé, en 1971, à 4 000 000 bovins (non compris 80 000 vaches laitières), 460 000 moutons et 145 000 porcins. Les principales zones de ranching européennes sont dans le sud du pays, dans le Matabeleland, autour de West Nicholson et de Bulawayo.