Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

assemblage (suite)

Techniques de l’assemblage

accumulation. Dans une boite transparente est enfermée une grande quantité d’objets identiques, neufs ou usagés (Arman) [v. nouveau réalisme*].

assemblage. Lorsqu’il n’est pas utilisé — comme ici — pour désigner l’ensemble des solutions plastiques impliquant l’usage de matériaux hétérogènes, ce terme est limité aux œuvres à trois dimensions, c’est-à-dire à tout ce qui se situe entre le collage et l’environnement.

cadavre exquis. Ce jeu surréaliste, qui se pratique tant au moyen de récriture que du dessin, est une application particulière de la notion de collage. Il s’agit de composer à plusieurs une phrase ou un dessin dans un ordre donné, aucun des participants n’étant informé de l’apport des autres.

collage*. Ce terme tend parfois (cf. le critique Herta Wescher) à se substituer à celui d’assemblage pour désigner l’ensemble des solutions plastiques obtenues à partir de matériaux hétérogènes. Le plus souvent, il s’applique aux œuvres à deux dimensions. Mais tout un courant de l’art contemporain, à la suite des surréalistes, s’en sert pour signaler ce qui déborde, grâce au conflit né de la mise en présence d’éléments discordants, les préoccupations strictement plastiques.

combine-painting. Peinture à laquelle sont fixés, associés, divers éléments tels que morceaux de bois ou de tissu, ferrailles, animaux empaillés, meubles, etc. (Rauschenberg*).

décollage. Il s’agit de prélever, sur les murs et les palissades, les affiches plus ou moins abîmées par les intempéries et les passants, et de les présenter telles quelles, ou peu s’en faut (affiches lacérées, lacéré anonyme, etc.).

découpage ou papiers découpés. Œuvres dans lesquelles le matériau de base est du papier de couleur aux formes nettement découpées (à l’aide de ciseaux, par exemple), collé ensuite sur un fond uni (Matisse*).

environnement*. Disposition par un artiste, dans un espace réel (galerie, atelier, place publique, etc.), d’éléments-ou d’objets, fabriqués par lui ou non, visant à constituer un tout. Indépendamment des formes et des couleurs, il peut être fait appel aux éclairages, au son, à la projection d’images fixes ou cinématographiques, etc.

happening*. Introduction, dans un environnement, de la notion de durée par le déroulement d’une action, parfois symbolique, parfois volontairement obscure ou même non signifiante. Le public est quelquefois convié à y participer.

mixed media. Expression indiquant que des matériaux différents ont été mêlés, des moyens divers utilisés dans l’élaboration d’une œuvre, qu’il s’agisse d’un objet ou d’un environnement.

objet. Marque la différence avec une sculpture en ce sens que l’essentiel n’y est pas le problème de la troisième dimension. Aussi les objets, quels que soient les matériaux employés, sont-ils généralement produits par des peintres.

objet surréaliste. Forme d’assemblage par laquelle les surréalistes ont tenté de produire une émotion particulière, d’ordre fréquemment érotique, ou, de façon plus générale, un dépaysement des éléments mis à contribution, objets trouvés le plus souvent.

objet trouvé. Le surréalisme*, et André Breton* en particulier, a insisté sur le rapport qui s’établit entre l’objet trouvé par hasard et celui qui le trouve. Ce rapport a pu être identifié ou même substitué à l’acte créateur proprement dit.

papiers collés. Technique utilisée par le cubisme*, consistant à introduire dans le tableau un morceau de papier (portant une impression, un dessin, etc.) ou un fragment de journal en lieu et place d’une surface peinte. La peinture abstraite en a généralisé l’emploi.

peinture variable. Des éléments aimantés peuvent être déplacés à la surface du tableau au gré du spectateur (le Suédois Oyvind Fahlström).

photomontage. Les dadaïstes berlinois assemblèrent dans une intention expressive et parfois satirique des fragments de photographies. Le procédé sera ensuite repris en U. R. S. S., notamment par Aleksandr Rodtchenko. Il connaîtra un peu partout une fortune particulière dans l’affiche et dans la publicité.

poème-objet. Il s’agit ici de considérer l’écriture poétique comme un élément plastique, au même titre que d’autres avec lesquels elle entre en composition.

ready-made. Les objets manufacturés auxquels Marcel Duchamp* donna ce nom, en les « sacrant » œuvres d’art, ne sont, à proprement parler, des assemblages que lorsqu’ils sont aidés, c’est-à-dire lorsque l’artiste y ajoute quelque chose de son cru, si réduite que soit son intervention. Mais les ready-mades ont eu des répercussions considérables sur l’assemblage en général, de l’objet surréaliste au happening.

tableau-piège. Ici, des objets familiers sont « piégés » dans la disposition où ils se trouvent à un moment donné : par exemple, la vaisselle, les couverts et les débris de nourriture à l’issue d’un repas ; ils sont collés à leur support, et le tout est accroché sur un mur comme un tableau (Daniel Spoerri).


Des papiers collés cubistes aux happenings

À première vue, il n’y a pas de commune mesure entre les papiers collés de Braque et de Picasso, d’une part, et les happenings de la dernière décennie, d’autre part. Dans l’espace qui les sépare, cependant, se ht la continuité de l’histoire de l’assemblage et même sa fatalité. Cette histoire, en effet, est celle de l’introduction dans l’œuvre d’art d’éléments extérieurs préexistants : tout d’abord, peut-être, des croquis de l’artiste lui-même, qu’il intègre à un nouveau tableau par paresse, par désir de couper court à un développement ; puis le morceau de papier d’emballage, ou de journal, qui occupe pour l’œil la surface à peindre avant d’en usurper définitivement la fonction ; ensuite les objets et les substances, qui, au lieu de se voir évoqués par la peinture à l’huile, le plâtre ou le bronze, tiennent leur propre rôle dans la composition ; enfin l’artiste qui, du fait de la présence physique d’un environnement avec lequel sa création plastique tend à se confondre, est contraint de se produire lui-même, de préférence en action, sur le théâtre de son activité artistique. Entre-temps, c’est simplement la part prise dans l’œuvre d’art par les éléments extra-artistiques qui s’est enflée jusqu’à ne plus laisser aucune place à la peinture ni à la sculpture, telles du moins qu’elles étaient conçues auparavant.