Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

rein (suite)

• Le tube urinifère. Le tube urinifère fait suite au glomérule, au niveau du pôle tabulaire de la capsule de Bowmann. Il est divisé en plusieurs segments : tube contourné proximal, anse de Henle comprenant une branche descendante et une branche ascendante, tube contourné distal, tube collecteur de Bellini. Fait capital, certains segments du néphron (glomérule, tubes contournés proximal et distal) sont situés dans la corticale, alors que d’autres plongent dans la médullaire (anse de Henle, tube collecteur).

Au point de vue histologique, le tube est formé d’une membrane basale et d’un épithélium. L’aspect de cet épithélium est différent selon le segment envisagé et en rapport avec le rôle physiologique de ce segment. D’abord épais, formé de cellules pyramidales en ce qui concerne le tube contourné proximal, l’épithélium s’aplatit brusquement au niveau de la branche descendante de l’anse de Henle, tandis que le tube se rétrécit. Par contre, la branche ascendante et le tube contourné distal comporte un épithélium cubique et une lumière large. La longueur totale du néphron est de 50 à 55 mm.


Les autres constituants

Outre le néphron, le parenchyme rénal comprend : des vaisseaux, des nerfs, des lymphatiques et le tissu interstitiel (tissu conjonctif). La vascularisation du rein est remarquable. En effet, des artères interlobulaires partent les artères afférentes du glomérule, qui s’épanouissent en flocculus. De celui-ci sort l’artère efférente, qui donne un nouveau réseau capillaire, qui est péritubulaire. On voit donc : 1o qu’il existe un double réseau capillaire ; 2o que les rapports vasculaires entre glomérule et tube urinifère sont très étroits.


Rôle physiologique du rein

Le rôle physiologique principal du rein est la formation de l’urine. C’est par l’excrétion urinaire que le rein assure l’élimination de nombreux déchets du métabolisme général et s’oppose à toute variation du volume et de la composition des liquides de l’organisme. Le rein est le gardien de l’équilibre humoral du milieu intérieur.

La formation de l’urine résulte d’un triple mécanisme : filtration glomérulaire, réabsorption et excrétion tubulaire.

La filtration glomérulaire (à laquelle s’ajoute probablement un processus de diffusion) donne l’urine primitive, de même composition que le plasma sanguin, à l’exception des protéines (ultrafiltrat plasmatique). Le moteur de cette filtration est la pression sanguine intraglomérulaire. Le volume du filtrat glomérulaire (urine primitive) est considérable : de l’ordre de 130 ± 30 ml/mn, ce qui donne de 160 à 190 litres par jour. Le flux sanguin rénal étant de 600 ml/mn, la fraction filtrée représente 20 p. 100 environ du plasma apporté aux reins.

L’urine glomérulaire est considérablement modifiée lors de son passage dans le tubule. Celui-ci a un rôle double :
— un rôle de réabsorption ;
— un rôle de sécrétion vis-à-vis de certains corps qui sont en circulation dans les capillaires péritubulaires ou qui sont formés dans les cellules tubulaires.

La réabsorption est un phénomène très général. Elle touche peu ou prou la quasi-totalité des substances filtrées par le glomérule, mais à des degrés variables. Le transfert tubulaire (réabsorption et excrétion) se fait selon deux mécanismes : il s’agit soit d’un transfert actif nécessitant un travail propre de la cellule tubulaire, soit d’un transfert passif réagissant à des lois physiques (pression oncotique, gradient électrique et surtout concentrations de part et d’autre des cellules tubulaires).

Une découverte récente a éclairé considérablement le mécanisme des transferts tubulaires. Elle a reçu le nom de théorie du contre-courant de Wirz. En effet, il est démontré actuellement que l’osmolarité (concentration moléculaire) du tissu rénal augmente progressivement de la corticale vers la papille à travers la médullaire. C’est l’anse de Henle qui, par la réabsorption active du sodium dans sa branche ascendante, crée l’osmolarité du tissu médullaire. L’hypertonie du tissu interstitiel ainsi obtenue joue un rôle considérable dans le processus de concentration de l’urine.

La réabsorption de l’eau est passive. Elle est considérable, puisque 99 p. 100 environ de l’eau filtrée est réabsorbée (180 litres de filtrat glomérulaire donnent finalement de 1 à 2 litres d’urine définitive) ; 85 p. 100 de l’eau filtrée est réabsorbée dans le tube contourné proximal. Cette réabsorption est obligatoire, accompagnant la réabsorption active du sodium (Na). Les 15 p. 100 restant sont ou non réabsorbés dans le tube contourné distal et le tube collecteur. Cette réabsorption passive est liée à l’hypertonie de la substance médullaire réalisée par l’anse de Henle : l’urine se concentre lorsqu’elle franchit le territoire d’osmolarité élevée que constitue la médullaire profonde. Un facteur hormonal posthypophysaire régit la perméabilité à l’eau des cellules du tube collecteur : c’est l’hormone antidiurétique, ou A. D. H. Cette hormone bloque la diffusion de l’eau libre, et sa sécrétion est sous la dépendance de la pression osmotique du plasma. Ce système régulateur assure ainsi la constance osmotique du plasma.

La réabsorption du sodium est le résultat d’un transfert actif. Elle se fait en majorité dans le tube contourné proximal (de 60 à 80 p. 100), entraînant la réabsorption passive de l’eau et du chlore. Dans l’anse de Henle, la réabsorption active du sodium entraîne l’hypertonie médullaire. Dans le tube contourné distal et le tube collecteur, la réabsorption sodée est assurée au moins en partie par échange avec des ions H+ (hydrogène) et K+ (potassium). La régulation est sous la dépendance d’une hormone corticosurrénale, l’aldostérone. La volémie (volume total du sang) régit la sécrétion d’aldostérone.

La réabsorption sodique est capitale, le sodium est, en effet, l’agent principal de la pression osmotique des liquides extracellulaires et, par conséquence, de l’hydratation cellulaire. C’est par la réabsorption de l’eau et du sodium que le rein contrôle le volume et la concentration des liquides de l’organisme. La régulation est parfaite sur le plan physiologique. Un régime désodé (sans sel) annule rapidement l’excrétion de sodium. Toute diminution du remplissage vasculaire agit immédiatement pour retenir Na+ et eau. Toute hypertonie entraîne une rétention d’eau.