Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

rein (suite)

Le développement de l’appareil urinaire des Vertébrés

La différenciation des néphrons commence chez l’embryon dans la région antérieure du tronc et se poursuit vers l’arrière par des étapes successives. Dans un premier temps s’édifie un rein troncal antérieur, ou pronéphros, rarement fonctionnel, qui dégénère très précocement. Il est remplacé par un second rein troncal moyen, ou mésonéphros, qui constitue le rein définitif des Anamniotes adultes. Chez les Amniotes, ce mésonéphros n’est qu’un rein éphémère, qui peut être fonctionnel chez l’embryon, mais qui disparaît généralement avant la naissance. Il lui succède un troisième rein, troncal postérieur, ou métanéphros, qui constitue le rein définitif de l’adulte.

Comme chez tous les Mammifères, le rein de l’Homme comprend deux parties bien visibles à l’œil nu sur coupe : un cortex périphérique brun-rouge sombre granuleux ; une médulla centrale plus claire et d’aspect strié. La médulla est faite de 8 à 18 pyramides ayant leur base tournée vers le cortex et leur sommet, ou papille, se projetant dans la lumière de dilatations secondaires du bassinet, ou calices. Une pyramide médullaire et le cortex qui l’entoure constituent un lobe rénal. Le rein des Rongeurs est un rein unipyramidaire correspondant à un lobe rénal unique. Chez tous les autres Mammifères, le rein est pluri-pyramidaire. Les différents lobes ne sont bien visibles extérieurement que chez le fœtus et chez les Bovidés adultes, par les convexités qu’ils confèrent à la surface du rein. Chez les autres Mammifères, dont l’Homme, cette lobulation corticale s’efface peu après la naissance, et le rein devient lisse.

Cette distinction entre cortex et médulla est due à une répartition régulière des diverses parties des néphrons.

A. B.


Le rein chez l’homme


Anatomie

Les reins sont des organes volumineux, chacun de 130 g environ, en forme de haricot, à grand axe oblique en bas et en dehors, haut de 10 à 12 cm, large de 5 à 6 cm et épais de 3 cm.

Les reins ont deux faces, antéro-externe et postéro-interne, et deux bords. Au niveau du bord interne, le hile donne passage au pédicule rénal (vaisseaux et nerfs) et au bassinet.

Chaque rein, entouré de la capsule rénale fibreuse appliquée sur le parenchyme et de la graisse périrénale, est contenu dans un dédoublement du tissu fibreux sous-péritonéal qui forme la loge rénale.


Rapports du rein

En arrière, le rein est en rapport avec un cadre ostéomusculaire fait en dedans par les vertèbres D  12-L 1-L2 (le rein gauche est plus haut d’une demi-vertèbre), en arrière par les insertions du diaphragme, les 11e et 12e côtes, et plus bas par la paroi musculaire lombaire. En avant, par l’intermédiaire du péritoine (le rein est un organe rétropéritonéal), le rein droit voisine le foie, le deuxième duodénum et l’angle colique droit ; le rein gauche est croisé par la racine du mésocôlon transverse ; au-dessus se trouvent la queue du pancréas, l’estomac et la rate ; au-dessous est le côlon gauche.

Par ailleurs, les reins sont en rapports étroits avec les uretères qui en proviennent, avec les glandes surrénales*, avec la veine cave inférieure (pour le rein droit), avec l’aorte (pour le rein gauche).


Vaisseaux du rein

• Artères. Les artères rénales naissent de l’aorte au niveau de la 1er vertèbre lombaire. La gauche est masquée par la veine rénale ; la droite passe en arrière de la veine cave avant de se placer derrière la veine rénale droite.

L’artère rénale se divise, à plus ou moins grande distance du bassinet, en deux ou trois branches : antérieure, postérieure et polaire inférieure.

Le parenchyme rénal est ainsi segmenté en trois territoires ayant un apport artériel distinct : antérieur, postérieur et polaire inférieur.

• Veines. Les veines corticales se jettent sur des arcades veineuses à la base des pyramides de Malpighi. De l’union des arcades se détachent les veines lobaires, qui se concentrent en deux gros troncs (supérieur et inférieur) dont l’union constitue la veine rénale. La veine rénale droite se jette dans la veine cave inférieure. La veine rénale gauche, plus longue, horizontale, reçoit de nombreuses collatérales : veine surrénale gauche, veine gonadique, hémiazygos inférieure et, par son intermédiaire, plexus rachidien.

• Lymphatiques. Dans le parenchyme, ils suivent en gros les voies veineuses. Dans le pédicule, ils se groupent en deux plans (antérieur et postérieur) qui se jettent dans les ganglions latéroaortiques.


Nerfs

Ils proviennent du plexus sympathique rénal, auquel participent presque tous les éléments du plexus solaire, et se groupent en avant et en arrière de l’artère rénale, à laquelle ils adhèrent.


Voies excrétrices du rein

Elles commencent au contact des papilles dans le sinus rénal par les petits calices, qui se réunissent pour former les grands calices : ceux-ci constituent par leur confluence le bassinet, qui se continue par l’uretère.

L’uretère est un canal qui se termine à la vessie : son trajet de 25 cm est sous-péritonéal et d’abord lombaire ; l’uretère longe les vaisseaux prévertébraux, puis croise le détroit supérieur du bassin et les vaisseaux iliaques ; il devient alors pelvien, d’abord pariétal, puis transversal. Enfin, il pénètre dans l’épaisseur de la paroi vésicale, qu’il traverse très obliquement pour déboucher dans la vessie à 1 cm de la ligne médiane, à l’angle latéral du trigone.


Histologie


Les néphrons

Les néphrons, au nombre de plusieurs millions dans chaque rein, forment l’unité anatomique et physiologique essentielle du rein. Chaque néphron comporte deux parties : le glomérule de Malpighi et, à sa suite, le tube urinifère.

• Le glomérule. La structure histologique du glomérule, formation sphérique d’un diamètre d’environ 200 à 250 μm, est complexe. Elle comprend :
— un flocculus, réseau capillaire pelotonné, formé par l’épanouissement de l’artère afférente et drainé par l’artère efférente (on décrit au niveau de la paroi capillaire deux assises de cellules, les cellules épithéliales et les cellules endothéliales, séparées par une membrane basale ; les cellules épithéliales ont reçu le nom de podocytes) ;
— une enveloppe, ou capsule de Bowmann, dont la paroi est formée d’une vitre et d’une couche de cellules épithéliales (cette couche cellulaire se prolonge au pôle urinaire avec l’épithélium du tube urinifère et au pôle vasculaire avec celui du flocculus) ;
— un espace libre entre le flocculus et la capsule, la chambre de filtration, ou espace urinaire ;
— un tissu intercapillaire ;
— une formation très spéciale, triangulaire, située au pôle vasculaire, constituée par la macula densa du tube contourné distal et les parois modifiées des artères afférentes et efférentes : l’appareil juxtaglomérulaire, qui semble jouer un rôle capital dans la régulation de la tension artérielle (sécrétion de rénine).