Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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réflexe (suite)

• Le réflexe myotatique, ou d’étirement. Il contribue au maintien de la station debout. On ne reviendra pas en détail sur la description du réflexe myotatique (v. moelle épinière). On rappellera seulement :
— que plusieurs mécanismes interviennent dans la régulation de ce réflexe (les motoneurones gamma, le circuit récurrent inhibiteur de Renshaw, l’inhibition présynaptique, des structures supramédullaires, le cortex pyramidal, le cervelet, la substance réticulée du tronc cérébral) ;
— que ce réflexe s’accompagne d’une inhibition des muscles antagonistes.

Le réflexe myotatique a été mis en évidence par H. S. Liddell et Charles Scott Sherrington (1857-1952) sur le chat décérébré. Présent dans tous les muscles squelettiques, il est très développé au niveau des muscles extenseurs.

Son extrême localisation permet une adaptation musculaire précise aux diverses situations statiques.

• Le réflexe myotatique inverse. Lorsqu’on s’efforce de fléchir le genou d’un animal décérébré, on éprouve d’abord une résistance due à la contraction réflexe du muscle quadriceps consécutive à son allongement ; puis la résistance à l’allongement disparaît. La disparition brusque du réflexe myotatique résulte de l’inhibition des motoneurones du muscle allongé.

Cette réaction naît dans le muscle lui-même (à partir des organes tendineux de Golgi, l’influx est transmis par l’intermédiaire d’interneurones inhibant les motoneurones extenseurs et facilitant les fléchisseurs) : c’est le réflexe myotatique inverse. Pour certains, cette réaction est considérée comme un réflexe de protection mettant le muscle à l’abri de la rupture ; pour d’autres, elle aurait surtout un rôle postural, car elle est souvent associée à d’autres réflexes de signification posturale.

• Le réflexe de flexion ipsilatéral (du même côté). C’est la contraction réflexe des muscles fléchisseurs d’un membre secondaire à l’action d’un stimulus douloureux porté sur les téguments de ce membre.

La fonction de ce réflexe très primitif est de soustraire le membre au stimulus douloureux. Les récepteurs en sont très divers : cutanés, musculaires, articulaires.

Ce réflexe est polysynaptique et fait intervenir au moins un interneurone : il s’accompagne d’une inhibition réciproque des muscles extenseurs ipsilatéraux (inhibition simultanée des motoneurones alpha et gamma des muscles extenseurs).

• Les réflexes d’extension ipsilatéraux. Chez l’animal spinal (décérébré), les afférents cutanés peuvent être le point de départ d’une réaction réflexe ipsilatérale en extension.

Chez le chien spinal, une pression légère appliquée au niveau des coussinets dermiques du pied provoque la contraction réflexe des muscles extenseurs ipsilatéraux.

C’est la poussée d’extension qui joue un rôle important dans le maintien de la station debout.

Le pincement de ces mêmes coussinets dermiques provoque un réflexe de flexion, ce qui montre que, dans une certaine mesure, la réponse dépend de la nature du stimulus.

• Le réflexe d’extension controlatéral (du côté opposé). Le réflexe de flexion ipsilatéral est souvent accompagné par une contraction généralisée des muscles extenseurs du côté opposé ainsi que par une inhibition réciproque des muscles fléchisseurs controlatéraux.

Ce réflexe d’extension controlatéral est considéré comme une réaction d’adaptation statique ; il se développe lentement et persiste longtemps après la cessation du stimulus. C’est aussi un réflexe polysynaptique.

• Les réflexes spinaux longs. Ils s’opposent aux précédents, car ils s’effectuent dans une longue portion de la moelle épinière : par exemple, chez le chat spinal, la stimulation douloureuse d’un membre postérieur peut s’accompagner de modifications réflexes de sens inverse dans le membre antérieur.

• Le réflexe de grattage. Chez le chien spinal, la stimulation des flancs et des épaules, lorsqu’elle est suffisamment intense, provoque un réflexe de grattage du membre postérieur ipsilatéral.

Dans les conditions physiologiques, il est difficile d’isoler les principaux réflexes médullaires, car les neurones de la voie finale sont soumis à de nombreuses influences excitatrices ou inhibitrices : à partir de ces multiples messages, la moelle élabore un ensemble de réponses motrices ayant une utilité fonctionnelle.


Examen clinique des réflexes

En clinique, l’examen des réflexes permet d’apprécier la réactivité du système nerveux. On distingue deux types de réflexes : les réflexes tendineux et les réflexes cutanés.


Les réflexes tendineux

On les recherche en percutant le tendon du muscle exploré : il en résulte une contraction du muscle avec ou sans déplacement articulaire.

L’abolition d’un réflexe tendineux peut être dû à une atteinte du neurone périphérique (poliomyélite) ou à une maladie médullaire (tabès, syringomyélie).

Il existe des aréflexies (absence de réflexe) dues à une cause centrale ; elles sont alors en rapport avec un trouble sévère de la vigilance ou une interruption brusque et récente des voies pyramidales.

L’exagération des réflexes tendineux, c’est-à-dire la brusquerie et l’amplitude de la réponse, traduit le plus souvent une hyperactivité du système gamma, ce qui est fréquent chez les sujets neurotoniques.

Lorsque l’exagération des réflexes tendineux s’associe à d’autres signes, en particulier à des modifications des réflexes cutanés, cela traduit une atteinte des voies motrices.

On étudie ainsi le réflexe achilléen (tendon d’Achille), rotulien (tendon de la rotule), bicipital (tendon du biceps), tricipital (tendon du triceps). L’enregistrement graphique du réflexe achilléen, ou réflexogramme, renseigne par sa rapidité sur le fonctionnement de la glande thyroïde* ; ce réflexe est retardé dans le myxœdème, précoce dans la maladie de Basedow.