Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

rate (suite)

La chirurgie de la rate

La splénectomie, ou ablation de la rate, constitue le traitement de toutes les lésions propres de la rate et est le premier temps d’un certain type de dérivation portale (anastomose splénoportale). On peut rapprocher de cette dérivation la transposition intrathoracique de la rate dans certains cas d’hypertension portale.


Affections chirurgicales non traumatiques

Elles sont peu fréquentes.

• Les kystes hydatiques. Ils constituent une localisation rare de l’échinococcose, loin derrière le foie et le poumon. Le diagnostic est fait soit devant une tumeur de l’hypochondre gauche, soit devant une complication (hémorragie, rupture, infection).

• Les sarcomes de la rate. Rares, ils sont révélés par une splénomégalie souvent douloureuse, dure et bosselée.

• Les infarctus de la rate. Ils surviennent dans le cadre de maladies fort variées (du cœur, des artères, du sang). Ils se traduisent par des douleurs de l’hypochondre gauche, par une augmentation de volume rapide et récent de la rate, et par de la fièvre.

On peut en rapprocher les complications spléniques des pancréatites chroniques, qui peuvent être la rupture, la formation de faux kystes intraspléniques, la nécrose de la rate.

Enfin, la tuberculose, la syphilis, les kystes non parasitaires sont exceptionnels.

J.-C. D. et Ph. de L.

 L. Léger, Splénoportographie. Étude radiologique et clinique de la circulation portale normale et pathologique (Masson, 1955). / J. Patel, Chirurgie de la rate (Masson, 1955). / L. Arvy, Splénologie (Gauthiers-Villars, 1965).

Ratisbonne

En allem. Regensburg, v. de l’Allemagne occidentale, en Bavière ; 133 000 hab.


Née au confluent du Danube et de la Regen, à laquelle elle doit son nom, la petite agglomération de Radasbona fixe une garnison romaine au cours du ier s. apr. J.-C. Siège de la troisième Legio Italica, elle est, à ce titre, dotée par Marc Aurèle d’un camp légionnaire dit Castra Regina, dont l’édification, achevée en 179, permet de freiner la poussée des Marcomans.

Le site de Ratisbonne, épargné par les invasions, est occupé continuellement jusqu’au xe s. Évangélisée par saint Emmeran au début du viiie s., dotée d’un évêché par saint Boniface en 739, résidence, dès l’automne 788, de Charlemagne, qui y tient en 792 un synode au cours duquel l’adoptianisme est condamné et Félix d’Urgel contraint d’abjurer sa doctrine, pourvue, au moins dès 805, d’un bureau qui contrôle tout le commerce de l’Empire avec l’Europe du Nord et de l’Est, cette ville devient au ixe s. la capitale de la Bavière*, érigée en royaume par Louis le Germanique au profit de son fils Carloman. Au début du xe s., elle reste celle du duché de Bavière.

Semblant la première de toutes les villes allemandes à être dotée d’un quartier marchand ceinturé de murs, elle est occupée en 916 par le roi de Germanie Conrad Ier et en 976 par Otton II. À deux reprises l’empereur Henri III accorde dans ses murs son investiture aux ducs de Bohême : à Břetislav Ier en 1041 et au fils de ce dernier, Spytihněv II, en 1055. Lieu de rassemblement, en 1077, des forces de l’empereur Henri IV au lendemain de sa déposition et de l’élection de son beau-frère, Rodolphe, duc de Souabe, Ratisbonne est au xiie s. le siège de nombreuses diètes : celle de 1125, qui met Frédéric II de Souabe au ban de l’Empire à l’instigation de Lothaire II de Supplinburg ; celle de 1152, qui prépare l’investiture d’Henri le Lion comme duc de Bavière ; celle de 1156, qui érige le duché de Bohême en royaume ; celle de 1187, qui fait de l’évêque de Prague un prince d’Empire, directement investi par l’Empereur.

Ainsi se trouve soulignée l’importance politique de la ville et, par là même, favorisé son essor économique (étoffes de luxe) ; celui-ci se traduit par l’apparition, vers 1156, d’une bourgeoisie qui devient vite assez puissante pour obtenir l’octroi d’une charte en 1207 et obliger Frédéric II de Hohenstaufen à composer avec elle en novembre 1245. Érigée alors en ville libre impériale et bénéficiant des fruits du commerce fluvial, Ratisbonne est animée par des marchands qui contrôlent un important trafic commercial avec l’Autriche jusqu’à l’intervention, au xive s., de leurs concurrents hanséates. En 1532, Charles Quint y obtient de la diète son appui pour repousser les Turcs établis en Hongrie.

De février à juillet 1541, une autre diète s’y tient en vue d’aboutir à un accord entre catholiques et protestants au sujet de la justification par la foi, accord approuvé par Bucer et Melanchthon, mais rejeté par Luther, par Calvin et par le pape, dont les positions concernant l’eucharistie et la pénitence se révèlent inconciliables. Adhérant alors à la Réforme en 1542, Ratisbonne doit pourtant accueillir en juillet 1546 la diète qui accorde à Charles Quint la mise au ban de l’Empire des principaux chefs de la ligue de Smalkalde : Philippe le Magnanime, landgrave de Hesse, et Jean-Frédéric le Magnanime, Électeur de Saxe. En 1575, les princes protestants y acceptent la « capitulation électorale », qui permet à Maximilien II de faire élire son fils Rodolphe roi des Romains et de confirmer les dispositions de la paix d’Augsbourg (1555). Après la tenue de la diète de 1630, la ville est occupée en 1633 par Bernard de Saxe-Weimar. Reconquise en 1634 par les Impériaux, elle devient en 1663 le siège permanent de leur diète, qui ratifie le 15 août 1684 la trêve de Ratisbonne, signée pour vingt ans et confirmant à Louis XIV la possession de Strasbourg et des territoires annexés en pleine paix en 1681.

Médiatisée le 25 février 1803 et alors donnée à l’archevêque de Mayence, Karl Theodor von Dalberg, prise par Lannes et par Davout le 23 avril 1809, elle est enfin annexée à la Bavière en 1810.