Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rapaces (suite)

Les proies

Les Rapaces se sont adaptés à la capture d’animaux très divers, Invertébrés ou Vertébrés de la taille d’un Termite à celle d’une petite Antilope ou d’une Outarde. On a néanmoins énormément exagéré les performances dont sont capables certains Rapaces. Leurs besoins alimentaires sont en général très faibles (250 g par jour pour un Aigle royal pesant de 3 à 6 kg). La proie sera pour eux avant tout un animal facile à capturer, soit parce qu’il est surabondant (essaims de Termites, invasion de Criquets, pullulation de Rongeurs), soit parce qu’il est handicapé (tare, blessure, maladie). Les notions de facilité et d’opportunisme priment toutes les autres dans la recherche de la nourriture. Ajoutons que la plupart des Rapaces sont charognards à l’occasion. Les grands Rapaces peuvent jeûner plusieurs jours, voire plusieurs semaines. La digestion terminée, ils crachent une pelote constituée des débris indigestes : poils, plumes, chitine, os. L’examen de ces pelotes permet d’étudier leur régime alimentaire.


Reproduction

La plupart des espèces vivent par couple isolé dans un territoire de chasse défendu contre les intrus. Par exemple, un couple d’Aigles royaux règne sur un domaine de 50 à 100 km2 suivant les régions. Un couple d’Autours a besoin pour vivre d’un territoire boisé d’environ 4 000 ha. Les nocturnes et les Faucons se contentent de pondre dans un vieux nid d’une autre espèce, une cavité d’arbre ou de rocher. La plupart des Rapaces au contraire construisent une aire volumineuse en branches, à la fourche d’un grand arbre ou dans une falaise. Des parades nuptiales aériennes, souvent spectaculaires, précèdent l’accouplement et la ponte chez les diurnes ; les nocturnes se manifestent surtout par leur chant. La ponte est de 3 à 7 œufs chez les petites espèces et seulement de 1 ou 2 chez les plus grandes. Les grands Rapaces élèvent très rarement plus d’un jeune par an, et l’Aigle couronné ne se reproduit que tous les deux ans. Les jeunes sont très dépendants des parents pendant plusieurs semaines ou même plusieurs mois avant de quitter l’aire. Peu d’entre eux atteignent l’âge adulte, qui ne survient qu’après plusieurs années chez les grandes espèces. Le cycle complet de reproduction des grands Vautours s’étale sur huit mois de l’année. Il existe chez beaucoup d’espèces un dimorphisme sexuel important, la femelle étant d’un tiers plus grande que le mâle, surtout chez les Rapaces chasseurs. Cette différenciation permet à deux Oiseaux d’un couple vivant sur le même territoire de chasser sans se concurrencer. Par ailleurs, c’est la femelle qui s’occupe des jeunes au nid et il est sans doute important qu’elle domine le mâle, dont le rôle est de pourvoir à son alimentation et à celle des jeunes.


Migrations

On trouve chez les Rapaces tous les degrés de mobilité : sédentarité totale, erratisme et migrations caractérisées. Ainsi les Faucons pèlerins, qui nichent dans la toundra nord-américaine, hivernent dans les pampas d’Amérique du Sud, et les Faucons kobez de Chine dans le Sud-Est africain. Les Rapaces planeurs migrent souvent en troupes nombreuses, utilisant les ascendances thermiques et les courants aériens pour voyager sans effort.

De tout temps, l’Aigle, le plus puissant des Rapaces, a frappé les imaginations. Symbole de la majesté, de la puissance, c’est l’emblème de Zeus et de la foudre divine. Ganymède est enlevé par l’Aigle de Jupiter. L’Aigle figure sur les enseignes des légions romaines, il est l’emblème de Charlemagne, des empereurs de Constantinople, d’Allemagne, d’Autriche, etc. C’est encore l’emblème des États-Unis et de la Suisse. Dans les Balkans, la présence d’une aire d’Aigle protège les récoltes de la grêle.

Persécutés, empoisonnés par les pesticides, les Rapaces sont menacés malgré la protection légale dont ils jouissent dans de nombreux pays (en France depuis l’arrêté du 24 janv. 1972). Comme tous les prédateurs, ils jouent un rôle important dans le maintien de la stabilité des écosystèmes. Leur fonction est moins de régulariser certaines populations animales, dont ils ne prélèvent que le surplus, que de favoriser la sélection naturelle en éliminant les animaux tarés ou malades. Ils sont un facteur important de 1 évolution des espèces.

J. F. T.

➙ Oiseaux.

 H. Brüll, Das Leben deutscher Greifvögel (Iéna, 1937 ; 2e éd., Stuttgart, 1964). / S. P. Gordon, The Golden Eagle (Londres, 1955). / M. L. Grossman et J. Hamlet, Birds of Prey of the World (New York, 1964). / T. Mebs, Greifvögel Europas und die Grundzüge der Falknerei (Stuttgart, 1964). / P. Geroudet, les Rapaces diurnes et nocturnes d’Europe (Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1966). / F. Roux et J. F. Terrasse, les Oiseaux chasseurs (Hachette, 1966). / L. Brown et D. Amadon, Eagles, Hawks and Falcons of the World (Feltham, 1968 ; 2 vol.). / J. J. Hickey, Peregrine Falcon Populations (Madison, Wisc., 1968). / L. Brown, Eagles (Londres, 1970) ; African Birds of Prey (Londres, 1971). / G. et D. Lloyd, Birds of Prey (New York, 1970 ; trad. fr. les Rapaces, Larousse, 1971). / G. Menatory, l’Aigle royal (Stock, 1972).

Raphaël

En ital., Raffaello Sanzio ou Santi, peintre et architecte italien (Urbino 1483 - Rome 1520).


L’itinéraire de l’artiste en Italie centrale justifie la division traditionnelle de sa brève carrière, dont la peinture a fait la gloire, en trois périodes d’importance croissante.


Les Marches et l’Ombrie

À Urbino*, Raphaël s’initia à l’art auprès de son père Giovanni Santi, éclectique honnête, mais sans doute davantage au contact du milieu raffiné de la cour ducale. Puis il compléta son apprentissage à Pérouse chez le Pérugin*, qui sut lui communiquer un sens de l’ampleur que lui-même tenait de Piero* della Francesca. Les ouvrages produits par Raphaël dans cette période — de 1500 environ à 1504 — reflètent le style du Pérugin, parfois aussi celui du Pinturicchio (1454-1513), non sans laisser deviner un accent plus humain et un goût de la simplicité que ne contredit pas le raffinement de l’exécution. Le retable de l’église de San Francesco al Monte de Pérouse (1502-03, Pinacothèque vaticane) fait du Couronnement de la Vierge le sujet d’une composition à deux étages, où la variété des attitudes et des expressions témoigne d’une recherche personnelle. Peint en 1504 pour San Francesco de Città di Castello, le Mariage de la Vierge (pinacothèque Brera, Milan) reprend avec plus de grâce la démonstration de géométrie spatiale que le Pérugin avait réussie dans la Remise des clefs à la chapelle Sixtine.