Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rapaces (suite)

Les Accipitridés

Ils regroupent 217 espèces réunies en 64 genres, qu’il est souvent difficile de relier entre eux. Les plus primitifs semblent appartenir au vaste groupe des Milans, Rapaces au régime éclectique. Nos deux espèces de Milans européens, le Milan noir (Milvus nigrans) et le Milan royal (Milvus milvus), sont des Rapaces sociaux et charognards. D’autres Accipitridés sont très spécialisés, telle la Buse des Chauves-Souris (Machærhamphus alcinus) d’Afrique et d’Indonésie ou la Bondrée apivore (Pernis apivorus) d’Europe, dont la nourriture est constituée principalement du couvain des Guêpes souterraines. L’Aigle de mer, ou Pygargue à queue blanche (Haliætus albicilla) du Groenland à l’Asie septentrionale, écumeur des rivages dépassant 2 m d’envergure, est devenu très rare en Europe. Le Pygargue à tête blanche (Haliætus leucocephalus) d’Amérique du Nord est l’emblème des États-Unis. Les Vautours de l’Ancien Monde comprennent quelques-uns des Rapaces les plus grands. Ils ne tuent pas de proie vivante, mais se repaissent de cadavres et déchets. Trois espèces habitent encore la France : le Gypaète barbu (Gypætus barbatus), qui atteint 3 m d’envergure, se nourrit d’ossements, dont il casse les plus gros en les lâchant sur des rochers ; c’est aussi dans les Pyrénées que l’on trouve le Vautour percnoptère (Neophron percnopterus) et le Vautour fauve (Gyps fulvus), immense planeur, nichant en colonie dans les falaises. Des différents genres d’Aigles chasseurs de Serpents, on retiendra les Circaètes eurasiatiques et africains, dont une espèce, le Jean-le-Blanc (Circætus gallicus), habite la moitié sud de la France. Les Busards du genre Circus (3 espèces nichent en France) chassent au-dessus des landes, champs et marais et nichent au sol. Le genre cosmopolite Accipiter, Autours et Éperviers, contient 47 espèces de taille moyenne ou petite, toutes adaptées à la vie en forêt, où ils chassent Oiseaux ou Mammifères : tels sont l’Autour des Palombes (Accipiter gentilis) et l’Épervier d’Europe (Accipiter nisus). Autre vaste groupe cosmopolite, celui des Buses comprend de nombreuses espèces d’Amérique tropicale. En Europe, la Buse variable (Buteo buteo) est l’un des Rapaces les plus faciles à observer tandis qu’elle chasse les rongeurs à l’affût. Les forêts tropicales d’Amérique du Sud, des Philippines et de la Nouvelle-Guinée abritent quatre espèces de grands Aigles portant une huppe érectile. La Harpyie féroce (Harpia harpia) est le plus grand et le plus puissant de tous les Aigles ; pesant jusqu’à 8 kg, il chasse des Singes, des Paresseux et de grands Oiseaux. Presque aussi grand, l’Aigle des Singes (Pithecophaga Jefferyi) des Philippines est en voie de disparition. Parmi les Aigles des genres Aquila et Hieraætus, aux pattes emplumées jusqu’aux doigts, on trouve trois espèces vivant en France : l’Aigle royal (Aquila chrysætos), puissant Rapace montagnard, l’Aigle de Bonelli (Hieraætus fasciatus) des garrigues méditerranéennes et l’Aigle botté (Hieraætus pennatus), forestier et de petite taille. En Afrique, en Asie et en Amérique tropicales existent d’autres grands Aigles, comme les Spizaètes forestiers, le puissant Aigle couronné (Stephanoætus coronatus) chasseur de Singes et de petites Antilopes des forêts africaines, remplacé dans la zone des savanes par l’Aigle martial (Polemætus bellicosus).


Le Serpentaire

Représentant unique de la famille des Sagittariidés, il est adapté à la chasse terrestre des Serpents et d’autres petits animaux, qu’il recherche dans les hautes herbes de la savane africaine en déambulant sur ses longues jambes. Sa morphologie particulière lui donne autant l’aspect d’un grand Échassier que celui d’un Rapace.


Les Falconidés

Ils comprennent un premier groupe de Rapaces d’Amérique tropicale, les Faucons forestiers (Micrastur) et les 9 espèces de Caracaras, omnivores et charognards. Les Falconelles sont les plus petits Rapaces diurnes, surtout insectivores. Le Faucon pygmée (Microhierax cærulescens) du sud de l’Asie ne pèse pas 50 g. Les Faucons du genre Falco forment un groupe très homogène de 37 espèces au sein duquel l’évolution a néanmoins produit des types adaptés à tous les milieux et tous les genres de proies. Le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), devenu très rare, est l’un des types les plus parfaits du chasseur ailé, attaquant les Oiseaux en piqué à plus de 200 km/h.


Les Rapaces nocturnes (Strigiformes)

Les Tytonidés comprennent le groupe cosmopolite des Effraies. L’Effraie commune (Tyto alba) est un chasseur très répandu de Rongeurs et de Musaraignes. Les Strigidés sont commodément divisés en Hiboux et Chouettes suivant qu’ils portent ou ne portent pas d’aigrettes sur la tête. De la minuscule Chouette chevêchette (Glaucidium passerinum) au Hibou Grand Duc (Bubo bubo), véritable Aigle de la nuit, on trouve tous les intermédiaires. Plusieurs espèces de Chouettes et de Hiboux sont étroitement dépendantes des pullulations de Rongeurs dont elles se nourrissent. La Chouette chevêche était le symbole de Minerve et de la sagesse. C’est seulement en Afrique et en Asie que, parmi les nombreuses espèces de nocturnes, se sont différenciés des Hiboux (Ketupa) et des Chouettes (Scotopelia) adaptés à la capture des Poissons.


Caractères généraux

Le bec crochu des Rapaces est l’outil qui sert à dépecer la proie. Le rôle offensif est plutôt dévolu aux pattes, dont les quatre doigts sont armés de griffes acérées et courbes. La puissance et la configuration de ces serres présentent de grandes variations suivant les espèces et le type de proies qu’elles doivent maîtriser. Les Rapaces pêcheurs présentent des spicules aigus sur la face inférieure des doigts pour maintenir une proie frétillante et visqueuse. De plus, leur doigt externe est opposable comme chez les nocturnes. Les tarses sont nus et couverts d’écaillés chez la plupart des espèces, sauf quelques Aigles. Ceux des nocturnes sont emplumés jusqu’aux ongles. La morphologie générale, les ailes et la queue varient considérablement d’une espèce à l’autre et dépendent à la fois du milieu et du type de chasse pratiqué. Les grands Vautours, qui recherchent des cadavres sur de vastes étendues de terrain dégagé, ont développé des ailes immenses et larges leur permettant de planer avec une dépense d’énergie minimale. Au contraire, les Rapaces de forêts ont des ailes courtes et arrondies et une longue queue permettant des changements de direction soudains. Le plumage des nocturnes, extrêmement soyeux et duveteux, amortit les vibrations de l’air et le bruit des battements d’ailes. Le silence du vol permet ainsi à l’ouïe extrêmement fine de capter le moindre son, cris suraigus des micro-Mammifères-proies ou sons graves émis par le partenaire du couple. L’ouïe est extrêmement développée chez les Strigiformes ; l’Effraie peut ainsi localiser et capturer une proie dans l’obscurité totale. Les Busards utilisent accessoirement l’ouïe pour repérer leur proie, et cette fonction semble jouer un rôle important chez les Rapaces forestiers pour garder le contact entre partenaires du couple. L’acuité visuelle des Rapaces est supérieure à celle de l’ensemble des Vertébrés. L’œil, particulièrement volumineux, comporte deux fovéas, ce qui permet aux Rapaces une vision à la fois monoculaire et binoculaire indépendante et simultanée, avec un large champ de vision. La fovéa d’une Buse contient un million de cônes par millimètre carré. Au contraire, l’œil tubulaire des nocturnes est particulièrement riche en pourpre et en bâtonnets, avec un cristallin très développé permettant une grande sensibilité à la lumière. Le défaut de vision latérale est compensé par la mobilité de la tête. Le sens olfactif est presque inexistant.