Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

radiothérapie (suite)

Radiothérapie conventionnelle et rayons de haute énergie

L’étude des phénomènes d’absorption des radiations dans les tissus vivants montre que le taux de transmission en profondeur est très amélioré pour les rayonnements durs, ou rayonnements de haute énergie (bombe au cobalt, bêtatron, etc.). Autrement dit, pour une même dose administrée à la tumeur, la dose reçue par la peau et les tissus sains est nettement diminuée par rapport à ce qui se produisait en radiothérapie conventionnelle. De ce fait, sans être totalement abandonnée, cette dernière a vu beaucoup de ses indications disparaître au profit de la « mégavolt-thérapie ».


La radiothérapie conventionnelle

Elle subsiste surtout en radiothérapie de contact, qui traite les tumeurs cutanées, les cancers endocavitaires et même certains cancers en cours d’intervention chirurgicale. Les radiations sont émises sous une très faible pénétration (de 10 à 50 kV) et l’application se fait au contact de la lésion afin de minimiser la dose en profondeur.


Les rayons gamma

Parmi les radiations ionisantes employées dans un but cytolytique, c’est-à-dire en vue de détruire les cellules malignes, la gammathérapie est la plus utilisée. Le cobalt 60 est un radio-isotope artificiel obtenu par activation du cobalt dans une pile atomique. Le rayonnement gamma qu’il émet peut être utilisé suivant des techniques variées : implantation d’aiguilles de cobalt au sein des tumeurs, disposition dans les cavités naturelles de cylindres contenant le radioélément. Sans insister sur ces applications, disons que la cobaltothérapie locale a remplacé en grande partie les applications du radium. Mais c’est surtout l’utilisation transcutanée du cobalt radioactif (bombe au cobalt) qui doit être retenue. Actuellement, des sources de très haute activité sont utilisées, permettant des débits de 10 000 röntgens par heure à un mètre. Les possibilités de traitement des tumeurs malignes ont été ainsi très considérablement augmentées. Par contre, l’emploi du césium 137 n’a pas, jusqu’à présent, été concluant.

L’utilisation des hautes énergies a largement étendu les indications de la radiothérapie, permettant le traitement de tumeurs qui par leur caractère histologique ou leur extension étaient hors d’atteinte de la radiothérapie pénétrante conventionnelle.

Le bêtatron est un accélérateur d’électrons à induction magnétique. Les électrons, émis par un filament chauffé au rouge, sont accélérés sur des orbites en spirale. Leur vitesse augmente avec les variations du champ magnétique et leur accélération peut atteindre jusque 1 000 MeV (synchrotron). En pratique, les appareils d’utilisation courante ont une énergie qui ne dépasse pas 45 MeV. Les électrons ainsi accélérés viennent frapper une cible de tungstène refroidie produisant des rayons X très pénétrants : rayons X ultra-durs. Il semble que l’avenir soit aux accélérateurs linéaires de corpuscules, qui sont meilleurs générateurs de rayons X.


Les rayons corpusculaires (électrons)

Si au lieu de diriger les électrons accélérés vers une cible en métal lourd on les dévie vers une fenêtre de sortie, ils peuvent être utilisés eux-mêmes en thérapie : ils forment un faisceau de rayons corpusculaires à grand pouvoir énergétique. Les tumeurs cutanées et sous-cutanées étendues, les métastases inguinales, axillaires, sous-claviculaires constituent des indications pour ces traitements par électrons rapides. Les travaux modernes tendent à démontrer qu’avec l’énergie cinétique allant de 20 à 40 MeV on dispose d’électrons qui peuvent être employés en thérapie profonde. L’action de ces électrons accélérés est sélective sur le tissu tumoral et leur adaptation aux formes et aux dimensions de la tumeur à traiter peut être remarquablement précise, qu’il s’agisse de rayons X ultra-durs ou d’électrons à grand pouvoir énergétique. L’application de traitement peut se faire en irradiation fixe, et dans ce cas on fait varier la position du sujet afin de déterminer plusieurs champs d’irradiation. Mais il est souvent préférable d’utiliser l’irradiation en mouvement : cycloradiothérapie pendulaire ou rotative.


Dosage de la radiothérapie

De façon générale, la radiothérapie, et plus particulièrement l’utilisation des hautes énergies, nécessite une étude dosimétrique très précise. Le tracé des courbes isodoses, qui est long et complexe, est facilité par des systèmes d’automatisation qui aident considérablement le radiothérapeute dans l’établissement du plan de traitement : le but de ce dernier demeure que la tumeur reçoive la dose nécessaire sans que les tissus voisins aient à souffrir d’une irradiation excessive.

Avec les nouvelles utilisations thérapeutiques des radiations ionisantes, les problèmes de protection sont plus complexes qu’ils n’étaient en radiothérapie conventionnelle : les accélérateurs de particules obligent à utiliser une épaisseur de 2 m de béton pour arrêter le rayonnement direct.

En ce qui concerne les dangers des radiations, nous avons vu précédemment ce qu’étaient les radiolésions, mais il demeure deux faits importants à considérer : d’une part l’atteinte des organes hématopoïétiques, avec anémie et leucopénie ; et d’autre part le mal des rayons, qui se traduit par des nausées, des vomissements, de la diarrhée, parfois une température élevée et de la cyanose. Il semble que ce mal des rayons soit provoqué par le passage dans la circulation générale des produits de désintégration des tissus irradiés.


La radiothérapie en dehors des tumeurs

Nous n’avons envisagé jusqu’à présent que la radiothérapie cytolytique, destructrice des tumeurs malignes. Mais il ne faut pas négliger la radiothérapie modificatrice, efficace dans les infections, les inflammations, les arthroses, les névralgies et en particulier les névralgies cervico-brachiales et sciatiques. Cette radiothérapie modificatrice permet également la castration ovarienne et le traitement non sanglant des fibromes. Aux doses raisonnables utilisées, elle ne présente ni inconvénients ni dangers et constitue une arme thérapeutique excellente, indolore et très efficace.

E. W.

➙ Cancer / Curiethérapie / Isotopes / Rayonnement radioactif.