queue (suite)
La course (éventuellement le saut) en station bipède semi-érigée telle qu’elle est pratiquée par le Basilic, le Lézard à collerette, les Dinosaures, le Kangourou ou la Gerboise nécessite un balancier pour compenser le porte-à-faux du corps sur les pattes arrières. C’est la queue qui, puissante chez ces animaux, remplit cette fonction stabilisatrice. Chez la plupart de ces animaux, la queue peut aussi servir de béquille, l’animal au repos s’appuyant alors sur un trépied constitué par les pattes postérieures et son appendice caudal. Le Castor utilise sa queue plate et large de façon comparable (mais jamais comme truelle comme on le croit souvent).
Une autre modalité d’utilisation de la queue dans les processus de locomotion est présentée par nombre d’espèces arboricoles ou semi-arboricoles chez qui elle est longue, souple et préhensile : Caméléons parmi les Reptiles, groupes très variés parmi les Mammifères (des Sarigues aux Singes du Nouveau Monde en passant par les Pangolins). La queue préhensile des Sarigues et des Singes peut servir non seulement à la suspension, mais aussi à la préhension : parfois même son extrémité, plus ou moins dénudée, est riche en terminaisons tactiles.
La queue de certains animaux peut être utilisée comme instrument d’intimidation : c’est le cas du Crotale (Serpent à sonnette), qui, par vibration de son extrémité caudale, agite un bruiteur constitué par un certain nombre de segments cornés emboîtés de façon lâche ; le Castor donne l’alarme en claquant l’eau avec sa queue.
Enfin, la queue peut constituer une arme souvent redoutable : celle du Crocodile est une puissante massue, celle du Fouette-queue, garnie d’épines acérées, est une véritable masse d’armes. Certaines Raies (Pastenagues, Aigles de mer) peuvent infliger de dangereuses blessures grâce à leur queue flagelliforme dotée d’un aiguillon venimeux. Chez un grand nombre de Lézards, elle constitue un curieux organe de défense « passive » grâce à son pouvoir d’autotomie : elle se détache, au grand étonnement de l’agresseur qui l’a saisie, tandis que le Lézard s’enfuit.
De curieux usages de la queue
Le nom gréco-latin de l’Écureuil (Sciurus) donne à entendre qu’il s’abrite à l’ombre de sa queue. En fait, il emploie ce volumineux panache à un tout autre usage : il lui sert à soutenir en l’air l’arrière de son corps pendant ses longs sauts d’une branche à une autre. Le Tamanoir, en revanche, utilise effectivement sa queue comme parasol. La « Sarigue-Souris » est connue depuis Buffon par la façon dont la mère porte ses petits sur son dos, leur minuscule queue accrochée à la sienne, qu’elle rabat jusque par-dessus la tête.
Certaines races de Moutons africains des zones semi-arides ont une queue épaisse où se localisent des réserves de graisse utilisables en cas de disette.
J. Ch.