Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Q

Quesnay (François)

Économiste et médecin français (Méré, Île-de-France, 1694 - Versailles 1774).


Ses origines paysannes ont conduit Quesnay à rappeler que la terre est la source de toutes les richesses, et l’agriculture l’activité qui assure à la société un produit net formant le fonds de subsistance de toutes les classes non agricoles. Il n’y a que l’agriculture qui multiplie les ressources physiques et engendre un « produit net », car la récolte vaut plus que les « avances » (dépenses) faites. Les activités économiques autres que l’agriculture ne donnent pas de produit net : elles sont l’œuvre de classes stériles (commerçants et industriels) qui transforment les produits sans les multiplier et se bornent à faire circuler le produit net. Pour toutes ces raisons, l’agriculture doit faire l’objet de soins particuliers : il convient de lui donner les capitaux et l’organisation dont elle a besoin. « Ce sont moins les hommes que les richesses qu’on doit attirer dans les campagnes, car plus on emploie de richesses à la culture, moins elle occupe d’hommes, plus elle est prospère, et plus elle donne de revenus. » Quesnay propose ainsi l’abandon des méthodes de production féodales au profit d’un nouveau mode de production.

De ses travaux d’ordre médical — il fut chirurgien-chef de l’hôtel-Dieu de Mantes et écrivit des Observations sur les effets de la saignée (1730) et un Essai physique sur l’économie animale (1737) —, Quesnay a tiré une analogie entre la physiologie de la circulation sanguine (découverte un siècle auparavant) et la circulation des richesses : le produit net prend naissance dans l’agriculture, circule entre la classe des fermiers et les autres classes de la société, pour revenir aux agriculteurs. Cette idée est de toute première importance : les analyses modernes du fonctionnement de l’économie dans son ensemble font grand usage de la notion de circuit dégagée par Quesnay pour expliquer la formation du revenu* national.

Enfin, ses fonctions à la cour de Louis XV, comme médecin de Mme de Pompadour (1749), puis comme médecin du roi (1752), ont amené Quesnay à réfléchir sur le pouvoir, dont le premier caractère est la claire vision de l’ordre essentiel des sociétés. Pour se faire respecter, le pouvoir doit posséder l’autorité. Or, celle-ci ne se partage pas ; elle est d’inspiration divine ; aussi le meilleur gouvernement est-il celui d’un seul. En effet, du moment que l’autorité doit établir la conformité des institutions et relations sociales à l’ordre naturel, elle doit comporter le droit de commander et de se faire obéir. L’autorité sera donc tutélaire et désintéressée, soucieuse de l’intérêt général comme de l’intérêt particulier. Quesnay propose donc un État* défenseur général de l’harmonie des intérêts, indépendant des individus qui composent la société. Et c’est grâce à cette autorité de l’État que pourra être réalisée la liberté, conséquence de l’ordre naturel.

L’œuvre maîtresse de François Quesnay dans le domaine économique est le Tableau économique (1758), dont il développa les idées dans les Maximes générales du gouvernement économique d’un royaume agricole et qui eut une grande influence sur les physiocrates. Il collabora également à l’Encyclopédie.

G. R.

➙ Économique (science).

 A. Lacroix, Actualité du physiocrate François Quesnay (Cahiers bourbonnais, Moulins, 1969).

queue

Prolongement du tronc au-delà de l’anus.



Introduction

Il s’agit d’un organe impair, dépourvu de cavité générale, plus ou moins musculeux, soutenu par l’extrémité de la colonne vertébrale et contenant la portion terminale de la moelle épinière et de l’appareil vasculaire.

Cette définition implique que seuls les Vertébrés peuvent posséder une queue véritable. Dans le langage courant, le mot est fréquemment utilisé pour désigner l’extrémité postérieure du corps d’un Invertébré si elle est plus étroite que ce qui la précède. C’est ainsi que l’on parle de la queue d’une Écrevisse ou d’un Scorpion ; mais il s’agit là d’un emploi nettement abusif du terme puisque, notamment, l’anus s’ouvre à l’extrémité de telles « queues ». Chez les Invertébrés, l’utilisation de ce mot n’est guère admissible que dans le cas des Cercaires.


Forme

La queue peut prolonger insensiblement le tronc (Poissons, Crocodiles, Serpents, Cétacés) et, chez les formes aquatiques, elle est généralement dotée d’une nageoire terminale, le plus souvent verticale (Poissons, Ichtyosaures), parfois horizontale (Cétacés, Siréniens). Par contre, son faible diamètre relatif la rend très distincte du tronc chez la plupart des Mammifères, où, sauf chez les espèces fouisseuses, elle est généralement longue. Très courte chez les Tortues, elle n’est représentée chez les Oiseaux (lue par un tubercule musculo-glandulaire (croupion), support des plumes caudales (rectrices), souvent désignées elles-mêmes sous le nom de queue. Elle est absente chez les Batraciens anoures adultes, les Anthropomorphes et l’Homme, où elle n’est représentée que par 4 ou 5 vertèbres soudées en un coccyx.


Rôle

Si, chez certains Mammifères, la queue n’est qu’un ornement apparemment gratuit, tout juste utilisable comme chasse-mouches, il n’en va pas toujours ainsi. Fréquemment, elle joue un rôle important dans la locomotion en tant qu’organe propulseur directionnel ou stabilisateur.

Chez la plupart des animaux aquatiques, elle fonctionne comme gouvernail et comme godille, en général concurremment avec le tronc, qu’elle batte par ondulations horizontales (Poissons, Batraciens, Crocodiles, Ichtyosaures, Loutres) ou verticales (Cétacés, Castors). Chez les Oiseaux, l’empennage caudal est utilisé comme organe directionnel et de freinage, tandis que chez beaucoup de Batraciens et de Reptiles la queue participe activement à la reptation.