Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pythagore (suite)

La doctrine

On dit qu’il fut le premier à l’appeler philosophie. Elle était pourtant loin de la pure dialectique qu’elle deviendra chez Platon : « polymathie », dira Héraclite, pluralité de matières. Et, avant tout, les mathématiques.

Ensemble de recettes empiriques établies par les Égyptiens à des fins utilitaires, elle va enfin s’élever « au-dessus des besoins des marchands » (Aristoxène), devenir science démonstrative. Et il est intéressant de voir que, pour atteindre à la pure spéculation abstraite, le nombre a emprunté la voie religieuse et mystique. C’est sans doute son intérêt pour la musique, et le fait que l’accord musical se laisse ramener à une proportion mathématique, qui amena Pythagore à l’idée que « les nombres sont pour ainsi dire le principe, la source et la racine de toutes choses ». Sa conception particulière des mathématiques se développe à partir de là : les nombres ont des propriétés qualitatives ; le fondement de toute chose sera la tétraktys, ou somme des quatre premiers nombres, représentée par le triangle décadique, enveloppant en elle la nature du pair et de l’impair. De là ont découlé les découvertes proprement mathématiques : le théorème qui porte son nom, la construction de certains polyèdres réguliers, les débuts du calcul des proportions, peut-être le pressentiment du problème des irrationnels. La production du monde n’est conçue que sur le modèle de l’harmonie du nombre : le cosmos est le résultat de l’aspiration d’un vide illimité, situé hors du ciel et qui, absorbé par celui-ci, y séparerait des unités en instaurant des intervalles (le nombre étant ainsi produit non par addition, mais par division d’une unité enveloppante). Un feu central se trouve à la source de l’aspiration, ordonnant autour de lui la révolution des corps célestes.

Au disciple, cette mathématique fournissait donc l’accès au divin, à la compréhension de la nature et de son fondement, et le modèle des lois de la cité à venir. On a souvent noté le rôle de Pythagore dans la mutation d’une pensée religieuse à une pensée rationnelle.

D’un point de vue plus global et plus anthropologique, le pythagorisme est pour nous un moment exemplaire où l’homme entrevoit les deux côtés du miroir, ses pouvoirs irrationnels et le développement possible d’une positivité logique. Il est à craindre qu’une telle unité ne puisse être retrouvée, et la boucle bouclée, qu’au terme du savoir.

D. C.

 A. Delatte, Études sur la littérature pythagoricienne (Champion, 1915) ; Essai sur la philosophie pythagoricienne (Champion, 1922). / M. C. Ghyka, le Nombre d’or. Rites et rythmes pythagoriciens dans le développement de la civilisation occidentale (Gallimard, 1931 ; 2 vol.). / J. Mallinger, Pythagore et les mystères (Van de Graaf, Bruxelles, 1944). / J. E. Raven, Pythagoreans and Eleatics (Cambridge, 1948). / P. H. Michel, De Pythagore à Euclide (Les Belles Lettres, 1950). / F. Millepierres, Pythagore, fils d’Apollon (Gallimard, 1953). / J. Carcopino, De Pythagore aux apôtres (Flammarion, 1956). / L. Rougier, la Religion astrale des Pythagoriciens (P. U. F., 1959). / W. Burkert, Weisheit und Wissenschaft. Studien zu Pythagoras, Philolaos und Platon (Nuremberg, 1962). / C. J. de Vogel, Pythagoras and Early Pythagoreanism (Assen, 1966). / M. Detienne, les Jardins d’Adonis (Gallimard, 1972).

Corps ordonné des nombres rationnels, c’est-à-dire des nombres de la forme , où p ∈ ℤ et q ∈ ℕ*, muni de l’addition et de la multiplication.
ℤ est l’ensemble des entiers relatifs, c’est-à-dire des entiers précédés d’un signe ; ℕ* est l’ensemble des entiers naturels non nuls ; est alors une fraction précédée d’un signe.



Fraction, fractions équivalentes

Tout couple (ab) de ℤ* × ℤ* (ℤ* étant l’ensemble des entiers relatifs, zéro exclu) est appelé fraction ; a et b en sont les termes, a étant le numérateur et b le dénominateur. La fraction (ab) est aussi notée . Dans ℤ* × ℤ*, deux fractions (ab) et (a′, b′) sont en relation par ℛ si et seulement si ab′ = ba′. On a :
(ab) ℛ (ab) ; (ab) ℛ (a′, b′) ⇒ (a′, b′) ℛ (ab) ;
(ab) ℛ (a′, b′) et (a′, b′) ℛ (a″, b″) entraînent (ab) ℛ (a″, b″) ;
et, par suite, ℛ est une relation d’équivalence, puisqu’elle est réflexive, symétrique et transitive. On appelle nombre rationnel une classe d’équivalence d’une fraction donnée (ab), c’est-à-dire l’ensemble des fractions équivalentes à la fraction (ab) ; ce rationnel est noté .

ℚ* est l’ensemble-quotient de ℤ* × ℤ* par ℛ, ou ensemble des rationnels non nuls.

• Fraction irréductible. Chaque classe admet un représentant distingué (ou canonique), dont les termes, en valeurs absolues, sont premiers entre eux. Ce représentant, au signe près, est unique. C’est une fraction irréductible.

Étant donné un rationnel , on obtient la fraction irréductible , équivalente à , en divisant a et b par leur plus grand commun diviseur. On obtient toutes les fractions équivalentes à en multipliant le numérateur et le dénominateur de par un même entier relatif :
(a′, b′) ℛ (ab) ⇔ ∃ k ∈ ℤ : a′ =  et b′ = .


Multiplication des nombres rationnels non nuls

Étant donné deux couples (ab) et (a′, b′) de ℤ* × ℤ* pris dans cet ordre, on appelle produit de ces couples le couple (aa′, bb′). Le couple obtenu ne dépend pas des représentants choisis pour les fractions (ab) et (a′, b′). Si (ab) ℛ (a1b1) et on a ab1 = a1b et

Les produits associés à ces couples sont

et, compte tenu des deux égalités ci-dessus, on a

ce qui entraîne


Propriétés de la multiplication dans ℚ*

La multiplication ainsi définie est :

elle possède un élément neutre, la fraction dont un représentant est car dans ℚ*, tout élément a un inverse ainsi est l’inverse de .

(ℚ*, ×) est un groupe commutatif.