Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pygmées (suite)

Traditionnellement, le mariage mbouti se fait par échange, « tête pour tête » : un garçon qui désire épouser une fille doit décider sa sœur ou sa cousine à se marier avec le frère ou le cousin de sa fiancée. Le mariage est le plus souvent matrilocal et sans dot. La coutume est de choisir un partenaire dans une horde différente et non immédiatement voisine. Sous l’influence des agriculteurs sédentaires noirs est apparu le mariage avec dot et un accroissement de la polygamie.

Les Mboutis entretiennent des relations avec les agriculteurs sédentaires ; ils échangent les produits de la chasse (viande fumée) contre des objets et des produits de consommation (poteries, objets de fer pour remplacer les pointes de bois durcies au feu et au sel). Parfois, une femme mbouti peut épouser un habitant d’un village. Cependant, les Mboutis sont capables de subvenir à tous leurs besoins sans recourir aux échanges.

Les Pygmées ne pratiquent pas le culte des ancêtres, et leurs croyances religieuses mettent en valeur la bienveillance de la forêt. Celle-ci n’est pas un objet de crainte ; les Mboutis se disent enfants de la forêt.

Lorsque les hommes ont décidé la cérémonie du molimo, ils vont chercher en secret une trompe (généralement en bois) cachée dans la forêt : le molimo. Quand les femmes entendent celui-ci, elles se cachent à l’intérieur des huttes ; les hommes chantent autour du feu pour obtenir la protection de la forêt. Cette cérémonie peut durer un mois, jusqu’à ce que celle-ci ait prouvé sa bienveillance.

J. C.

 P. Schebesta, les Pygmées (Gallimard, 1940). / M. Gusinde, Urwald Menschen am Ituri (Vienne, 1948). / N. Ballif, les Danseurs de Dieu chez les Pygmées de la Sangha (Hachette, 1954). / C. M. Turnbull, The Forest People (Londres, 1961 ; trad. fr. le Peuple de la forêt, Stock, 1963) ; Wayward Servants. The Two Worlds of the African Pygmies (New York, 1965). / F. Plisnier-Ladame, les Pygmées (C. E. D. E. S. A., Bruxelles, 1970).

P’yŏng-yang

Capitale et principale ville de la Corée du Nord ; environ 1,5 million d’habitants.


P’yŏng-yang s’étend sur les deux rives du Tä-dong, à 45 km de la mer, dans un site de plaine alluviale accidenté de nombreuses buttes basses. Le climat est rude ; l’hiver, froid et sec, est la saison dominante (– 11 °C en janvier). Bien qu’il puisse neiger de novembre à mars, l’essentiel des précipitations tombe en été (24 °C en juillet) sous forme d’averses. La moyenne annuelle est de 9,9 °C.

P’yŏng-yang est une des plus anciennes cités de la Corée. C’est à l’époque de Ko-gu-ryŏ, au ve s., qu’elle devint pour la première fois capitale, et de nombreux tombeaux se voient encore à sa périphérie. Par la suite, même lorsqu’elle perdit sa fonction de métropole, elle demeura en importance la seconde ville du pays, après Séoul. La guerre de Corée de 1950 à 1953 lui porta de rudes coups. La ville reçut alors plus de 500 000 bombes, dont chacune fit en moyenne une victime et qui détruisirent en outre 60 000 constructions ainsi que tous les bâtiments publics. Véritable désert de pierre en 1954, elle fut reconstruite entièrement et présente donc, en dépit de sa longue histoire, l’aspect d’une cité entièrement moderne.

Le paysage urbain s’ordonne des deux côtés du Tä-dong (que franchissent cinq ponts), qui le divise en deux grands secteurs. La ville frappe par son caractère ouvert, spacieux par rapport à sa population. D’un côté du fleuve se trouvent les bâtiments publics, le Grand Théâtre, l’avenue du Peuple, artère majeure de la ville, qui traverse la place Kim Il-sŏng, siège des défilés et des parades. Le palais des Travailleurs, la gare, l’université se trouvent à proximité. Sur l’autre rive s’étendent des quartiers résidentiels et manufacturiers, séparés aussi par de larges avenues rectilignes. Le paysage urbain se compose de blocs de quatre à huit étages recouverts de terrasses (de vastes toitures de tuile aux coins relevés conservent aux bâtiments de prestige une silhouette traditionnelle).

C’est son urbanisme qui fait de P’yŏng-yang une des cités les plus avancées du monde, par son caractère social, son ampleur et la promptitude de ses réalisations. Dans les dix années qui suivirent la paix, on avait déjà édifié 120 000 logements, 43 ha de parcs et de bâtiments scolaires, 17 ha de quartiers commerciaux, 7 ha de lieux de spectacle (théâtres et cinémas) et 10 ha de constructions hospitalières. P’yŏng-yang est encore une ville verte. Durant l’époque japonaise, les constructions occupaient 85 p. 100 du périmètre urbain, contre 25 p. 100 aujourd’hui, et P’yŏng-yang est une des cités millionnaires à offrir le plus de verdure à chacun de ses habitants : environ 35 m2 par personne.

Elle joint à ses fonctions de centre politique, intellectuel et économique une fonction industrielle qui en fait, avec ses cités satellites, le principal foyer manufacturier du pays. Les environs sont fort riches en minerais divers : or, cuivre, fer et anthracite, dont les dépôts se dispersent autour de la ville. Les Japonais développèrent systématiquement ces richesses, notamment le fer, qui fut traité avec le coke de la Mandchourie voisine. Kyŏm-i-p’o, non loin de la mer, reçut des hauts fourneaux, et Čin-nam-p’o (Nampo), port de la capitale, des raffineries d’or et de cuivre. Une grande cimenterie fut édifiée à l’est de la capitale, tandis que ses environs immédiats recevaient des usines traitant textiles, produits chimiques et métaux. L’équipement hydro-électrique du Ya-lu, encore inachevé lors du départ des Japonais, donna un coup de fouet brusque à cette industrialisation, et des activités variées virent alors le jour : industries de l’aluminium, des engrais, du caoutchouc et du matériel électrique. La guerre de Corée détruisit toute cette infrastructure, et l’actuelle région industrielle de P’yŏng-yang est une création purement coréenne.

Le grand barrage de Su-p’ung, sur le Ya-lu, ainsi que l’anthracite des collines proches, fournissent en abondance de l’électricité. Pour l’essentiel, il semble que la localisation actuelle des différentes activités ait repris l’organisation d’avant guerre. La grosse métallurgie du fer se trouve surtout à Kyŏm-i-p’o, et, dans le cadre de la coopération économique avec la Chine, le fer de Mandchourie et le coke sont venus élargir ses bases de fabrication, tandis que les barrages du Ya-lu dirigent une part de leur courant vers le Nord-Est chinois. À Kang-sŏ, des fabriques de tubes et des câbleries en utilisent les produits comme, à Song-nim, les ateliers qui produisent rails et poutres métalliques, et qui voisinent avec des briqueteries et des industries chimiques variées. Čin-nam-p’o, enfin, outre sa fonction de port, traite l’or, l’argent, le cuivre, et ses chantiers navals construisent des cargos de 2 000 à 6 000 t. Dans la capitale elle-même ou ses proches faubourgs se concentrent les fabrications légères ou plus élaborées. Au total, la région de P’yŏng-yang, au sens large, possédait en 1968 le quart des installations manufacturières du pays.

J. P.-M.