Classe d’Arthropodes* marins apparentés aux Arachnides*.
Les Pycnogonides, également appelés Pantopodes, se rencontrent dans toutes les mers, depuis le littoral jusqu’aux grandes profondeurs (7 000 m) ; surtout marcheurs, ils restent sur le fond, habituellement près des Hydraires ou des Bryozoaires, qui constituent leur nourriture. On en compte environ 500 espèces, dont une vingtaine sur les côtes de France. Les principaux genres sont le genre Pycnogonum et le genre Nymphon.
Chez les formes littorales, le corps dépasse rarement 1 cm de long (Pycnogonum littorale), alors que les formes abyssales atteignent de plus grandes tailles : Colossendeis mesure 5 cm de long et porte des pattes de 30 cm. Il se subdivise en trois parties.
1. La tête, ou céphalon, se prolonge par une trompe portant la bouche à son extrémité et formée de trois pièces, une dorsale et deux latéro-ventrales ; à la base de la trompe, un tubercule montre quatre yeux simples, analogues à ceux des Arachnides. La tête porte également une paire de chélicères terminées par une pince, une paire de palpes et une paire d’appendices très particuliers, les ovigères. Chélicères et palpes manquent dans certains genres ; les ovigères sont toujours présents chez les mâles, qui portent les œufs après la ponte.
2. Le tronc montre souvent des segments apparents ; il porte quatre paires de pattes locomotrices, parfois cinq (Pentanymphon) et même six. Mis à part des genres comme le genre Pycnogonum, dont les pattes sont courtes et épaisses, ces appendices se signalent par leur longueur et leur minceur, ce qui explique le terme de Pantopodes (« tout en pattes ») ; ils comportent huit articles, s’autotomisent facilement et peuvent régénérer. L’appareil digestif y envoie des cæcums, ainsi que dans les appendices céphaliques.
3. L’abdomen est réduit à un court mamelon sans segments ni appendices, portant simplement l’anus.
Parfois tapis sous les pierres, les Pycnogonides déambulent d’habitude lentement sur le substrat ; ils peuvent nager en déplaçant leurs pattes de haut en bas. Pour se nourrir, ils dilacèrent les tissus des Hydraires avec leurs chélicères et portent les lambeaux à leur bouche, à moins qu’ils n’enfoncent directement leur trompe dans leur proie. Ils n’ont pas d’appareil respiratoire spécialisé et respirent par leurs téguments.
Les sexes sont séparés, et les orifices génitaux s’ouvrent à la base des pattes. Les Pycnogonides se réunissent au moment de la reproduction, et, après les avoir fécondés, les mâles fixent sur leurs pattes ovigères les œufs pondus par les femelles et les conservent jusqu’à l’éclosion. La larve qui naît, ou protonymphon, ne possède que trois paires d’appendices, correspondant aux appendices céphaliques de l’adulte. Les larves restent parfois accrochés au mâle, mais souvent mènent une vie libre au milieu des Hydraires coloniaux ou bien se fixent sur eux en véritables ectoparasites.
Le développement s’achève par une métamorphose, au cours de laquelle les appendices larvaires régressent et sont remplacés par les chélicères, les palpes et les ovigères, tandis que les pattes locomotrices se différencient à partir d’une ébauche.
Par plusieurs caractères, les Pycnogonides se rapprochent des Arachnides : présence de chélicères, structure des yeux et des centres nerveux ; mais la présence des ovigères, la structure de la trompe, le nombre variable d’appendices ambulatoires et l’habitat marin font d’eux un groupe à part, dont la place phylogénétique est encore incertaine ; le rameau original que les Pycnogonides constituent s’est sans doute détaché anciennement ; en tout cas, dès le Dévonien existaient des formes assimilables aux Pantopodes actuels (Palæopantopus, d’Allemagne).
M. D.
E.-L. Bouvier, Pycnogonides (Lechevallier, 1923).