Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Puy (Le) (suite)

D’un puissant mouvement, le clocher enlève ses sept cubes superposés au flanc est de l’abside et s’achève en pyramide triomphale. Ses chapiteaux et ses hauts-reliefs évoquent la montée de l’âme au paradis par la pratique des vertus de force, de justice, de prudence et de tempérance, dont les noms sont gravés dans la pierre. Polychrome comme la cathédrale, le cloître (xie-xiiie s.) est couvert de voûtes d’arêtes que supportent des piliers carrés flanqués de colonnes. Sa marqueterie de pierres, d’inspiration arabe, fait alterner aux claveaux des arcs les tons rouge et noir et blanc et noir. Inspirés des écrits de Jean Cassien, les images des chapiteaux et de la frise illustrent le thème du combat que le chrétien doit mener contre les tentations. L’austère chapelle des Morts, attenante au cloître, est ornée d’une fresque de la Crucifixion d’inspiration byzantine (xve s).

Au sommet du dyke volcanique d’Aiguilhe se dresse à 88 m la chapelle Saint-Michel-d’Aiguilhe, au clocher pyramidal. Sa partie la plus ancienne, construite de 962 à 972, est englobée dans l’édifice édifié à la fin du xie s. et au début du xiie. Les pèlerins du Puy, après avoir prié la Vierge, ne manquaient pas de gravir les 251 marches taillées dans la roche pour demander à l’archange saint Michel son aide dans la lutte contre Satan. La façade polychrome de la chapelle se compose du portail, encadré de deux colonnettes aux chapiteaux sculptés qui soutiennent un arc trilobé, d’un large bandeau de marqueterie losangée en pierres noires, blanches et rouges, enfin d’une corniche de cinq arcatures ornées de bas-reliefs que supportent des corbeaux sculptés. Au linteau se font face deux sirènes emportées par un gracieux mouvement de natation. L’agneau en gloire, au centre, et les vieillards de l’Apocalypse, à droite et à gauche, occupent les trois lobes de l’arc. À l’arcature médiane de la corniche trône le Christ souverain juge entre l’alpha et l’oméga ; dans les quatre autres sont figurés la Vierge et saint Jean, d’une part, et saint Michel tenant la balance et saint Pierre les clés, d’autre part.

Une coupole pyramidale couvre la chapelle primitive de Saint-Michel-d’Aiguilhe. Ses fresques, très altérées (xe s.), représentent le jugement dernier. Des colonnettes monolithes aux chapiteaux ornés d’entrelacs supportent les voûtes basses. Les fouilles faites sous l’autel en 1955 ont mis au jour un Christ en majesté au visage dévoré par des yeux immenses — l’un des plus beaux christs romans malgré ses dimensions réduites — ainsi qu’une croix byzantine de la Mère de Dieu. Ces deux pièces témoignent, comme l’ensemble des œuvres déjà citées, de l’influence du christianisme oriental sur l’art roman du Puy.

J. P.

 O. Beigbeder, Forez-Velay roman (Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1962). / A. Faux, Notre-Dame-du-Puy (Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1966). / G. et P. Paul, les Décors du Puy (Bordas, 1971).

Puy-de-Dôme. 63

Départ. de la Région Auvergne* ; 7 955 km2 ; 580 033 hab. Ch.-l. Clermont-Ferrand*. S.-pr. Ambert, Issoire, Riom et Thiers.


Il correspond pour l’essentiel à l’ancienne basse Auvergne. Le relie comprend quatre ensembles principaux.

Au nord-ouest, le vaste plateau de Combraille, formé par des roches du socle (granite, gneiss, micaschistes), s’abaisse du sud-est au nord-ouest (de 900 à 600 m) ; il est accidenté par des gorges profondes (Sioule, Morge), surtout au nord et à l’est, et déformé par des mouvements tectoniques N.-N.-E. - S.-S.-O. (ondulations à grand rayon de courbure, comme celle où s’inscrit la Sioule) ; des horsts, comme celui qui se suit de Charensat à Montaigut, et des dépressions, telles celles que drainent en sens inverse la Bouble et le Chalamont, marquent la topographie.

Au sud-ouest s’étend l’ensemble volcanique complexe des monts Dore, des monts Dôme et du Cézallier. Ce dernier est une grande coupole massive de basalte, accidentée de quelques projections (signal du Luguet, 1 555 m). Les monts Dore superposent et imbriquent avec des formes vigoureuses basaltes, cinérites, rhyolites, trachytes, andésites et basaltes supérieurs ; ils culminent au Sancy (1 886 m). Quant aux monts Dôme, ils alignent du nord au sud, sur 30 km, une série de cônes de projections non jointifs, émergeant du socle, très récents (postérieurs, en général, à la dernière glaciation) et formés principalement de scories (exploitation de pouzzolane), plus rarement de laves acides (puy de Dôme, 1 465 m).

La plaine de la Limagne forme l’élément médian du relief. Large au nord, elle y étale : ses collines occidentales ; les molles ondulations des marnes oligocènes, couvertes de terre noire et creusées de dépressions marécageuses, asséchées au cours de longs efforts commencés dès l’époque celtique ; la platitude caillouteuse de la Varenne, formée d’anciennes terrasses dominant la Dore et portant la forêt de Randan. Au niveau de Clermont, elle se rétrécit et est accidentée de buttes et d’éléments de coulées volcaniques : c’est la Limagne des Buttes. Au Sud, au-delà du horst de Saint-Yvoine, commence le couloir plus étroit et plus régulier de la Limagne d’Issoire.

L’est du département est occupé par des horsts : celui du Livradois, dissymétrique, s’élève vers le sud-est (1 200 m), tandis que sa bordure occidentale, adoucie, se couvre de marnes vers Billom et Vic-le-Comte, sauf là où elle est accidentée par les volcans de la Comté, bloc boisé atteignant 800 m. Au-delà de la gorge de la Dore et du fossé tectonique rectangulaire qui forme la plaine d’Ambert, le Puy-de-Dôme possède le versant occidental du grand bloc du Forez, le plus raide, prolongé vers le nord, au-delà du couloir de la Durolle, par les Bois Noirs, moins élevés (1 292 m au Montoncel, contre 1 640 à Pierre-sur-Haute).

Le climat est rude, plus océanique et neigeux sur les hauteurs volcaniques, plus tempéré dans les dépressions, comme la vallée de la Sioule, plus continental au centre et à l’est, avec deux variantes : celle de la plaine limagnaise, aux étés chauds, mais aux hivers froids et brumeux, et celle des montagnes, aux hivers assez secs et peu enneigés, mais froids, aux étés frais et, dans les Bois Noirs, très pluvieux. Grâce à ses avantages naturels (variété de climats, richesse de certains sols, complémentarité de la montagne et de la plaine), la basse Auvergne fut une des régions les plus peuplées de la France préindustrielle (elle possédait d’ailleurs de nombreuses industries artisanales, notamment du textile et du bois, et l’émigration temporaire y fournissait d’importantes rentrées d’argent) : il y avait 57 habitants au kilomètre carré vers 1750. Le maximum de population fut atteint en 1846 (601 594 hab.) non sans inégalités : à cette date en Combraille, avant en Limagne, plus tard en Forez et en Livradois, vers 1880 seulement en Artense. La baisse générale se poursuivit jusqu’en 1946 (478 876 hab.). La remontée intervenue depuis lors masque des mouvements divergents : concentration de la population dans les villes (62,8 p. 100 en 1975), dans l’axe de l’Allier ; baisse modérée dans l’ouest ; stagnation dans le nord-est ; chute préoccupante dans tout le sud-est. La natalité, inférieure à la moyenne française, atteint des taux particulièrement bas dans les campagnes (de 6 à 8 p. 1 000) ; l’agglomération clermontoise (près de 300 000 hab.), par sa croissance rapide, absorbe maintenant la plus grande partie de l’émigration rurale, à laquelle s’ajoutent des immigrants de diverses régions de France et des étrangers (près de 15 000 Portugais). L’économie agricole des montagnes de l’est est très appauvrie (extension des reboisements), et les fermes de Combraille cherchent avec peine de nouvelles orientations. Mais les domaines d’élevage des montagnes volcaniques (fromage, veaux) et les fermes de Limagne, où regagnent les céréales (blé, maïs) et les plantes industrielles (colza, tournesol, voire betterave), sont les point forts de l’agriculture, dont les principales potentialités résident dans l’intensification fourragère (notamment grâce au maïs et au seigle, voire à des graminacées sélectionnées). L’agrandissement rapide des exploitations semble ouvrir des perspectives surtout dans les régions hautes. Outre les puissantes industries de Clermont-Ferrand, qui emploient de nombreux travailleurs ruraux recrutés dans un rayon de 30 km, le Puy-de-Dôme possède le principal centre français de coutellerie (Thiers, où cette activité, en difficulté, est souvent relayée par d’autres industries mécaniques), des industries métallurgiques (Les Ancizes-Comps), aéronautiques et mécaniques (Issoire). Il est un des importants départements touristiques français, plus par la fréquentation diffuse de ses campagnes, qui s’équipent de plans d’eau et de villages de vacances, et par ses stations de ski (Le Mont-Dore, Super-Besse) que par ses stations thermales (Royat et Châtelguyon se maintiennent, Saint-Nectaire et La Bourboule déclinent). Le parc des volcans, la retenue de Sauret-Besserve, sur la Sioule, doivent augmenter le potentiel touristique de l’ouest.