Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

pyramide

Type de monument funéraire de l’ancienne Égypte*, originellement réservé aux pharaons.



Généralités

La pyramide véritable est née en Égypte, où elle est directement issue du type de grand monument en gradins appelé pyramide à degrés. Celle-ci, sorte d’escalier symbolique dressé vers le ciel, fut inaugurée sous la IIIe dynastie, dans la seconde moitié du xxviiie s. av. J.-C., pour la superstructure de la tombe du roi Djoser à Saqqarah par le divin Imhotep, son ministre-architecte. Celui-ci, également grand prêtre d’Héliopolis, aurait figuré ainsi l’escalier dont il sera question ensuite dans les « Textes des Pyramides » et qui devait faciliter l’ascension de l’âme du roi défunt vers Rê, le Soleil. Le passage à la pyramide véritable se fit moins d’un siècle plus tard, lorsque les architectes du roi Snefrou eurent l’idée de matérialiser dans la pierre le tracé triangulaire où l’on inscrivait jusqu’alors le profil de la pyramide à degrés à construire. Cette forme nouvelle plus pure, rappelant celle du benben, la pierre sacrée d’Héliopolis, devait permettre aussi bien l’ascension de l’âme royale vers Rê ; mais, considérée en outre par les théologiens comme une pétrification des faisceaux de rayons bénéfiques que le dieu Soleil darde sous les nuées pour en recouvrir la tombe du roi, elle allait désormais, assurer plus parfaitement la protection de celle-ci. Quant à l’origine du mot pyramide employé par les auteurs grecs, alors que, dans les textes égyptiens, ce type d’édifices est toujours désigné par le vocable mer, elle reste discutée entre partisans d’une racine égyptienne hellénisée et ceux d’une pure origine grecque.

La pyramide recouvrant le tombeau royal a toujours constitué le point culminant d’un complexe monumental. Celui-ci comprenait, au moins dès le début de la IVe dynastie, deux temples reliés entre eux par une chaussée privée, généralement couverte et ornée de bas-reliefs comme leurs salles principales : le temple haut, où se rendait le culte funéraire, disposé en principe sur la face est de la pyramide, et le temple bas, où se faisait la réception des cortèges, situé en lisière de la vallée avec bassin d’accostage pour les bateaux. Une enceinte entourait la pyramide et, à partir de la Ve dynastie, la partie intime du temple haut, avec une petite pyramide satellite. Enfin, de très grandes barques de bois déposées dans des caveaux ou parfois des simulacres en pierre pouvaient être répartis à côté de l’enceinte ou de la chaussée. Quant aux tombes des reines, qui furent souvent aussi des pyramides, mais de dimensions plus modestes, elles étaient édifiées à proximité du complexe royal.


L’Ancien Empire

Le complexe monumental de Djoser, dominé par la pyramide à degrés, qui, recouvrant un grand mastaba initial, atteignit après diverses modifications quelque 60 m de hauteur, s’étend sur 15 ha limités par une enceinte rectangulaire haute de 20 coudées (10,50 m) ; construite en calcaire fin appareillé en assises réglées, cette enceinte imitait par ses bastions et ses redans les grands murs de brique crue de l’époque. Dans ce complexe, le cadre architectural du Heb-Sed, importante fête jubilaire où, après trente années de règne, le roi était réintronisé, fut figuré en pierre de taille jugée indestructible, afin de permettre au ka de Djoser de la célébrer périodiquement dans l’au-delà et d’y recevoir confirmation de ses fonctions royales. Outre ces édifices factices aux portes simulées dans la pierre, qui constituaient un immense décor de caractère magico-symbolique, un hall à 48 colonnes engagées faisait suite à l’entrée de l’enceinte, et un temple de culte était accolé à la face nord de la pyramide : là prend la descenderie souterraine conduisant, d’une part, au caveau funéraire en granit situé à 28 m au fond d’un énorme puits et, d’autre part, aux appartements souterrains du ka. Ceux-ci comportent des chambres ornées de faïences bleues et de trois stèles fausses-portes sur lesquelles le roi est représenté en bas relief, effectuant des rites symboliques. Dans cinq galeries plus profondes et indépendantes sont apparus les vestiges des tombes d’enfants royaux et peut-être de la reine, et, dans plusieurs autres, situées au même niveau, fut découverte une étonnante réserve de 30 000 à 40 000 pièces de vaisselle d’albâtre et de pierres dures diverses, portant parfois gravés des noms de rois des deux premières dynasties. Enfin, dans le massif du mur d’enceinte sud se développe un second tombeau pour le roi, qui comprend les mêmes dispositions et aménagements que le premier ; par sa situation au sud, il évoque peut-être le cénotaphe que les rois des premières dynasties érigeaient à Abydos. Dans les complexes funéraires suivants, une seconde tombe se retrouvera également au sud de la pyramide royale, d’abord sous forme de mastaba, puis sous celle d’une pyramide satellite de dimensions réduites.

Après la période assez courte des pyramides à degrés, dont trois autres, plus ou moins ruinées, sont attribuables chacune à l’un des rois de la IIIe dynastie, l’ère des pyramides véritables commence avec Snefrou, fondateur de la IVe dynastie vers 2675 av. J.-C. C’est à ce roi que sont imputables les deux grandes pyramides de Dahchour. Celle du sud, dite « la rhomboïdale » et la première construite, paraît avoir dû son changement de pente à certains tassements ou bombements de parois intérieures survenus en cours de construction, qui contraignirent les architectes à en réduire la hauteur pour l’achever plus rapidement. Ces derniers, après avoir peut-être voulu remployer la pyramide à degrés de Meidoum (qui n’aurait pas été utilisée pour la sépulture de Houni, dernier roi de la IIIe dynastie) et l’avoir transformée en pyramide véritable, y renoncèrent finalement, se résignant à construire la seconde pyramide de Dahchour. Ces deux pyramides, qui atteignaient l’une et l’autre une centaine de mètres de hauteur, représentaient ensemble un volume total dépassant de plus de 400 000 m3 celui de la grande pyramide de Gizeh (Guizeh), tombeau de Kheops, le fils de Snefrou.