Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

psychotrope (suite)

Parmi ces multiples drogues psychotoniques noo-analeptiques, on distingue :
— des excitants du cortex cérébral, qui comprennent les amines de réveil, ou psychamines, possédant une action sympathicomimétique (amphétamines et leurs innombrables dérivés, amines hétérocycliques), les excitants centraux purs, dont le type est la caféine et l’acétyl-tryptophanate de caféine ;
— des régulateurs métaboliques, d’action beaucoup plus douce et progressive, qui sont dénués d’effet végétatif ou d’excitation corticale.

Ce sont toutes les substances contenant le radical diéthyl-aminoéthanol, qui favorisent la transmission de l’influx nerveux, ou celles qui favorisent le fonctionnement biochimique du cerveau en augmentant le transport et l’utilisation du sucre dans le système nerveux (phosphorylation oxydative des cellules) ou en augmentant la consommation d’oxygène cellulaire. Certaines agissent sur l’hypothalamus et les mécanismes qui commandent la vigilance du cortex (centrophénoxine). Citons, parmi ces innombrables régulateurs, toutes les préparations phosphorées, la triphosadénine, les aspartates, l’acide glutamique et ses sels, l’acétylglutamine, l’acide gamma-aminobutyrique, l’heptaminol, les esters de l’acide nicotinique, les hématoporphyrines, certaines vitamines*, comme la vitamine C, la vitamine PP, la vitamine B12. On y adjoint la strychnine, les dérivés de la kola, les acides nucléiques* (A. R. N., A. D. N.), l’A. T. P. et l’A. M. P., les acides aminés* comme le glycocolle, la lysine, l’arginine, le glutathion, etc., et surtout certaines hormones* et des extraits glandulaires divers : la testostérone et les anabolisants protidiques, les hormones cortisoniques, thyroïdiennes, etc. Les régulateurs métaboliques (excepté les hormones) ont une action plus physiologique que les amines psychotoniques. Ils sont plus maniables, même de manière prolongée, et n’exposent pas, si les doses demeurent modérées, aux mêmes accidents psychiques. La plupart ne sont pas trop excitants et stimulent lentement le système nerveux avec une légère action euphorisante.

• Médicaments thymo-analeptiques, ou antidépresseurs. Ces derniers agissent essentiellement sur l’humeur, ou fonction thymique, en la stimulant progressivement dans le sens de l’euphorie, du dynamisme, avec désir d’activité, sentiment de confiance et de bien-être. Ils ne sont efficaces que chez les sujets déprimés, et leur administration chez le sujet normal est généralement sans intérêt. Ils entraînent une hypotension artérielle. Ils n’accroissent pas ou que peu la vigilance, les fonctions sensorielles ou le rendement intellectuel, comme le font les amines psychotoniques noo-analeptiques. Ils ne provoquent pas d’insomnie (sauf à doses élevées). Quelques-uns ont un effet sédatif (amitriptyline, triméprimine). Par contre, certains peuvent augmenter la tension anxieuse quand elle existe (imipramine). C’est pourquoi ils sont souvent associés aux tranquillisants. On en connaît deux catégories principales :
— les dérivés de l’iminodibenzyle : imipramine, chef de file, chlorimipramine (ou clomipramine), amitriptyline, nortriptyline, triméprimine, opipramol, les dibenzoazépines ;
— les inhibiteurs de la mono-amine-oxydase (I. M. A. O.), dont les principaux sont l’iproniazide, le nialamide, l’isocarboxazide, l’iproclozide, l’octamoxine, la tranylcypromine, la benzoylhydrazine.

Les premiers donnent lieu à de multiples phénomènes secondaires gênants, mais sans aucune gravité (sauf chez le sujet âgé et vasculaire). Les seconds sont beaucoup mieux tolérés, sans gêne pour le malade, mais peuvent entraîner des accidents graves, quoique exceptionnels. Surtout, ils ne doivent en aucun cas être associés à d’autres médicaments sans l’autorisation du médecin. Leur absorption oblige le sujet à s’abstenir de fromages et d’alcool. La méfexamide est un antidépresseur à part, ne faisant pas partie de ces deux catégories.

Tous ces antidépresseurs ne sont utilisés que dans le traitement des dépressions et des névroses asthéniques, parfois dans certaines psychoses. Leur action est lente à s’établir (de quinze jours à trois semaines). On peut les absorber pendant très longtemps suivant l’avis médical, sous surveillance régulière, sans danger d’accoutumance ou de toxicomanie. Leur action résulterait de modification du fonctionnement biochimique de certains centres et systèmes complexes du cerveau qui sont responsables de la régulation de l’humeur. Les I. M. A. O. entraînent l’accumulation dans le tissu nerveux de monoamines : catécholamines (adrénaline, noradrénaline), en empêchant leur destruction. Les catécholamines notamment semblent alors provoquer une stimulation de l’humeur. Les dérivés de l’iminodibenzyle n’entraînent pas cette accumulation de monoamines, mais facilitent l’action de celles-ci (notamment de la noradrénaline) au niveau de certains récepteurs cérébraux dits « adrénergiques » et aboutissent au même résultat sur l’humeur.

En pratique, on tend actuellement à limiter l’emploi du terme psychotonique aux médicaments noo-analeptiques stimulants de la vigilance, de l’éveil et des fonctions sensorielles ou intellectuelles, les autres, thymo-analeptiques ou antidépresseurs, constituant un groupe distinct.


Psychodysleptiques

Ces drogues dysleptiques, hallucinogènes, perturbent le psychisme, avec effet de distorsion des perceptions (illusions, hallucinations), de l’affectivité et de l’humeur, de l’image corporelle. Leur emploi en médecine est très limité.


Autres psychotropes

La classification des neuropsychotropes en trois groupes simples reste en fait sommaire et l’on connaît de plus en plus des médicaments complexes qu’il est difficile de situer : le sulpiride, de nombreux antidépresseurs faibles « à effet sédatif », le dipropylacétamide (régulateur de l’humeur). Quelques neuroleptiques ont des propriétés tellement opposées que leur groupement dans une même catégorie devient artificiel.

Enfin, les sels de lithium n’ont absolument rien de commun avec les neuropsychotropes. Il s’agit de composés métalliques simples, sans aucune parenté chimique avec les molécules des neuroleptiques, tranquillisants, antidépresseurs et amphétamines. (V. maniaco-dépressive [psychose].)