Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Primulales (suite)

Le genre le plus important est celui des Primula (plus de 300 espèces), réparti dans les régions tempérées et arctiques de l’hémisphère Nord (Europe, Asie et Amérique du Nord), malgré trois espèces originaires d’Amérique australe et de Java. Les Primula sont des plantes herbacées, vivaces le plus souvent, à feuilles en rosette et acaules ; les fleurs, blanches, jaunes ou rouges, sont disposées en ombelles, groupées en têtes terminales ou en verticilles. Certaines espèces (leur culture remonterait avant 1650) sont employées pour la décoration des jardins, en particulier P. X hortensis. P. auricula, aux feuilles charnues, originaire des montagnes européennes, et les espèces de son groupe ont donné de nombreux cultivars pouvant vivre dans les rocailles, où elles doivent trouver une station fraîche, moyennement ombrée avec un sol léger et humifère. Parmi les espèces d’Extrême-Orient, il faut citer P. sinensis, P. malacoïdes — qui possèdent des fleurs en ombelles superposées —, P. obconica, P. capitata, P. denticulata et P. littoniana.

À côté de ce genre se placent les Androsaces (100 espèces), ravissantes plantes de haute montagne, qui peuvent vivre facilement sous nos latitudes jusqu’à 3 000 m d’altitude. On distingue les espèces gazonnantes, à fleurs en ombelles, faciles à cultiver dans les rocailles, et celles à fleurs solitaires, en coussin, de faible taille, dont la culture est difficile ; une quinzaine vivent dans les montagnes françaises. Les Soldanelles (6) sont de petites espèces des pâturages des hautes montagnes d’Europe ; leur floraison se fait au moment de la fonte des neiges, et il arrive même que l’on puisse voir au printemps leurs clochettes sortir et s’épanouir au-dessus d’un dernier mince manteau neigeux.

Les Lysimaques (Lysimachia ; 80 espèces ; dont 6 en France) vivent surtout dans les lieux frais ; certaines espèces sont employées en horticulture (L. nemorum, L. nummularia, L. ciliata de l’Amérique du Nord, espèce introduite dès 1732).

Les Anagallis (le Mouron) [une trentaine d’espèces cosmopolites ; 4 en France] ont un fruit appelé pyxide ; c’est une capsule dont la déhiscence est transversale, la partie supérieure se détachant comme un couvercle. A. linifolia, de la région méditerranéenne, a donné quelques cultivars employés pour la décoration des jardins. Les graines de ces espèces sont toxiques pour les Oiseaux.

Les Cyclamen (une vingtaine d’espèces dans les montagnes d’Europe et dans la région méditerranéenne ; 4 en France) sont des plantes naines à tiges tubérisées, arrondies, charnues, contenant un suc toxique ; les feuilles, cordiformes, longuement pétiolées, sont souvent rougeâtres en dessous ; les fleurs, solitaires, terminent des tiges nues souvent enroulées sur elles-mêmes, en spirale dans leur partie supérieure. Les pétales forment un tube court avec cinq lobes renversés très caractéristiques, de couleur pourpre, rose saumon ou blanche ; le fruit, une capsule à cinq valves, est enterré à maturité par suite de la spiralisation du pédoncule. En dehors des espèces sauvages (C. europæum), qui se cultivent en station demi-ombragée, il faut citer C. persicum, dont il existe un grand nombre de races et de cultivars. On distingue les espèces à floraison printanière et celles à floraison estivale et automnale. Une très importante industrie horticole s’est créée autour de cette plante, tant pour la création de nouvelles variétés que pour l’obtention de sujets de plus en plus florifères : ainsi, les horticulteurs hollandais arrivent à avoir près d’une centaine de fleurs sur un même pied !

Les Dodecatheon (plante d’Amérique du Nord, introduite dès 1744) ressemblent beaucoup par leurs fleurs aux Cyclamen, mais en diffèrent par leur appareil souterrain à racines fasciculées, par leurs feuilles oblongues et par la hampe florale terminée par une ombelle de quatre ou cinq fleurs ; les espèces les plus employées sont D. Meadia (pour les jardins de rocailles) et D. integrifolia, dont on a tiré de nombreux cultivars. Comme autres genres à citer il y a les Samolus, les Hottonia (présents dans la flore française et parfois cultivés comme plantes d’aquarium ou au bord des pièces d’eau), Glaux maritima (une petite espèce qui vit sur les terraines salés des côtes de France), les Douglasia, les Trientalis, les Asterolinum...


Plombaginacées

La petite famille des Plombaginacées possède une dizaine de genres et environ 400 espèces, vivant surtout dans la région méditerranéenne et en Asie. Ce sont des plantes herbacées, des arbustes ou des lianes (Plumbago) à feuilles simples alternes ou parfois en rosette (Armeria). Les inflorescences sont des grappes de cymes typiques unipares hélicoïdes (Limonium) ou plus ou moins contractées en capitules (Armeria). Cette famille présente de nombreux phénomènes évolutifs dans les inflorescences (contraction, avortement floral, sans, toutefois, arriver à la fleur unique, isolée). Les fleurs, construites sur le type cinq, sont symétriques par rapport à un axe et hermaphrodites ; les sépales, souvent membraneux (Statice), sont persistants ; la corolle forme un tube sur lequel sont insérées les cinq étamines ; l’ovaire possède cinq carpelles.

Dans cette famille, de nombreuses espèces peuvent supporter une teneur importante en sel dans le milieu où elles vivent ; aussi les rencontre-t-on dans les stations halophiles des côtes et de l’intérieur.

Le genre Limonium (200 espèces ; plus d’une vingtaine en France, toutes littorales) est parfois cultivé (L. elatum de Sibérie ; L. tataricum du Caucase, espèce introduite en 1731) ; les inflorescences servent surtout dans la confection de bouquets de plantes sèches.

Les Statice, ou Armeria (50 espèces), sont de petites plantes gazonnantes à feuilles linéaires le plus souvent et dont les fleurs sont groupées en capitules denses. Dans les prés salés, S. maritima, plante parfois très abondante, forme au moment de la floraison un magnifique tapis rose pâle. Cette espèce, dénommée gazon d’Espagne, est employée dans les jardins comme plante de bordure ; elle aurait été cultivée avant 1525 (André Guillaumin). Les Acantholimon (100 espèces de la Méditerranée orientale) sont des plantes vivaces à feuilles persistantes et linéaires ; certaines vivent en altitude et prennent alors une forme en coussin.

Comme autres genres, on peut citer les Plumbago (10 espèces), dont l’aire est très disjointe et dont certaines espèces peuvent être cultivées en pleine terre dans le midi de la France. Le genre Limoniastrum, méditerranéen, possède des espèces qui vivent dans les terres salées et dont une croît en France sur la côte méditerranéenne.

J.-M. T. et F. T.