Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Prince-Édouard (île du)

En angl. Prince Edward Island, une des provinces atlantiques du Canada ; 5 657 km2 (0,07 p. 100 de la superficie du Canada) ; 111 641 hab. Capit. Charlottetown.


L’île est une table basse de grès rouge et de conglomérats, d’âge permien, légèrement inclinés vers le nord-est. Elle est si basse et si peu accidentée que la dernière remontée postglaciaire du niveau marin a donné naissance à des baies dentelées et à des estuaires ramifiés à l’infini, de telle sorte qu’aucun point de l’île n’est à plus de 15 km de la mer ; des flèches littorales formées en avant de ces découpures donnent un tracé rectiligne à la côte nord. Les seuls reliefs sont les dunes, les vallonnements morainiques et, en quelques endroits, de petites falaises de grès.

La province possède un climat de façade orientale, c’est-à-dire continental mais sans excès. On compte 155 jours de gelée par an ; le mois le plus froid a une température moyenne de – 8 °C et un minimum moyen de – 12,2 °C ; le mois de juillet a une température moyenne de 19,2 °C et un maximum moyen de 23,5 °C. Les précipitations, copieuses pour une région aussi peu élevée (810 mm), tombent principalement en septembre-octobre et au printemps ; du début de décembre à celui d’avril, le total des chutes de neige fraîche atteint 2,5 m (équivalant à environ 250 mm de pluies).

Vu les petites dimensions de l’île, une proportion importante en a été défrichée (les deux tiers), et la végétation, apparemment naturelle, a été fortement modifiée par l’homme. Les feuillus (érable à sucre, hêtre, bouleau jaune) ont cédé du terrain aux cultures et aux conifères (épicéas, sapins, mélèzes), lesquels n’occupaient à l’origine que les fonds et les bas versants de vallée.

L’île, abordée par Jacques Cartier en 1534, baptisée isle Saint-Jean par Champlain, fut d’abord colonisée par les Français, puis peuplée par des Écossais et des Irlandais. L’effectif de la population atteignit un maximum en 1891 (109 078 hab.) ; mais, à la suite d’une longue période d’émigration, celle-ci dépassa finalement un accroissement naturel réduit par l’effet cumulé des départs sur la structure par âges, et l’on ne comptait plus que 88 038 personnes en 1931. Depuis cette date, la population s’accroît lentement : 98 429 en 1951, 111 641 en 1971. En raison de l’émigration et de l’anglicisation, le nombre relatif des Acadiens décroît rapidement : les francophones formaient 15,5 p. 100 de la population en 1941, mais seulement 6,6 p. 100 en 1971.

Parmi les activités économiques, on peut considérer comme négligeables l’exploitation forestière, l’extraction des matériaux de construction et l’élevage des visons (qui a succédé à celui des renards argentés). Peu importante en valeur absolue, l’industrie (2 600 emplois ; 0,12 p. 100 du montant de la production industrielle du Canada) représente cependant la branche principale de l’économie : 57 millions de dollars canadiens, dont 20 de valeur ajoutée ; il s’agit presque exclusivement d’industries alimentaires : préparation et conserverie des poissons, fruits, légumes et laiterie. L’agriculture (valeur des ventes : 44 millions de dollars) produit des pommes de terre de semence (seule spécialité notable), des fruits, des légumes, des œufs, du lait et du bacon. La pêche (montant des ventes : 7,5 millions de dollars) occupe près de 3 000 marins ; la morue, le hareng et le maquereau sont consommés sur place, mais on expédie des homards et surtout des huîtres de grande taille (celles de Malpeque Bay sont très connues). Malgré ses belles plages, son littoral découpé, se prêtant à la navigation de plaisance, et le charme de ses campagnes, la province n’attire que peu de touristes.

L’île n’a que 37 p. 100 de population urbaine, qui se rassemble surtout à Charlottetown (20 000 hab. ; capitale provinciale, industries alimentaires) et à Summerside (10 000 hab. ; pêche, conserveries).

P. B.

prison

Lieu où l’on enferme les personnes condamnées à une peine privative de liberté ou en instance de jugement.



Introduction

Cette définition de la prison ne s’est imposée qu’au xviiie s., lorsque l’emprisonnement fut introduit comme peine à la place des châtiments corporels. Antérieurement, on ne voyait dans la prison qu’un lieu de détention où le coupable attendait ses juges et le bourreau. Ce sont les États-Unis d’Amérique, qui, mettant en application les idées des philosophes (Beccaria et Bentham, notamment), vont, les premiers, faire de l’emprisonnement une peine.

La loi américaine du 5 avril 1790, soutenue par les quakers, donne naissance au système pennsylvanien. Ce système pénitentiaire, qui repose sur l’emprisonnement cellulaire de jour et de nuit, représente déjà un progrès face aux « cachots-pourrissoirs » européens, qui ne connaissaient même pas la séparation des sexes. Il va pourtant être assez vite abandonné ; ayant à choisir entre les avantages de l’isolement et ceux du travail en vue de l’amendement du détenu, la préférence sera donnée au travail, et le régime auburnien, sera substitué en 1816 au régime pennsylvanien. Les détenus seront isolés la nuit, mais travailleront le jour en atelier.

Toutefois, avec le système auburnien, comme avec le système pennsylvanien, l’action rééducatrice ne cherche guère qu’à limiter la promiscuité ; Elmira, en 1876, sera la première prison-école qui recherchera des règles propres à améliorer vraiment le délinquant.

En France, le Code pénal de 1791 s’aligne sur ce qui existait déjà aux États-Unis. Née du Code, la prison remplit sa mission coercitive et économique ; tout en elle est organisé en vue de punir le délinquant et de rapporter au Trésor public ; double bénéfice, puisque la sévérité de son régime doit écarter le libéré de la récidive et provoquer à titre exemplaire un salutaire effroi.

Pourtant, un certain nombre d’idées font leur chemin ; il apparaît, peu à peu qu’aucune justice ne peut résulter d’une application uniforme de la loi et de la peine, et que la conduite future du condamné importe plus que son attitude passée.