Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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préhistoire (suite)

Franz Boas* a écrit : « Pour comprendre l’histoire, il ne suffit pas de savoir comment sont les choses, mais comment elles sont venues à être ce qu’elles sont. » Pour réaliser une telle proposition, on doit retrouver les soubassements de l’évolution de l’intelligence humaine et travailler sur un laps de temps très long afin de saisir les articulations du processus culturel. La place de la préhistoire au sein des sciences humaines se situerait donc entre l’ethnologie et l’histoire. L’opposition entre ces deux disciplines est d’ailleurs purement académique comme le montre Claude Lévi-Strauss* dans son introduction de l’Anthropologie structurale.

L’organisation de la préhistoire en France

La recherche préhistorique sur le territoire français dépend du secrétariat d’État aux Affaires culturelles. Les recherches entreprises dans les pays étrangers sont généralement effectuées sous le patronage du ministère des Affaires Étrangères. Le Centre national de la recherche scientifique assure en grande partie le financement de ces recherches.

L’enseignement de la préhistoire est dispensé dans la plupart des grands centres universitaires, dont l’Institut d’art et d’archéologie de Paris, les facultés de Bordeaux (François Bordes) et de Marseille (Henry de Lumley). L’École pratique des hautes études (VIe section) organise deux séminaires : « Amérique précolombienne » et « technologie préhistorique ». Signalons enfin les chaires de préhistoire du Muséum national d’histoire naturelle et du Collège de France.

Les grandes collections préhistoriques sont conservées au musée de l’Homme (Paris) et au musée des Antiquités nationales (Saint-Germain-en-Laye*). Il faut ajouter bien sûr les musées de province, en particulier ceux qui sont constitués près des lieux de fouilles (musée des Eyzies-de-Tayac, en Dordogne ; musée de Pincevent, près de Montereau ; etc.).

Il existe plusieurs sociétés de préhistoire se préoccupant de problèmes régionaux. Sur le plan national, la Société préhistorique française, dont le siège se situe à Paris, édite un Bulletin. Signalons aussi le Bulletin du musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco.


La préhistoire et le présent

La préhistoire vit actuellement sa révolution interne : complexée parce qu’elle croyait vivre en marge du monde contemporain, elle a cherché sa place au sein des sciences humaines et se situe maintenant au sein de la « Science ».

Le préhistorien participe activement à l’aventure humaine puisqu’il en cerne les fondements. On peut conserver bien sûr une attitude humaniste en concluant comme Grahame Clark que la préhistoire « trouve sa pleine justification si elle enrichit l’expérience des hommes et les aide à vivre plus intensément, comme cohéritiers de tous les âges passés et frères les uns des autres ».

R. V.

➙ Anthropologie / Archéologie / Archéomagnétisme / Bronze (âge du) / Hominiens / Néolithique / Paléobotanique / Paléolithique / Paléomagnétisme / Paléontologie / Palynologie / Quaternaire.

 V. G. Childe, Man makes Himself (Londres, 1936, 4e éd., 1966 ; trad. fr. la Naissance de la civilisation, Gonthier, 1963) ; What happened in History (Harmondsworth, 1942, nouv. éd., 1964 ; trad. fr. le Mouvement de l’histoire, Arthaud, 1962) ; The Prehistory of European Society (Harmondsworth, 1958 ; trad. fr. l’Europe préhistorique, Payot, 1962). / J. G. D. Clark, Archaeology and Society (Londres, 1939, 3e éd., 1960 ; trad. fr. À la découverte des sociétés préhistoriques, Plon, 1965) ; World Prehistory (Cambridge, 1961 ; trad. fr. la Préhistoire de l’humanité, Payot, 1962). / A. Leroi-Gourhan, Évolution et techniques, t. I : l’Homme et la matière (A. Michel, 1943 ; nouv. éd., 1971) ; le Geste et la parole (A. Michel, 1964-65 ; 2 vol.). / H. Breuil et R. Lantier, les Hommes de la pierre ancienne, paléolithique et mésolithique (Payot, 1951). / R. Lantier, la Vie préhistorique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1952 ; 7e éd., 1974). / A. Varagnac (sous la dir. de), l’Homme avant l’écriture (A. Colin, 1959). / D. de Sonneville-Bordes, l’Âge de la pierre (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1961 ; 3e éd., 1973). / A. Laming-Emperaire, l’Archéologie préhistorique (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1963). / A. Leroi-Gourhan, G. Bailloud, J. Chavaillon et A. Laming-Emperaire, la Préhistoire (P. U. F., coll. « Nouv. Clio », 1966). / P. Bosch-Gimpera, l’Amérique avant Christophe Colomb (trad. de l’esp., Payot, 1967). / S. et L. Binford (sous la dir. de), New Perspectives in Archaeology (Chicago, 1968). / La Préhistoire, problèmes et tendances (C. N. R. S., 1968). / M. Brézillon, Dictionnaire de la préhistoire (Larousse, 1969) ; la Dénomination des objets de pierre taillée (C. N. R. S., 1971). / L. R. Nougier, l’Économie préhistorique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1970). / M. Leone (sous la dir. de), Contemporany Archaeology (Carbondale, Illinois, 1972). / J. A. Mauduit, la Vie quotidienne à l’époque des premiers chasseurs (Hachette, 1972). / P. Minvielle, Sur les chemins de la préhistoire (Denoël, 1972).

prélude

Pièce, écrite ou improvisée, précédant une œuvre musicale.


Une contradiction semble exister entre le caractère autonome de certains préludes — tels, par exemple, ceux de Chopin, Debussy, Fauré, Messiaen — et la définition même du prélude. Étymologiquement, le prélude dérive du latin prae (avant) et ludus (jeu). Il signifie donc « ce qu’on joue avant ». Comment expliquer alors l’usage du terme prélude pour un morceau de musique qui n’introduit aucune autre pièce ? Les diverses utilisations du prélude permettent de comprendre l’évolution d’une forme qui est passée, en quelques siècles, du simple essai de gammes ou d’arpèges à la forme achevée d’une pièce écrite pour le concert.


L’art de préluder

Le terme improviser ne semble pas usité en France avant la seconde moitié du xviiie s. L’introduction de ce mot dans notre vocabulaire serait due à Jean-Jacques Rousseau, selon le témoignage qu’il donne dans son Dictionnaire de musique (1767), à l’article improviser. C’est le terme préluder qui est, jusqu’alors, utilisé.

Préluder répond, en premier lieu, à des nécessités pratiques. Le luthiste vérifie ainsi la justesse du luth, difficile à accorder, le claveciniste et l’organiste essaient les possibilités de leur instrument. Le musicien donne le ton du chant liturgique qui suivra.