Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Portugal (suite)

En allant vers le sud, le total pluviométrique fléchit progressivement. Passé le Tage, les précipitations sont inférieures à 700 mm et tombent au-dessous de 500 mm dans l’Algarve. En même temps, la durée de la saison sèche augmente jusqu’à atteindre 5 mois dans les régions les plus méridionales. Le contraste entre l’intérieur et les régions littorales est ici peu marqué : ces dernières bénéficient cependant d’une humidité atmosphérique qui atténue sensiblement les effets de l’aridité estivale. Les zones de végétation mettent bien en valeur ces nuances : l’Estrémadure et la vallée du Zêzere sont encore le domaine des forêts mixtes, mais avec une prédominance d’espèces méditerranéennes et la présence du chêne lusitanien, qui ne perd son feuillage que pendant quelques semaines. Au-delà du Tage, en dehors de quelques îlots montagneux un peu mieux arrosés qui portent quelques chênes à feuilles caduques, on pénètre dans le domaine des forêts purement méditerranéennes. Mais deux zones peuvent être distinguées : dans les régions proches de l’Océan, le chêne-liège domine largement, alors que dans l’intérieur il fait place au chêne vert, mieux adapté à une sécheresse plus rigoureuse. Enfin, le long de la côte de l’Algarve, le caroubier devient l’espèce caractéristique.

En fait, la végétation naturelle a été presque entièrement détruite dans tout le Portugal. Elle a fait place à des landes dans les régions les plus arrosées et à des cistaies et des garrigues dans les régions les plus sèches. Les forêts ne sont pourtant pas absentes du paysage, mais résultent d’un reboisement tantôt d’eucalyptus, plus souvent de pins maritimes.

R. L.


L’histoire du Portugal

Pendant longtemps, la division par règnes a offert une coupure commode pour les chroniqueurs ou les premiers historiens portugais. Dès le siècle dernier, Alexandre Herculano s’est vigoureusement élevé contre une pareille conception, récusant, en particulier, la fameuse coupure de la dynastie espagnole. J. Lúcio de Azevedo propose plutôt une division par grands cycles, ce qu’a particulièrement mis en valeur Frédéric Mauro. Vitorino de Magalhães Godinho suggère l’existence de grands complexes géopolitiques comme celui de la route du Cap ou celui du Brésil. Trouver une synthèse entre la division dynastique, qui bien souvent correspond à une coupure réelle, et une division mettant en valeur la vie profonde de la nation n’est pas chose facile. Ainsi, tous les historiens reconnaissent un caractère particulier au xixe s. ; mais quand situer la césure entre ce dernier et la période qui le précède ? C’est sur près d’un siècle que s’étale la fin de l’Ancien Régime portugais, comme l’a montré Albert Silbert. Bien que ce choix repose sur des critères arbitraires, on peut, dans le cadre de ce bref rappel chronologique, proposer trois grandes étapes : les origines et le Moyen Âge, l’Ancien Régime et, enfin, la période des difficultés. Les dernières décennies du xive s. voient la fin du Moyen Âge portugais, avec, certes, l’avènement d’une nouvelle dynastie, mais, aussi, la mise en place d’un pouvoir royal fort et centralisé et une vigoureuse politique d’expansion outre-mer. Commencé plus tôt que dans d’autres pays européens, l’Ancien Régime portugais finit aussi plus tard, à l’aube du xixe s. La coupure n’est nullement dynastique, ce n’est même pas un changement de règne ; ce sont les révolutions libérales d’une part et, de l’autre, l’indépendance brésilienne qui vont entraîner le pays dans une longue période d’instabilité et de difficultés.


Les débuts et la période médiévale


De la préhistoire à la naissance du Portugal

• La partie occidentale de la Péninsule a été occupée dès le Paléolithique ; durant la période suivante, l’originalité de l’ensemble galégo-lusitanien semble se confirmer.

• L’époque romaine. Malgré la résistance des Lusitaniens de Viriathe, l’ouest de la Péninsule est conquis au iie s. av. J.-C. Les nombreux vestiges mis actuellement au jour témoignent de la prospérité de la Lusitanie romaine, avec ses nombreuses cités : Conímbriga (Coimbra), Pax Julia (Beja), Liberalitas Julia (Évora)...

• 409 apr. J.-C. Premières invasions barbares. Pendant près de deux siècles, un Royaume suève se maintient autour de Braga. Annexé au Royaume wisigoth, le futur Portugal suit son sort au moment de la conquête arabe.

• Après la création de l’ensemble León-Castille, les troupes chrétiennes d’Alphonse VI poussent jusqu’au Tage ; Lisbonne est occupée une première fois en 1093, mais perdue lors de la contre-offensive almoravide.

• Fin du xie s. Le comté de Portugal, le territoire compris entre le Minho et le Mondego, est confié à Henri de Bourgogne, gendre du roi de Castille et León. C’est la reconnaissance, désormais définitive, de l’originalité du monde portugais dans le cadre ibérique.


Les débuts du Portugal

• 1139. Victoire de dom Afonso Henriques, fils d’Henri de Bourgogne, sur les Maures. Le jeune comte, qui avait précédemment rompu tout lien de vassalité à l’égard du comte de Galice et du roi de Castille, prend le titre de roi.

• 1147. Lisbonne est enlevée par Alphonse Ier Henriques, grâce à l’appui d’une flotte de croisés. L’installation des chevaliers de Saint-Jacques sur les hauteurs de la serra d’Arrábida permet de consolider les marges méridionales du royaume. En 1152. Beja est conquise par Fernão Gonçalves ; Silves, en Algarve, est reprise en 1189 par Sanche Ier. Mais, les Almohades ayant refoulé les chrétiens jusqu’à la ligne du Tage, c’est au xiiie s. seulement que l’Alentejo sera reconquis et les musulmans expulsés de l’Algarve.

• 1211. Réunion des premières Cortes à Coimbra. C’est un premier essai de représentation nationale, encore que noblesse et clergé soient seuls représentés. En 1254, des délégués des trois ordres sont réunis à Leiria.

• xiie-xiiie s. Tandis que les ordres militaires (chevaliers de Saint-Jacques, Templiers, Hospitaliers) tiennent une place considérable dans les opérations de Reconquête, Clunisiens et Cisterciens (Alcobaça) jouent un rôle de premier plan dans la mise en valeur du pays, tout particulièrement au nord du Tage.

• 1279-1325. Règne de Denis, le populaire « roi laboureur » ou « roi troubadour ». Sous ce règne, le dialecte de Porto devient la langue officielle ; en 1290, le premier embryon d’une université est créé à Lisbonne, puis, en 1308, transféré à Coimbra. La mise en valeur du pays se poursuit activement et le commerce maritime, notamment avec la Grande-Bretagne, est florissant.

• 1297. La Castille reconnaît les frontières du Portugal au traité d’Alcanizes.

• 1319. Création de l’ordre du Christ, ordre militaire national qui hérite des biens du Temple, supprimé depuis 1312. Au siècle suivant, l’infant dom Henrique, Henri le Navigateur*, mettra cette puissance au service de sa politique d’expansion.

• 1325-1327. Premières expéditions outre-mer. L’archipel des Canaries est reconnu.