Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Portugal (suite)

• 1375. Lei das Sesmarias. Pour pallier la crise de l’agriculture, après les terribles ravages engendrés par la peste noire, le roi Ferdinand Ier (1367-1383) prend des mesures énergiques : les terres vacantes seront attribuées à de nouveaux colons. Mais ce remède ne suffit pas pour enrayer la crise : la monnaie s’effondre, le petit peuple s’agite. Or, le roi se lance, maladroitement, dans une ambitieuse politique castillane.

• 1383-1385. À la mort de Ferdinand, le Portugal sombre dans une grave crise dynastique. Au candidat castillan s’oppose un prétendant national, dom João, grand maître de l’ordre d’Aviz. D’abord acclamé comme régent, dom João ceint la couronne royale sous le nom de Jean Ier (1385-1433). Peu après, le 14 août, il écrase l’armée castillane à Aljubarrota, victoire dont le magnifique monastère de Batalha perpétue le souvenir.


Le Portugal d’ancien régime


L’expansion outre-mer et la consolidation de la monarchie

• 1411. Pour la deuxième fois, c’est la consécration de l’indépendance portugaise. La Castille reconnaît la nouvelle dynastie (Aviz, 1385-1580).

• 1415. Expédition de Ceuta et occupation de la ville. C’est le début de l’expansion portugaise.

• 1418-1450. Création d’un premier Empire colonial avec la prise de possession et la mise en valeur des archipels atlantiques : Madère et les Açores.

• 1434. Lei Mental. Promulguée par Édouard (1433-1438), cette loi permet au souverain de contrôler les héritages quand y figurent des biens cédés par la Couronne. Entre les mains de la monarchie, ce peut être une arme redoutable contre la noblesse foncière.

• 1439. Publication des Ordenações Afonsinas (ordonnances Alphonsines), pendant la minorité d’Alphonse V (1438-1481). C’est la première tentative de codification et d’uniformisation du droit.

• 1449. Mort de l’ancien régent dom Pedro, duc de Coimbra. Avec lui disparaît la dernière chance que pouvait avoir la bourgeoisie de jouer un rôle politique ; la grande noblesse impose ses volontés.

• 1460. Mort d’Henri le Navigateur. À cette date, les Portugais ont déjà atteint le golfe de Guinée et créé un premier Empire atlantique reposant sur l’or et les esclaves de l’Afrique et le sucre des îles.

• 1481. Les doléances du tiers aux Cortes d’Évora servent de justification à une vigoureuse politique antinobiliaire. L’échec de deux conjurations — complot du duc de Bragance en 1483 et, l’année suivante, complot du duc de Viseu — permet d’affermir l’autorité de Jean II (1481-1495).

• 1482. Création, sur le golfe de Guinée, du fort de São Jorge da Mina, qui permet de contrôler les exportations d’or.

• 1487. Départ des expéditions de Bartolomeu Dias, qui a pour mission de longer les côtes d’Afrique, et de Pêro da Covilhã, qui doit reconnaître la route des Indes à partir de la Méditerranée.

• 1494. Le traité de Tordesillas, modifiant la bulle Inter cætera dans un sens favorable aux intérêts portugais, établit un véritable partage du monde entre Espagne et Portugal.

• 1496. Expulsion par Manuel Ier (1495-1521) des juifs et des musulmans, essentiellement pour des raisons politiques, dans la perspective d’un mariage castillan. Cependant, nombre de juifs, Portugais de vieille souche ou Espagnols immigrés, restèrent dans le pays après une conversion simulée ; de là, le problème des cristãos novos.

• 1497-1499. Expédition de Vasco de Gama*. Une partie des prodigieux bénéfices ramenés des Indes aurait, dit-on, servi à financer la construction du monastère des Hiéronymites à Belém, un des chefs-d’œuvre de l’« art manuélin ».

• 1500. Prise de possession de la terre de Santa Cruz, le futur Brésil, par Pedro Álvarez Cabral.

• 1505-1515. Création de l’empire des Indes sous l’impulsion de Francisco de Almeida, puis d’Afonso de Albuquerque*.

• 1540. Arrivée au Portugal des premiers jésuites. Le nom de saint François* Xavier est lié aux missions d’Extrême-Orient, comme celui de Manuel da Nóbrega ne peut être dissocié de l’évangélisation du Brésil ; mais cela ne doit pas faire oublier le rôle considérable tenu par la Société de Jésus dans l’enseignement en métropole.

• 1555-1565. Période de crise. L’affaiblissement de l’Empire portugais en Orient, la fin du quasi-monopole sur les épices affectent gravement les ressources de la royauté. L’Empire brésilien en plein essor ne peut servir de palliatif, car l’exploitation n’est nullement monopole royal.


Difficultés et décadence

• 1557. Mort de Jean III ; le trône échoit à un enfant de trois ans, dom Sebastião.

• 1578. Bataille d’Alcaçar Quivir. Renonçant à la sage politique de son prédécesseur, le roi Sébastien avait voulu renouer avec l’aventureuse politique marocaine de ses ancêtres. Mal préparée, l’expédition se termine par un désastre : le souverain lui-même disparaît.

• 1580. Décès du vieux roi, l’ancien cardinal dom Henri, dont le court règne a retardé la crise dynastique de deux ans. Le prétendant national, dom Antonio, prieur du Crato, ne peut rien face aux armées de son concurrent Philippe* II d’Espagne. En 1581, les Cortes de Tomar reconnaissent celui-ci comme roi du Portugal.

• 1580-1640. Captivité de Babylone ou dynastie philippine suivant les auteurs. L’union dynastique avec l’Espagne, si elle permit aux Portugais d’accroître leur empire brésilien, ne fut pas sans dangers : attaque des ports portugais, perte des îles à épices, occupation de Pernambouc et création d’un Brésil hollandais. Au xviie s., la métropole se trouve progressivement ravalée au rang de simple province espagnole.

• 1637. Soulèvement d’Évora. Le petit peuple, stimulé par la propagande messianique et nationaliste, durement affecté par la crise économique de 1635, s’insurge contre la domination étrangère.

• 1640 (1er déc.). Lisbonne se soulève contre Philippe IV d’Espagne et proclame roi national le duc de Bragance, dom João, sous le nom de Jean IV (1640-1656).

• 1654. Les Brésiliens expulsent eux-mêmes les Hollandais du Brésil ; sept ans auparavant, ils avaient reconquis les postes de traite de l’Angola.

• 1661. Traité d’alliance avec la Grande-Bretagne. Si, dans l’immédiat, le Portugal consolide sa position internationale, c’est aussi le début d’une longue subordination aux intérêts particuliers britanniques.

• 1683-1706. Règne de Pierre II. Alors qu’il était régent, celui-ci avait obtenu, en 1668, la reconnaissance par l’Espagne de l’indépendance portugaise. Sous l’impulsion de Luís de Meneses, comte d’Ericeira, le « Colbert portugais », le gouvernement s’efforce d’enrayer la crise économique qui affecte le pays depuis les années 1670.

• 1695. Premières découvertes de gisements d’or au Brésil.

• 1697. Dernière convocation de Cortes, ultime barrière institutionnelle devant la montée de l’absolutisme monarchique.

• 1703. Traité de Methuen, qui ouvrait le marché britannique aux vins portugais et le Portugal aux produits fabriqués en Grande-Bretagne, dans la mesure, d’ailleurs, où, sur le plan pratique, le marché portugais était capable de les absorber.

• 1706-1750. Règne de Jean V et période des occasions manquées. L’or qui arrive du Brésil en quantités croissantes est thésaurisé ou dilapidé en vaines dépenses de prestige comme le palais-monastère de Mafra. Au xviiie s., l’or d’outre-mer n’a nullement stimulé l’économie métropolitaine et la décadence s’accentue.

• 1746. Publication du livre de Luis António Verney, Verdadeiro Método de Estudar, violent cri d’alarme devant la décadence intellectuelle du Portugal.

• 1750. Le nouveau roi, Joseph Ier (1750-1777), fait appel à Sebastião José de Carvalho e Melo. C’est le début d’une longue période de collaboration durant laquelle le tout-puissant ministre, bientôt marquis de Pombal*, allait s’efforcer de régénérer le pays.