Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Portugal (suite)

Le milieu physique

Le relief peut être défini comme une mosaïque de plateaux d’altitudes variées et plus ou moins disséqués, dans le prolongement de la Meseta espagnole dont il représente la terminaison occidentale. Il participe en effet de ce môle rigide qui forme l’armature de la Péninsule, le socle hercynien, dont les sédiments primaires intensément plissés et en partie métamorphisés, injectés de vastes batholites granitiques, constituent un soubassement monotone. L’érosion l’a nivelé à plusieurs reprises. Seules quelques barres de quartzites particulièrement résistantes sont demeurées en saillie au-dessus du moutonnement des croupes qui dérivent des aplanissements anciens, plus ou moins défoncés par l’encaissement du réseau hydrographique rendu actif par le voisinage du niveau de base océanique. Les traits dominants du relief sont déterminés par les déformations tectoniques tertiaires qui ont fragmenté ce socle en panneaux, dénivelés par un réseau de failles orientées N.-S. dans le Nord, N.-E. - S.-O. dans le centre et O.-N.-O. - E.-S.-E. dans le Sud. Ces efforts tectoniques n’ont pas eu partout la même intensité. Dans la partie méridionale, ils ont seulement consisté en un basculement d’ensemble responsable de l’abaissement progressif de la Meseta depuis les confins de l’Estrémadure espagnole jusqu’à la mer ; ici, les vieilles surfaces qui ondulent à moins de 400 m, faiblement réentaillées en dehors de la vallée du Guadiana, hérissées çà et là de quelques échines résiduelles, viennent s’ennoyer sous les sédiments tertiaires du Ribatejo et, plus au sud, de la vallée du Sado. Les bombements schisteux de l’Algarve, dans le prolongement de la sierra Morena, n’était le pointement de syénites de la serra de Monchique qui s’enlève avec quelque énergie à 900 m, sont beaucoup trop disséqués pour se marquer notablement dans la topographie.

Au nord du Tage, au contraire, le jeu des fractures a fortement compartimenté le relief. L’important soulèvement du socle et l’intense dissection qui en est résultée créent un paysage de montagnes. Les plus fortes dislocations s’observent dans la partie centrale : de puissants horsts allongés du N.-E. au S.-O. ont été portés à près de 2 000 m d’altitude (serra da Estrela, 1 991 m), comme dans la Cordillère centrale ibérique, qu’ils prolongent ; malgré la ciselure glaciaire de leurs sommets, ces reliefs portent encore clairement la trace des aplanissements qui les ont nivelés avant leur soulèvement.

Plus au nord, un réseau de failles et flexures subméridiennes abaisse par paliers le socle ibérique, qui s’enfonce sous l’Océan par une côte abrupte remarquablement rectiligne en arrière de laquelle s’étagent plusieurs surfaces d’aplanissement. Cet abaissement ne se fait pourtant pas sans irrégularités puisque des fossés d’effondrement (bassin de Chaves par exemple) s’intercalent entre des horsts dont les plus élevés dépassent 1 200 m (serra de Marão, serra de Padrela). Ces derniers isolent à l’amont les hautes surfaces du Trás-os-Montes et de la Beira Alta (700-900 m), où le creusement du Douro et de ses affluents tend à mettre en valeur un relief appalachien compliqué par un jeu de blocs failles en touches de piano. Par transitions, on passe ainsi aux plates-formes rigides de la Vieille-Castille.

Au sud du Douro, un bas pays sédimentaire s’accole à la retombée du socle : à la basse plaine de la Beira Litoral, qui va s’élargissant vers le sud, succèdent les collines et les petits massifs (600 m) de l’Estrémadure, dont les calcaires jurassiques ont été lourdement plissés et failles suivant des axes N.-N.-E. - S.-S.-O. à une date très récente semble-t-il. S’avançant à l’ouest en un saillant triangulaire jusqu’au cap da Roca, cet ensemble s’ennoie au sud-est sous les dépôts tertiaires du Ribatejo.

Par sa latitude, le Portugal s’inscrit tout entier dans le domaine du climat méditerranéen, que caractérisent des étés chauds et secs et des hivers tièdes et humides. Mais le voisinage de l’Océan renforce les pluies en hiver et tempère nettement l’aridité estivale ; la durée de la saison sèche est réduite et l’air reste humide même au cœur de l’été. L’influence maritime se marque également par l’atténuation des chaleurs estivales : la canicule n’est pas inconnue, mais elle est toujours de courte durée.

Cependant, la diversité du relief et la latitude multiplient les nuances climatiques. Tandis que dans le Sud les influences océaniques ne rencontrent aucun obstacle et peuvent se propager assez loin vers l’intérieur, dans le Nord les vents humides se heurtent à d’énergiques reliefs en arrière du littoral. Les montagnes les plus élevées reçoivent jusqu’à 2,5 m d’eau par an, et les bas plateaux qui bordent l’Océan de 1 000 à 1 200 mm ; dans la Beira Litoral, pourtant très plate, on enregistre encore plus de 700 mm de précipitations. Mais passés les plus hauts reliefs, les totaux pluviométriques s’abaissent au-dessous de 700 mm et même de 500 mm le long de la vallée du Douro. En même temps, les contrastes thermiques s’accentuent : les étés chauds et les hivers rigoureux (le thermomètre descend souvent au-dessous de 0 °C et les chutes de neige sont assez fréquentes) qui annoncent dans ces hautes terres de l’intérieur la continentalité du climat de la Vieille-Castille s’opposent à la fraîcheur relative des étés (de 18 à 20 °C) et la tiédeur des hivers (de 7 à 8 °C) des régions proches du littoral. Pour un observateur attentif, la végétation souligne ces différences. Certes, on n’observe pas de contrastes accusés dans le couvert végétal du Nord, mais des nuances dans les types d’associations forestières naturelles. C’est une forêt mixte où se côtoient des espèces méditerranéennes à feuilles persistantes (chêne-liège dominant) et des espèces à feuillage caduc (chêne tauzin et même chêne pédonculé). Ces dernières l’emportent dans les régions côtières, alors que les premières dominent dans les hauts plateaux intérieurs ; cependant, les régions déprimées du Trás-os-Montes à aridité plus marquée voient disparaître les espèces caducifoliées, laissant place à de véritables forêts méditerranéennes de chêne-liège. Inversement, les hauteurs les plus arrosées étaient recouvertes de forêts à feuilles caduques, pauvres en espèces : ni hêtre, ni pin sylvestre, mais le chêne tauzin et le chêne pédonculé, auxquels se mêle le châtaignier.