Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

armure

Ensemble de pièces métalliques qui devait mettre à l’abri des coups la tête et le corps du combattant.


Les pièces d’armure le plus utilisées ont été le casque, le bouclier et la cuirasse, mais il a existé des équipements pour protéger chacune des parties du corps. Des armures le recouvrant de « pied en cap » ont été portées sur les champs de bataille des xve et xvie s. ; d’autres sont restées des harnois de tournoi, de parade et enfin de musée.

À l’origine, certaines pièces d’armure (boucliers égyptiens, cuirasses romaines) étaient en cuir renforcé d’une armature métallique. Mais, au fur et à mesure que le travail du fer s’est perfectionné, son emploi s’est généralisé : les Wisigoths ont utilisé de longues tuniques (ou cottes) faites de plaquettes ou de mailles métalliques. Appelées maclées, elles étaient endossées par-dessus la broigne, long vêtement de cuir porté par les guerriers du ive au viiie s. apr. J.-C. Les croisades ont révélé aux Occidentaux l’intérêt de revêtir des cottes de mailles à la manière orientale. La chevalerie a porté ainsi du xie au xive s. le haubert, sorte de gandoura arabe recouverte d’un entrelacs de fines mailles de fer.

À partir du moment où, avec l’arc et surtout l’arbalète, des procédés mécaniques ont donné aux projectiles une force de pénétration très supérieure à celle qu’obtenait le bras de l’homme, il fallut rechercher non plus à amortir mais à dévier les coups. Ce fut le rôle des larges plaques de forme ovoïde qui, à partir du xiiie s., vont recouvrir le corps des combattants d’élite (chevaliers) dans leur mission de choc.

Bientôt les fabriques d’armures en plates vont prendre une importance telle que certains spécialistes acquerront par là une réputation dépassant les frontières. Au xve et au xvie s., les chevaliers commandaient leurs armures chez les « bons faiseurs » d’Augsbourg, d’Innsbruck ou de Tolède. On en fait venir aussi de Milan et de Brescia, car les armaioli italiens sont réputés. Les Plattner allemands détiennent cependant le privilège de ces armures entières, dont les musées d’outre-Rhin conservent aujourd’hui tant de modèles. En Angleterre, l’armurerie royale se trouvait à Greenwich. En France, l’armurier Antoine de Caumont vendait à Abbeville en 1566, pour 45 écus d’or, une armure complète dont l’équipement de tête, précisait-il, était « à l’épreuve de la pistole ». Ce qui n’empêcha pas l’un des acquéreurs, Jacques de Belleval, d’être tué l’année suivante à la bataille de Saint-Denis d’une balle à travers « la vue de l’armet » (fente de visée du casque en forme de heaume).

La généralisation des armes à feu devait mettre un terme à l’emploi de ces armures, qui entravaient terriblement la mobilité des combattants en leur offrant finalement bien peu de protection. Déjà, en 1559, après que le roi Henri II eut été tué en tournoi malgré son armure, il était admis que ces lourds équipements étaient à proscrire des champs de bataille. Quelques pièces ont cependant longtemps survécu ; tels le casque, encore porté dans toutes les armées, la cuirasse, qui ne disparut qu’avec la Première Guerre mondiale, le bouclier collant au corps, dont est dérivé l’actuel gilet pare-balles.

Les xviie et xviiie siècles ont pourtant fait survivre des armures complètes, parfois fort riches en ciselures et en gravures. Il convient toutefois de ne voir là que des tenues de parade, dans lesquelles les intéressés n’ont probablement jamais pénétré : ainsi en est-il de l’armure de Louis XIV, des cuirasses du maréchal de Saxe, etc. En fait, ces armures n’étaient utilisées que pour faire poser un grand personnage devant un portraitiste, et elles n’ont plus place aujourd’hui que dans les riches collections des grands musées militaires : musées de l’Armée à Paris, de la Tour de Londres, Armeria de Madrid et de Turin, etc.

On notera qu’au xve et au xvie s. les chevaux d’armes eux-mêmes étaient recouverts d’armures (bardes de poitrail et de croupière) pour le combat. Quelques chiffres, enfin, permettent d’imaginer la dangereuse lourdeur qui fit condamner l’armure individuelle : celle de Charles Quint pesait 56 kg, et celle de son cheval 58 kg. L’armure d’un chevalier atteignait couramment 30 kg. De nos jours, c’est aux armures collectives qu’il est fait appel, comme l’avait prévu déjà Léonard de Vinci dans ses fameux dessins du char couvert et armé, dans lequel un groupe de combattants devait agir à la manière des ardents chevaliers, « armés de pied en cap et bien bardés pour le combat ».

J. de L.

➙ Blindé / Cavalerie.

Arnolfo di Cambio

Sculpteur et architecte italien (Colle di Val d’Elsa v. 1245 - Florence 1302).


Dans l’atelier relativement nombreux de Nicola* Pisano, deux personnalités de premier plan semblent s’être très tôt affirmées : Giovanni, le propre fils du maître, et Arnolfo di Cambio. Ce dernier, principal collaborateur de Nicola dans l’exécution de la chaire de la cathédrale de Sienne, quitte l’atelier en 1267-1268 ; il travaille en 1276-1277 dans la région romaine pour la cour pontificale, puis pour Charles d’Anjou, roi de Naples et frère de Saint Louis. Sans perdre contact avec sa clientèle du haut clergé romain, il reçoit la commande d’une fontaine pour Pérouse (1277), et surtout obtient en 1296 la charge de maître d’œuvre (capomastro) du dôme de Florence.

La part exacte qui revient à Arnolfo dans les œuvres exécutées par Nicola Pisano et son atelier avant 1268 a été diversement appréciée : en ce qui concerne l’« Arca » de Saint-Dominique à Bologne, on s’accorde en général à reconnaître sa main dans le Miracle de la résurrection de Napoléon Orsini, l’un des six épisodes figurés sur le sarcophage, et plus sûrement encore dans les deux groupes de trois acolytes qui servaient de supports à la partie centrale du monument (musée du Bargello, Florence, et musée de Boston). À la chaire de la cathédrale de Sienne, il est plus difficile de déterminer sa contribution.