Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

populaire (art) (suite)

 A. Leroi-Gourhan, Évolution et techniques (A. Michel, 1943-1945 ; 2 vol.) ; le Geste et la parole (A. Michel, 1964-65 ; 2 vol.). / A. Varagnac, Civilisation traditionnelle et genres de vie (A. Michel, 1948). / M. Maget, Ethnographie métropolitaine. Guide d’étude directe des comportements culturels (Civilisation du Sud, 1953). / C. Lévi-Strauss, Anthropologie structurale (Plon, 1958) ; la Pensée sauvage (Plon, 1962). / G. Kubler, The Shape of Time. Remarks on the History of Things (New Haven, 1962). / B. Rudofsky, Architecture without Architects (New York, 1964). / J. Duvignaud, Sociologie de l’art (P. U. F., 1967). / H. Van Berchem, Réhabilitation de la poterie traditionnelle (Musée et Institut d’ethnographie, Genève, 1968). / R. Huyghe, Formes et forces (Flammarion, 1971). / C. M. Otten (sous la dir. de), Anthropology and Art (New York, 1971).

populaire (littérature) et populiste (littérature)



Populisme et littérature prolétarienne

Le mot populisme a été lancé dans le quotidien l’Œuvre le 27 août 1929. Il est emprunté au vocabulaire politique de l’Europe centrale, mais le populisme français est une école littéraire qui se déclare parfaitement étrangère à toute intention politique. Son chef de file, Léon Lemonnier (1890-1953), l’a présenté dans un manifeste publié en librairie en 1930. Les contours du populisme sont, à vrai dire, mal définis. Celui-ci se présente avant tout comme un retour au naturalisme. C’est une condamnation non seulement de tout romantisme, mais du romanesque lui-même. L’intrigue est prohibée, ce qui distingue le populisme du naturalisme*. Le roman doit être une simple tranche de vie vouée aux petites gens, ce qui exclut absolument les personnages oisifs ou mondains de la littérature fin de siècle et, dans une large mesure, certaines délicatesses de touches psychologiques qui ont marqué cette littérature. On s’efforce de mettre en scène plutôt que d’expliquer. Les romanciers populistes se placent alors sous le patronage d’André Thérive (1891-1967). Léon Lemonnier se réclame de Maupassant, de Lucien Descaves (1861-1949), de Charles-Henry Hirsch (1870-1948), de Louis Guilloux (né en 1899), d’Eugène Dabit (1898-1936).

Il n’y a apparemment aucun rapport direct entre le populisme et un mouvement né en U. R. S. S. après la révolution et connu sous le nom de Proletkoult. Les populistes français se veulent écrivains de profession et uniquement cela, alors que le Proletkoult renie formellement ce genre d’écrivains. Après la révolution soviétique, en effet, autour de deux cercles littéraires, Kouznitsa (la Forge) et Oktiabr (Octobre), s’étaient groupés des écrivains fiers d’être issus de la classe ouvrière et de la paysannerie. Ce sont eux qui sont à l’origine du Proletkoult (« pour une culture prolétarienne »). Leurs adeptes affirment que toute littérature doit être une littérature de classe faite par les ouvriers eux-mêmes.

Le Proletkoult décline très rapidement à la faveur de la N. E. P., et, en 1924, les nouveaux traditionalistes reprennent définitivement le dessus. Mais le mouvement russe ne sera pas sans répercussion à l’étranger. En France, un mouvement qui se réclame de la littérature prolétarienne s’amorcera. Il restera très marginal. Pourtant, en 1931, il trouvera un moyen d’expression dans la revue Nouvel Âge, dirigée par Henry Poulaille (né en 1896) et qui restera toutefois une revue très ouverte.

Dans un ouvrage-manifeste qui porte le même titre, Henry Poulaille a tenté en 1930 de définir les objectifs d’une littérature de témoignage, sortie du peuple autant que possible et qui, en fait, n’est pas très éloignée du populisme, bien qu’il s’en défende et condamne même le populisme, qu’il accuse, non sans une apparence de raison, de n’être qu’un mouvement d’humeur qui n’a pas d’existence durable possible. Son attitude est cependant infiniment plus libérale que celle des membres du Proletkoult et même des populistes français. Henry Poulaille admet honnêtement qu’une littérature prolétarienne ne saurait être qu’une littérature de transition, et l’éventail des écrivains dont il se recommande est extrêmement large. Citons Charles-Louis Philippe (1874-1909), Louis Guilloux, Tristan Rémy, Édouard Peisson (1896-1963), Neel Doff (1858-1942), Émile Guillaumin (1873-1951), mais aussi Jules Vallès, Charles Péguy, Ramuz, Charles Vildrac, Dos Passos et Upton Sinclair. Qui plus est, Henry Poulaille déclare que le peuple n’a que faire de théories littéraires.


La littérature populaire

Écrivains populistes, écrivains prolétariens et écrivains révolutionnaires ne s’accordent peut-être que sur un point : leur condamnation formelle de la littérature populaire. Les derniers, surtout, reprochent à la littérature populaire d’être une littérature destinée à endormir les plaies de la société, donc à fonction dépolitisante pour le moins, et tous s’accordent pour la déclarer au service d’interventions uniquement mercantiles.

Ce jugement repose sur une assez grande méconnaissance de ce qu’est effectivement la littérature populaire.

La littérature populaire ne peut se comprendre que par rapport au consommateur, c’est-à-dire par rapport à un ensemble complexe qui va des structures sociales aux structures mentales, avec toutes les interférences, les ambivalences et les contradictions que cela implique. On ne fabrique pas du roman populaire s’il ne correspond pas à un besoin. Le roman populaire ne constitue pas un bloc comme on semble trop souvent le croire. On peut y distinguer de grands courants, mais il participe aussi à des tendances diverses. Qui plus est, il est l’aboutissement d’un lent processus d’élaboration qui a couvert plusieurs siècles. Comme tel, c’est un phénomène historique.


Naissance du roman populaire

Pour étudier les thèmes et les personnages du roman populaire, il faudrait, le plus souvent, remonter jusqu’aux romans de chevalerie, aux contes* de Perrault*, de Mme d’Aulnoy et de Mme de Murat, tous diffusés par le colportage* et issus du conte populaire.