Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

pompe à chaleur (suite)

Le schéma de principe d’une pompe à chaleur est assez semblable à celui d’une machine frigorifique à compresseur ; l’argent de transformation est un liquide volatil, souvent du fréon ; s’évaporant dans l’évaporateur situé à l’extérieur, il lui emprunte la quantité de chaleur nécessaire à son changement d’état ; la vapeur est ensuite comprimée dans le compresseur, où se fait la dépense de travail mécanique ; de là, elle est envoyée au liquéfacteur, où elle abandonne les calories dégagées par sa liquéfaction ; un robinet permet enfin de régler la circulation du fluide.

L’emploi des pompes à chaleur a été envisagé dès 1852 par lord Kelvin. Actuellement, un certain nombre d’installations fonctionnent dans divers pays, notamment en Suisse. Les frais d’installation étant beaucoup plus élevés que ceux des chaudières ordinaires, une centrale de chauffage thermodynamique n’est économique que si elle fournit des calories à des usagers nombreux et importants. On doit disposer d’une source froide de température convenable et de grande capacité calorifique (rivière, lac, nappe souterraine, eau de la mer...).

R. D.

Pompée

En lat. Cneius Pompeius Magnus, général et homme d’État romain (106 av. J.-C. - Péluse 48 av. J.-C.).


Il était issu d’une grande famille plébéienne qui donna à Rome plusieurs consuls et tribuns aux iie - ier s. av. J.-C. Son père, Cneius Pompeius Strabo († 87), s’était distingué dans la guerre sociale et avait pris part aux désordres politiques de l’époque. Faisant ses premières armes avec lui, le jeune Pompée lui aurait sauvé la vie au combat de la porte Colline, livré contre Lucius Cornelius Cinna et Quintus Sertorius (88).


Le complice de Sulla

Utilisant l’influence et la clientèle que sa famille possédait dans le Picenum, Pompée y leva une armée et fit sa jonction avec Sulla*. Ils s’attribuèrent mutuellement le titre d’imperator. Pompée défit à plusieurs reprises les troupes des partisans de Marius* et, en Sicile, il tua lui-même leur chef, Cneius Papirius Carbo, dont il envoya la tête à Sulla (82). Après avoir vaincu un des derniers marianistes, Cneius Domitius Ahenobarbus, en Afrique, il revint avec un butin de lions et d’éléphants dont la puissance rehaussa la somptuosité d’un triomphe (81) qu’on avait hésité à lui accorder : en effet, il fut imperator, puis triomphateur sans avoir parcouru le cursus des magistratures traditionnelles. L’entente ne régnait plus guère entre Pompée et Sulla quand ce dernier mourut (78). Mais Pompée demeura attaché au parti des nobles, défendit — provisoirement — l’œuvre de Sulla et défit devant Rome le proconsul Marcus Aemilius Lepidus, qui avait rallié le parti populaire et voulu provoquer une révolution (77).


Le pacificateur

Après avoir décimé ses adversaires politiques, Pompée obtint du sénat le commandement de la guerre en Espagne, où il combattit la révolte de Sertorius, général romain du parti de Marius, qui s’était créé en Espagne un véritable État, et aussi des survivants du parti de Lepidus, dont Marcus Ventus Perpenna. La guerre traîna en longueur, jusqu’au moment où Perpenna assassina Sertorius ; après quoi Pompée battit et tua Perpenna (72).

Il revint en Italie pour liquider les dernières bandes de Spartacus* et partager l’honneur de la victoire avec Marcus Licinius Crassus Dives (v. 115-53), ancien compagnon de Sulla et riche banquier. Pompée et Crassus furent élus consuls ensemble (70). Pompée fit voter la restauration de la puissance tribunicienne, dont Sulla l’avait privé. Ce faisant, il épousait — encore provisoirement — la cause populaire. Il demeura à Rome les années suivantes, puis découvrit que la possession d’un grand commandement militaire et d’une armée était nécessaire à la conservation du prestige et de l’autorité. Il demanda et obtint, non sans une sérieuse opposition du parti des nobles, des pouvoirs exceptionnels pour trois ans, afin de débarrasser la Méditerranée des pirates qui l’infestaient et qui, basés en Asie Mineure, avaient l’audace de venir opérer jusqu’aux abords de Rome, menaçant son ravitaillement (lex Gabinia, 67). Abondamment pourvu d’hommes et de vaisseaux, il dégagea rapidement la Méditerranée occidentale, puis les îles de la Grèce et alla attaquer les pirates dans leurs repaires de Cilicie. Il les battit sur mer et les établit à distance des côtes, par exemple à Soli, qui devint Pompeiopolis. La sécurité redonnée aux mers, ces territoires (Cilicie, Pamphylie) ouverts à l’activité des affairistes romains font partie des actes de Pompée qui l’ont fait accuser par Theodor Mommsen d’être l’homme de la classe équestre. Cette opinion est controversée.

Ces résultats lui valurent d’être chargé (lex Manilia, 66) de finir la guerre contre Mithridate VI* le Grand, guerre au cours de laquelle Lucius Licinius Lucullus (v. 106 - v. 57) avait eu des succès certains, mais s’était brouillé avec les trafiquants romains en limitant leurs opérations en Asie. En quelques années (66-62), Pompée parcourut l’Orient en pacificateur et en arbitre des rois. Il contraignit Mithridate VI à la fuite vers le royaume du Bosphore, prit à Tigrane le Grand, roi d’Arménie, ses conquêtes et captura son fils, battit les Ibères du Caucase et reçut les ambassades des rois les plus lointains. Déposant Antiochos XIII Asiatikos, dernier souverain séleucide, il réduisit la Syrie en province romaine (64). Un conflit dynastique en Palestine lui donna l’occasion d’intervenir : il assiégea le Temple de Jérusalem et pénétra dans le saint des saints, alla jusqu’à la mer Rouge et au Sinaï, et établit le protectorat romain (63). De là jusqu’au Bosphore, l’Asie était désormais au pouvoir de Rome, soit par annexion, soit par protectorat.


Le triumvir

En 62, Pompée rentra en Italie plus glorieux et plus puissant que jamais ; par un geste légal, mais inattendu, car la légalité, à cette date, commençait à surprendre les esprits, il licencia son armée. Pompée était peut-être trop honnête pour son époque, mais plus probablement vaniteux, voulant se faire offrir le pouvoir, tandis que César* le prenait sans façon. César était encore son ami, non ouvertement son rival, et c’est lui qui le tira d’embarras. Ainsi, maladroitement dépourvu d’armée, isolé, en hutte à l’hostilité du sénat, qui ne ratifiait pas ses actes en Asie, non suivi par le parti populaire, qui avait adopté César pour chef et, par-dessus tout, strictement dépourvu d’idées politiques, Pompée se trouva d’autant plus embarrassé qu’il lui fallait agir pour conserver l’appui de ses vétérans, de sa clientèle ancienne (Picenum) ou nouvelle (Asie). César se l’associa alors opportunément dans le triumvirat, le premier triumvirat qu’ils constituèrent avec Crassus, unissant ainsi le prestige militaire, l’autorité politique et la finance (60). Élu consul en août 60, il fit ratifier les actes de Pompée et attribuer des terres à ses vétérans, puis il partit pour la Gaule. Pompée, d’abord retiré dans sa villa d’Albe, dut intervenir à Rome, troublée par l’agitateur Publius Appius Clodius (93-52), et s’arranger avec Cicéron*, qu’il fit rappeler d’exil et qui le fit nommer préfet de l’annone (57). Il s’évertua à se concilier le peuple en lui distribuant du blé. Après l’entrevue de Lucques (56), qui confirma l’entente triumvirale, un véritable partage du monde romain fut fait, qui attribuait le consulat et le gouvernement des deux Espagnes à Pompée. Pourvu ainsi d’une armée, mais restant à Rome, tandis que César était en Gaule et Crassus en Orient, Pompée disposait d’un grand pouvoir (52). Il construisit alors un théâtre de pierre de 40 000 places, au champ de Mars, et y donna des jeux somptueux.