Pompée (suite)
L’allié du sénat
Mais la mort de Crassus en Orient (53), les désordres qui se poursuivaient à Rome, en partie du fait de Clodius, lui firent sentir la nécessité d’agir. Pompée se rapprocha du sénat, qui lui confia la mission de rétablir l’ordre. Il se laissa entraîner dans le parti sénatorial, opposé aux populaires, faisant ainsi prendre une tournure concrète à la rivalité inéluctable qui devait l’opposer à César. Restait à celui-ci le problème de conserver sa puissance, c’est-à-dire magistrature et soldats. En vertu d’une vieille loi remise en vigueur et qui lui interdisait de faire acte de candidature au consulat, sans venir à Rome, et donc se séparer de ses troupes, César n’avait que deux solutions : renoncer à sa force armée, ce qui était un gros risque, ou... franchir le Rubicon (49), c’est-à-dire compter sur ses soldats et ne plus se soucier des formes légales. C’était alors donner à Pompée le droit de le combattre ouvertement. Pompée ne crut que trop tard à la résolution de César. Assez démuni de troupes, il s’enfuit avec tous les nobles, s’embarqua à Brindes (auj. Brindisi). Au bout d’un peu plus d’un an d’une guerre qui se déroula essentiellement dans la péninsule balkanique, il fut complètement vaincu à Pharsale, en Thessalie (9 août 48). Il s’enfuit à Lesbos, puis en Pamphylie et essaya de se réfugier en Égypte, où il fut assassiné par traîtrise (28 sept. 48). César fit mettre à mort les assassins. Le parti de Pompée lui survécut, et son alliance tardive avec le sénat lui valut la renommée posthume d’un défenseur de la légalité républicaine (Pharsale de Lucain).
Sextus Pompée
En lat. Sextus Pompeius Magnus, fils du grand Pompée (75 - Milet 35 av. J.-C.).
Bénéficiaire de la remarquable fidélité patriotique (pietas) des amis du grand Pompée, Sextus poursuivit la lutte contre César, comme son frère Cneius, qui perdit la bataille de Munda, en Espagne (45). Avec un groupe de partisans, il se rendit maître d’une partie de l’Espagne, puis fut autorisé à rentrer à Rome et récupéra le patrimoine familial. Antoine fit appel à lui et lui donna le commandement de la flotte. Au contraire, Octave l’inscrivit parmi les proscrits. Mais Sextus avait une flotte d’autant plus importante qu’il avait pu s’offrir personnellement des navires. De nouveau privé de son patrimoine, il se fit pirate pour subsister. Les hauts faits paternels en, Méditerranée lui valaient un grand prestige auprès des marins, et les proscrits et les fugitifs se mirent à son service. Il put ainsi utiliser sa maîtrise de la mer pour prendre la Corse, la Sardaigne, et la Sicile, ce qui lui permettait d’arrêter le ravitaillement de Rome. Le peuple, exaspéré, contraignit les triumvirs à reconnaître sa puissance de fait par le traité de Misène (39). Mais les clauses ne furent pas exécutées. Sextus Pompée fut trahi, attaqué, battu sur mer par Agrippa* à Nauloque (36). Il fut capturé et mis à mort alors qu’il tentait de gagner l’Arménie.
R. H.
➙ César / Marius / Mithridate VI / Rome / Sulla.
J. Van Ooteghem, Pompée le Grand, bâtisseur d’empire (Palais des académies, Bruxelles, 1955). / W. S. Anderson, Pompey, his Friends and the Literature of the First Century BC (Berkeley, 1963).