Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pompée (suite)

L’allié du sénat

Mais la mort de Crassus en Orient (53), les désordres qui se poursuivaient à Rome, en partie du fait de Clodius, lui firent sentir la nécessité d’agir. Pompée se rapprocha du sénat, qui lui confia la mission de rétablir l’ordre. Il se laissa entraîner dans le parti sénatorial, opposé aux populaires, faisant ainsi prendre une tournure concrète à la rivalité inéluctable qui devait l’opposer à César. Restait à celui-ci le problème de conserver sa puissance, c’est-à-dire magistrature et soldats. En vertu d’une vieille loi remise en vigueur et qui lui interdisait de faire acte de candidature au consulat, sans venir à Rome, et donc se séparer de ses troupes, César n’avait que deux solutions : renoncer à sa force armée, ce qui était un gros risque, ou... franchir le Rubicon (49), c’est-à-dire compter sur ses soldats et ne plus se soucier des formes légales. C’était alors donner à Pompée le droit de le combattre ouvertement. Pompée ne crut que trop tard à la résolution de César. Assez démuni de troupes, il s’enfuit avec tous les nobles, s’embarqua à Brindes (auj. Brindisi). Au bout d’un peu plus d’un an d’une guerre qui se déroula essentiellement dans la péninsule balkanique, il fut complètement vaincu à Pharsale, en Thessalie (9 août 48). Il s’enfuit à Lesbos, puis en Pamphylie et essaya de se réfugier en Égypte, où il fut assassiné par traîtrise (28 sept. 48). César fit mettre à mort les assassins. Le parti de Pompée lui survécut, et son alliance tardive avec le sénat lui valut la renommée posthume d’un défenseur de la légalité républicaine (Pharsale de Lucain).

Sextus Pompée

En lat. Sextus Pompeius Magnus, fils du grand Pompée (75 - Milet 35 av. J.-C.).

Bénéficiaire de la remarquable fidélité patriotique (pietas) des amis du grand Pompée, Sextus poursuivit la lutte contre César, comme son frère Cneius, qui perdit la bataille de Munda, en Espagne (45). Avec un groupe de partisans, il se rendit maître d’une partie de l’Espagne, puis fut autorisé à rentrer à Rome et récupéra le patrimoine familial. Antoine fit appel à lui et lui donna le commandement de la flotte. Au contraire, Octave l’inscrivit parmi les proscrits. Mais Sextus avait une flotte d’autant plus importante qu’il avait pu s’offrir personnellement des navires. De nouveau privé de son patrimoine, il se fit pirate pour subsister. Les hauts faits paternels en, Méditerranée lui valaient un grand prestige auprès des marins, et les proscrits et les fugitifs se mirent à son service. Il put ainsi utiliser sa maîtrise de la mer pour prendre la Corse, la Sardaigne, et la Sicile, ce qui lui permettait d’arrêter le ravitaillement de Rome. Le peuple, exaspéré, contraignit les triumvirs à reconnaître sa puissance de fait par le traité de Misène (39). Mais les clauses ne furent pas exécutées. Sextus Pompée fut trahi, attaqué, battu sur mer par Agrippa* à Nauloque (36). Il fut capturé et mis à mort alors qu’il tentait de gagner l’Arménie.

R. H.

➙ César / Marius / Mithridate VI / Rome / Sulla.

 J. Van Ooteghem, Pompée le Grand, bâtisseur d’empire (Palais des académies, Bruxelles, 1955). / W. S. Anderson, Pompey, his Friends and the Literature of the First Century BC (Berkeley, 1963).

Pompéi

Site archéologique d’Italie, près de la ville moderne du même nom et du Vésuve.



L’histoire

L’histoire de cette ville romaine subitement détruite par une éruption du Vésuve remonte au viiie s. av. J.-C. : à cette date existait un village de pêcheurs et d’agriculteurs osques. Aux viie-vie s., l’influence grecque, sinon la domination, s’y fit sentir. De cette époque date un temple dorique. Après une période d’une possible soumission aux Étrusques, l’influence grecque, exercée par les villes voisines de Naples et Cumes, se manifesta de nouveau. Ce moment, qui se situe au ve s., correspond sans doute à la construction des remparts et à l’extension de l’agglomération vers le nord (région VI). Ce siècle connut une invasion samnite de courte durée, mais qui laissa quelques traces positives. Une alliance avec Rome pourrait avoir été conclue dès le ive s., précédant l’occupation romaine. Révoltée contre Rome, à l’époque de la guerre sociale, Pompéi fut assiégée et prise par Sulla (89). Dans les années qui suivirent, une colonie y fut établie, et l’on y construisit une bonne partie des édifices publics : l’odéon, l’amphithéâtre.

La ville provinciale prospéra grâce à une paix qui s’accentua avec l’avènement de l’Empire. Elle n’apparaît guère que trois fois dans les récits historiques. Une première fois en 59 apr. J.-C., quand une querelle éclata à l’amphithéâtre entre les Pompéiens et les habitants de la voisine Nuceria Alfaterna (auj. Nocera Inferiore), fit un bon nombre de morts et attira sur Pompéi les foudres impériales. Une deuxième fois en 62 ou en 63, quand un tremblement de terre dévasta une grande partie de la ville. Enfin, la reconstruction n’était pas encore achevée quand arriva la catastrophe de 79, l’éruption du Vésuve, dont l’écrivain Pline le Jeune a fait la description détaillée. Pompéi fut anéantie en même temps qu’Herculanum et Stabies (v. Campanie). L’analyse stratigraphique de l’épaisse couche de matériaux volcaniques qui recouvrit d’un véritable manteau les ruines de la ville complète utilement les observations de Pline. C’est en quelques heures que la ville fut submergée par un mélange de cendres incandescentes et de gaz qui asphyxièrent les quelques habitants qui n’avaient pas suivi l’exode auquel les grondements prémonitoires du volcan invitaient la population.


L’archéologie

Quand le sol fut refroidi, des habitants revinrent creuser sur les lieux de leur habitation pour exhumer quelque trésor qu’ils n’avaient pu emporter. Des pillards vinrent aussi. On fouilla encore quelque peu aux iie et iiie s., puis on oublia le site, qui fut abandonné aux cultures pour de longs siècles. Au xviiie s., on entreprit des fouilles destinées à trouver des œuvres d’art. (À cet égard, on eut plus de succès à Herculanum.) Au xixe s., le travail devint plus systématique et plus scientifique, et le déblaiement progressa quartier par quartier. Au cours du xxe s., le travail connut des périodes de ralentissement sévère, mais les progrès des techniques archéologiques firent encore évoluer les méthodes. Celles-ci sont aujourd’hui plus minutieuses que jamais.