Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

pomme de terre (suite)

À l’extrémité des tiges apparaissent, à une époque variable selon les variétés, des inflorescences en cyme, qui peuvent être abondantes (Ker Pondy), rares (Bintje) ou pratiquement nulles (Belle de Fontenay). Le fruit est une baie sphérique verte, quelquefois violacée, qui peut contenir plusieurs centaines de graines. Ces graines sont utilisées pour la création de variétés nouvelles (chacune d’elles donnant une variété différente). Le hasard peut, parfois, déterminer dans ces conditions une variété digne d’intérêt, mais c’est une méthode simpliste qui n’est guère utilisée que par les amateurs. Les obtenteurs professionnels exploitent systématiquement les lois et les techniques de la génétique, et ils procèdent par hybridation ou croisement entre deux ou plusieurs variétés choisies pour leurs caractères ou leurs aptitudes respectives. Plus de cent variétés, classées selon leur utilisation et leur précocité, sont actuellement inscrites au catalogue français. Citons :

• les variétés de consommation à chair ferme :
précoces (Belle de Fontenay),
demi-précoces (B. F. 15),
demi-tardives (Roseval, Rosa) ;

• les variétés de consommation :
précoces (Sirtéma, Ostara, Béa),
demi-précoces (Bintje),
demi-tardives (Ker Pondy) ;

• les variétés féculières (Darésa, Maritta, Ultimus).

La pomme de terre peut être cultivée dans des sols très variés, mais, en raison de son système radiculaire très développé, il est préférable de lui réserver des sols meubles et profonds. Les terres silico-argileuses humifères, dont le pH est compris entre 6,5 et 5, sont celles qui lui conviennent le mieux, non seulement du point de vue de la production, mais aussi de celui de la qualité gustative.


Les techniques culturales

Cultivé de façon intensive, avec un maximum de soins, la pomme de terre est une excellente « tête de rotation » et constitue un précédent très recherché, notamment pour le blé.

Afin de permettre le développement des racines et le grossissement aussi régulier que possible des tubercules, la terre doit être suffisamment ameublie en profondeur (de 18 à 20 cm). Les besoins en éléments nutritifs sont particulièrement importants lorsque la tubérisation est active ; l’absorption est dominante en azote et surtout en potasse. La matière organique, qui exerce une action très favorable sur la structure du sol et augmente la capacité de rétention de l’eau, tout en régularisant la nutrition des plantes, doit être apportée de préférence sous forme dé fumier bien décomposé et suffisamment tôt pour éviter les inconvénients d’une décomposition irrégulière et d’une minéralisation trop tardive de l’azote organique. La fumure minérale s’utilise en fonction du climat, de la nature du sol et de sa richesse, du précédent, de la fumure organique, de la précocité de la variété et de la spéculation entreprise (plant, primeur, consommation, féculière).

Les chiffres moyens suivants peuvent servir de base de calcul (en kilogrammes par hectare) :


Dans la pratique, on est amené à apporter des fumures minérales supérieures aux besoins (en acide phosphorique surtout) et à « surfertiliser » les cultures de primeurs.

La localisation de tout ou partie de la fumure est intéressante pour les variétés précoces et dans les sols pauvres.

La plantation est effectuée mécaniquement soit avec des planteuses à alimentation manuelle, soit avec des planteuses à alimentation automatique. La pomme de terre pouvant être atteinte de viroses, maladies contagieuses et héréditaires, transmissibles par contact ou par insectes vecteurs, il est indispensable de ne planter que des semences sélectionnées ou officiellement contrôlées, calibrées en millimètres. Le choix du calibre et du peuplement est essentiellement fonction du type de spéculation ; les gros plants et les densités de plantation supérieures à 45 000 pieds à l’hectare sont à rechercher pour la production du plant ; par contre, les petits plants et les densités de l’ordre de 30 000 à 35 000 pieds à l’hectare sont à conseiller pour les cultures de consommation. Avant la plantation, des traitements fongicides dirigés contre le rhizoctone et la gale argentée, maladies cryptogamiques transmises par le tubercule de semence, peuvent être réalisés par trempage, poudrage ou fumigation. Depuis l’utilisation des herbicides de prélevée (monolinuron, linuron, métobromuron, métribuzin, etc., et leurs associations), ces façons culturales sont réduites au minimum ; seul un butage complémentaire peut être envisagé lorsque les touffes de pommes de terre ont environ 10 à 15 cm de hauteur. En cours de végétation, il est souvent nécessaire d’effectuer des traitements pesticides contre les doryphores et surtout contre le mildiou (bouillies à base de manèbe et de mancozèbe). Préalablement à l’arrachage, la destruction des fanes, rendue obligatoire pour les cultures de plants du fait qu’elle réduit les risques de contamination tardive par les viroses, se généralise à tous les autres secteurs de production, car elle permet aussi d’éviter la pollution des tubercules par les spores de mildiou en fin de végétation et facilite la récolte mécanique. Les produits défanants les plus utilisés sont le chlorate de soude et les colorants nitrés.

Très exigeante en main-d’œuvre, la récolte de la pomme de terre est maintenant presque entièrement mécanisée. Les machines peuvent être classées en deux catégories :
— les arracheuses ramasseuses-trieuses, munies des organes fondamentaux (soc arracheur, chaînes cribleuses, effaneur, tablier évacuateur), mais aussi d’un ensemble épierreur-émotteur et d’une table de visite servie par deux à cinq personnes ;
— les arracheuses ramasseuses simplifiées, qui ne possèdent pas ces derniers organes et sont à réserver aux terres franches, exemptes de pierres et de mottes.

La pomme de terre n’étant pas utilisée immédiatement en totalité, il est nécessaire de la stocker et de la conserver à l’état frais pendant plusieurs mois. Qu’il s’agisse de plants ou de pommes de terre de consommation, les difficultés sont à peu près semblables.

J.-C. C.