Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Poméranie (suite)

D’un côté se trouve le duché, qui, dès 1181, étant vassal du Brandebourg, se trouve vassal de l’Empire ; ce n’est qu’en 1529 qu’il deviendra immédiat. Pendant de longs siècles, il connaît toute une série de partages et de regroupements, et il se trouve en conflit avec ses voisins et certaines de ses villes ; parfois émerge une personnalité de premier plan, tel Bogusław X à la fin du xve s. (1478-1523) ; les villes, appartenant presque toutes à la Hanse baltique, sont prospères (Stralsund, Greifswald, Szczecin/Stettin) ; la noblesse, relativement peu nombreuse, joue un rôle de premier plan dans le plat pays, et il semble que ce soient ces deux états (noblesse et bourgeoisie) qui aient maintenu une certaine unité du duché. Pendant ce temps, la région orientale, est l’enjeu de la lutte entre la Pologne et l’ordre Teutonique (soutenu parfois par le Brandebourg) ; elle devient définitivement polonaise en 1466, la ville de Gdańsk jouissant d’une certaine autonomie et l’ensemble étant réuni avec les terres de Prusse (à l’est de la Vistule) dans une entité administrative appelée Prusse royale.

Au xviie s., le duché ainsi que la Poméranie polonaise sont exposés à l’impérialisme suédois ; après la mort, en 1637, du dernier duc poméranien Bogusław XIV, la Suède paraît s’installer définitivement dans toute la Poméranie occidentale, mais, en 1648, le pays est partagé entre elle et le Brandebourg, qui doit se contenter d’une partie relativement pauvre, entre l’Oder et la frontière polonaise ; la tentative suédoise de s’emparer de la Poméranie polonaise échoue au xviie s. Progressivement, c’est le Brandebourg qui prend la relève de la Suède (1720, annexion des bouches de l’Oder) et de la Pologne (1772, annexion des bouches de la Vistule, à l’exception de Gdańsk, qui n’est annexée qu’en 1793). En 1815, après avoir été occupée par la France, la Poméranie suédoise devient prussienne et est partagée en districts (Regierungsbezirke). L’ensemble du littoral est prussien jusqu’en 1919 ; le développement économique se fait lentement, sauf dans les ports (Stettin et Dantzig), avec les chantiers et dans certaines villes de l’intérieur (bois, industries alimentaires). La grande propriété reste de règle.

En 1919, la Poméranie orientale redevient en partie polonaise, le reste étant prussien, tandis que, sur la frontière, les Allemands constituent une amorce de réannexion autour de Schneidemühl (Piła) par la constitution de la Grenzmark Posen-Westpreussen (1922-1938). En 1944-45, de dures batailles sont livrées entre Vistule et Oder par les armées russes et polonaises ; les territoires à l’est de l’Oder deviennent polonais, et la frontière franchit l’Oder pour couper la lagune de Szczecin et l’île d’Uznam (Usedom).

Les principales villes sont des ports (Stralsund et Greifswald en R. D. A., Szczecin et Gdynia-Gdańsk en Pologne) ; ce sont des centres industriels, culturels (chacune de ces villes, sauf Stralsund, possède une université) et commerciaux, en liaison avec la Scandinavie. La R. D. A. et la Pologne cherchent à donner à leur littoral baltique un développement économique nouveau, tout en aidant les villes de l’intérieur, Stargard, Koszalin, Słupsk notamment, à devenir des cités industrielles. Certains districts sont réservés au tourisme (ainsi le pays des Kachoubes, chanté par (Günter Grass, au sud-ouest de Gdańsk), ce qui ne va pas sans problèmes, surtout à cause de l’afflux de Scandinaves.

J.-B. N.

➙ Allemande (République démocratique) / Gdańsk / Pologne / Prusse / Szczecin.

pomme de terre

Plante (Solanum tuberosum Linné) originaire de l’Amérique du Sud, appartenant à la famille des Solanacées.


Elle fut introduite en Europe au xvie s. Aujourd’hui, elle est cultivée dans le monde entier, et ses tubercules constituent un élément primordial de la nourriture humaine.

En France, elle représente un revenu brut de plus de 1 milliard de francs, soit 1,6 p. 100 des recettes agricoles totales. D’après le recensement général de l’agriculture (1970-71), les superficies couvrent plus de 300 000 ha, ainsi répartis selon les différents secteurs de production :

Les principales régions de production sont, par ordre d’importance : Bretagne, Picardie, Nord, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, pays de la Loire, Auvergne, Aquitaine. La pomme de terre de primeurs est surtout localisée en Bretagne et en Provence-Côte d’Azur.

La consommation annuelle moyenne par habitant s’élève à 77 kg (12 en primeur et 65 en conservation). L’utilisation sous forme de produits transformés (chips, purée, frites congelées), en hausse continuelle depuis plusieurs années, n’atteint encore que 7 p. 100 de la consommation totale.


La plante et son milieu

La pomme de terre est une dicotylédone pérennante, considérée comme annuelle en culture, et qui se reproduit par boutures (tubercules). Le tubercule est issu du stolon par hypertrophie de son bourgeon apical et possède toutes les caractéristiques anatomiques d’une tige. À l’un de ses pôles, dénommé talon, se situe le point d’attache du stolon ; à l’autre, dit couronne, se trouvent insérés en spirale les bourgeons, encore appelés yeux. Ces derniers émettront des germes lorsque les circonstances seront favorables à la croissance (température supérieure à 10 °C). Le germe est une pousse trapue plus ou moins pileuse et pigmentée, à partir de laquelle pourront se développer un réseau dense de racines adventives, puis l’appareil aérien sous forme de tiges, de rameaux et de feuilles. Simultanément, les bourgeons souterrains donneront naissance aux stolons ; ceux-ci, au bout d’un certain temps, se renfleront à leur extrémité et différencieront des ébauches de tubercule.

La formation des tubercules dépend de phénomènes complexes, où interviennent l’âge physiologique du tubercule de semence, la réaction de la plante à la longueur du jour (photopériode) et à la température (thermopériode). Cette action se manifeste aussi sur la croissance de la plante, son rendement et sa longévité.